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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Le frère aîné

Bernard n'est qu'un tout petit garçon, mais c'est un frère aîné. Cela en dit assez : pas une de ses actions qui n'atteste, en effet, que si le droit d'aînesse est abrogé, le devoir d'aînesse demeure vivant et impérieux.
A peine sait-il rouler sur ses courtes jambes, le Dadou enfreint les lois. Il passe par-dessus les arceaux qui bordent la pelouse, la pelouse du « Lustembourg », et le voilà qui s'ébroue dans l'herbe rase, sans souci du garde à l'oeil courroucé.
Bernard, lui, connaît le garde et le redoute. La vue des gros sourcils gris suffit à lui faire prendre une fuite prudente, même quand il a la conscience parfaitement tranquille. La témérité de son frère le remplit d'angoisse. De toutes ses forces, il rappelle Dadou-chien-fou qui, non content d'attenter à l'ordre établi, se signale à l'oreille de la police par une chanson endiablée. Que doit faire Bernard ? Minute cornélienne. Il sait que le garde, toujours présent, comme Jupiter dans les nuées, va surgir tout à coup au tournant d'un bosquet et manifester sa puissance. Il sait cela, mais il n'hésite pas une seconde. Sous le regard attentif, sympathique, apitoyé d'une grande foule assemblée autour de la pelouse comme autour d'une piste de cirque, il pénètre à son tour dans l'herbe et vole au secours de son frère. Il l'empoigne, le tire, le renverse : « Viens, Zazou ! Viens, Zazou ! » Le tout petit résiste ; il se trouve bien, il entend persévérer dans le mal. Rouge, éperdu, sanglotant, Bernard le traîne. Son parti est bien pris. Que le garde arrive ! Le frère aîné ira jusqu'au bout de son devoir. Le sacrifice est consommé. Plutôt mourir qu'abandonner l'innocent.
Roulé, tiré, voici donc le Dadou de retour dans l'allée. Il est content de son expédition. Il rit aux éclats. Le frère aîné sanglote encore :il a eu si grand'peur. Le devoir est terrible, mais c'est le devoir. Il recommencera demain, ce soir même s'il le faut.
Un jour, en jouant, Zazou s'est fendu le sourcil contre l'angle d'un meuble. Nous nous empressons autour du petit blessé. Le pansement fini, je cherche le frère aîné. Oh ! pour lui parler un peu : sa responsabilité est nulle dans cette affaire.
Il n'est, sans doute, pas de mon avis. Il a, dirait-on, le remords de n'avoir pu conjurer l'accident. Il s'est caché sous son lit…
Je le connais, ce sentiment du frère aîné. Ne l'ai-je point éprouvé ? Ne l'éprouvé-je point encore ? Quand j'étais enfant et que les hasards du jeu jetaient la discorde dans notre petit monde, j'aimais encore mieux trouver mon frère Victor, mon cadet, dans le clan de mes adversaires enfantins, que de le voir persécuté à mon côté. Oui, je préférais sa trahison à sa souffrance. J'avalais mes larmes en songeant :« Du moins, il n'est pas malheureux, du moins il n'est pas seul et battu, petit comme il est. »









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