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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURLes abonnés ont la parole : Une grand-maman face à la contestation Du passionnant livre du pasteur Boegner (« L'exigence oecuménique », éd. Albin Michel, 25,50 fr.), je voudrais détacher les lignes suivantes : « Il ne faut pas condamner les jeunes générations qui s'éloignent des Eglises ni ceux qui, au milieu d'elles, tentent d'édifier, sur les ruines dont ils sont en partie les fauteurs, des communautés nouvelles, de les dresser, non plus là où tant de créatures humaines ne font guère que dormir et parfois manger, mais aux lieux où les hommes travaillent, qu'ils soient étudiants, ingénieurs, agents des entreprises publiques ou privées, ou ouvriers. Il faut les écouter, essayer de les comprendre « par le dedans» et, plus que tout, les aimer. » (p. 308). Ces lignes sont à rapprocher du rapport fait par le directeur d'un institut privé pour jeunes gens, paru dans le Schweizer Erziehungs-Rundschau (septembre 1968). « Je suis persuadé que la grandeur de notre mission réside dans le fait que l'éducation restera un art dans lequel l'intuition, le don, le coeur, continueront à jouer un rôle primordial… Ma devise pédagogique ne s'est pas modifiée en un quart de siècle : mieux connaître pour mieux comprendre, mieux comprendre pour mieux aimer, mieux aimer pour mieux aider. » Quarante années séparent ces deux hommes, et cependant le vieillard près du terme de sa course et l'homme dans la force de l'âge nous révèlent le même secret de vie : surtout aimer. Pourquoi faut-il que tant de gens âgés deviennent amers, incompréhensifs, indignés et vitupérants, devant l'attitude des jeunes ? Pas plus que quiconque je n'aime les cheveux longs et bouclés des garçons et les mini-mini-jupes des filles. Souvent je voudrais pouvoir leur donner un beau savon parfumé pour leur anniversaire… Mais cet aspect extérieur et souvent déplaisant ne doit pas nous empêcher de comprendre l'angoisse d'une jeunesse désorientée à laquelle on a enlevé toute boussole. Le même éducateur cité plus haut écrivait : « Le seul reproche valable que peuvent nous adresser les jeunes, c'est de leur avoir enlevé tout ce à quoi ils pouvaient se raccrocher. » Accusation terrible portée contre notre génération ! Comment osons-nous encore regarder des jeunes en face ? Notre longue vie n'a-t-elle eu pour résultat que d'enlever aux jeunes l'appui dont ils ont tant besoin ? Il me semble au contraire que c'est le privilège de l'âge que de donner aux jeunes ce sentiment d'être aimés sans lequel la vie perd son sens. Qu'ils ne trouvent auprès de nous ni indulgence mièvre, ni sèche condamnation : mais un amour lucide, une compréhension « par le dedans ». Ce que les jeunes attendent des « croûlants » que nous sommes, ce n'est pas, avant tout, une discussion de leurs idées, c'est la possibilité de partager leurs idées, de les exposer franchement dans toute leur crudité, parfois même dans toute leur naïveté, étant sûrs de trouver toujours auprès de nous l'amour qui comprend. Exprimée autrement, comme elle demeure vraie la remarque de cette toute petite fille :« Oui, grand-maman, je sais que je suis très sotte, mais cela ne fait rien du tout parce que je sais que tu m'aimes quand même. » Et c'est cette certitude que nous pouvons donner. Sûrs d'être aimés « quand même », les jeunes aborderont plus vaillamment et plus objectivement les situations difficiles et les problèmes angoissants qui les attendent. Mais pour aimer, pour comprendre « par le dedans », il faut avoir le temps. On ne peut que difficilement aimer « en vitesse », comprendre à la seconde. C'est souvent là que se pose un problème pour les parents actuels (pour les pères surtout), harcelés par les obligations de la vie. Pour certains d'entre nous, le problème est autre : nous avons trop de temps car nous ne pouvons plus agir. Dans les meilleurs cas, même si nos forces nous permettent encore une action extérieure, nous ne courons plus, nous avons le temps, le temps d'aimer, le temps d'écouter et de comprendre. C'est un de nos grands privilèges. Pour sauter haut, il faut partir d'un tremplin solide ; puisse notre amour être ce tremplin. Alors notre vieillesse sera illuminée et « la crainte et les gémissements s'enfuiront ». |
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