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Autorité et sanctions

Cette question des sanctions est une de celles qui inquiètent le plus les parents modernes soucieux de bien faire. En effet, on a tant écrit sur elles - et tant de sottises - qu'ils n'osent plus se référer aux critères de leurs parents (ce qui souvent est un bien, mais les trouble beaucoup), mais non plus suivre leur propre bon sens (et c'est dommage) de peur de ces fameux complexes dénoncés par Freud. Cette mauvaise interprétation de la psychologie freudienne a été symbolisée par l'éducation américaine caricaturée par les Français… un peu gênés, sans doute, d'avoir été si lents à admettre Freud et, pour cette raison, agressifs contre ceux qui les avaient devancés. On a beaucoup dit, beaucoup écrit, beaucoup ri de cette pseudo-éducation d'Outre-Atlantique. Elle a, c'est vrai, fabriqué une génération d'enfants odieux, mais qui, tout le monde le reconnaît, ont cependant donné des adultes conscients de leurs responsabilités de citoyens et respectueux des opinions des autres. J'aime beaucoup cette histoire américaine qui remet les choses en place et vaut tout un chapitre de psychologie :

Kenneth, 4 ans, découvre le rayon des jouets dans un grand magasin. Il a touché tout ce qu'il a pu, pour s'installer finalement dans un spoutnik où il se trouve très bien. Sa maman essaie de l'en faire descendre :« Tu sais bien, mon chéri, ce n'est pas à toi. C'est au magasin. Je ne peux te l'acheter aujourd'hui, nous reviendrons. Ta grande soeur va sortir de l'école, nous sommes pressés ». Kenneth est sourd à ces arguments, trop intéressé par les manettes, les petites lumières qui s'allument. Le vendeur est venu à la rescousse de la mère avec le même succès. Au bout d'un quart d'heure, il se frappe soudain le front. Mais nous avons un psychologue dans la maison. On va l'appeler. Il ne risque pas de heurter ce petit chéri. Il est très compétent. Le dit psychologue survient au bout d'un moment et, au courant de la situation, se penche vers l'enfant et tout doucement lui chuchote deux ou trois phrases. L'effet est instantané : notre Kenneth est en bas. Et la mère et le vendeur de s'extasier :- Cette psychologie, quelle science efficace. C'est inouï. Timidement, la mère ose demander :-« Pourrais-je savoir, Monsieur, si ce n'est pas indiscret, les mots magiques que vous avez utilisés ?»- Oh ! c'est bien simple, madame, j'ai dit à votre petit garçon : Descends tout de suite, si tu ne veux pas une paire de claques sur la fesse. »
Voilà de la psychologie bien comprise ! Un enfant de quatre ans qui fait un caprice n'a pas besoin d'autre chose. Mais plus le ton est calme, plus il fait de l'effet. Si on l'assortit de hurlements et de criailleries, celles-ci sont beaucoup moins efficaces, et elles provoquent l'opposition ou la ranceeur.
L'autorité est sécurisante pour l'enfant. Son absence est troublante et angoissante. De la même façon, les sanctions sont nécessaires. Elles aident considérablement l'enfant à retenir les interdictions qui sont normales quand on vit en société. Mais ces interdictions doivent constituer la partie mineure de l'éducation, qui doit être positive. Il s'agit de développer les qualités plus que de lutter contre les défauts. Mais la liberté de chacun est limitée par celle du voisin et cela l'enfant doit en prendre conscience assez rapidement. On l'y aide en le punissant. Il est certain aussi que les sanctions doivent être proportionnées à l'intention de la faute plus qu'à son résultat.
Combien de paires de claques sont le résultat des nerfs de maman ou de l'exaspération de papa et ont pour but, inavoué de détendre ceux qui les donnent plutôt que d'aider celui qui les reçoit ? L'attitude des parents, plus que des phrases, doit faire comprendre à l'enfant qu'ils le punissent parce qu'ils l'aiment. Cela leur coûte de devoir mettre à exécution la punition promise, mais c'est pour son bien. Ce n'est pas à dire : l'enfant doit le percevoir.
En ce domaine non plus, il n'y a pas de recette, mais un esprit qui peut se résumer en cinq ou six phrases.
Les sanctions sont nécessaires à l'enfant qui en éprouve le besoin. Une bonne fessée vaut mieux qu'une privation de baiser le soir, ou une rancune qui dure de la part des parents. Une fois la punition donnée, on repart à zéro. Une sanction doit être proportionnée à l'intention de l'enfant qu'il s'agit évidemment de découvrir. Une sanction doit toujours être donnée à froid, dans le calme, mais rapidement. En effet, l'enfant, sous le coup d'une sanction en est angoissé ; il faut qu'elle arrive rapidement pour provoquer en lui la détente. Il est bon aussi que, dans sa mémoire, elle soit le plus proche possible de la faute si l'on veut provoquer le réflexe conditionné recherché. Enfin, il est absolument nécessaire que l'amour que l'on porte à l'enfant reste et demeure inconditionnel. Nous avons tous le souvenir de ses trop nombreux « Tu es vilain, je ne t'aime plus » qui nous plongeaient, tout petits, dans des abîmes de désespoir, « non seulement je suis malheureux parce que pas en harmonie avec moi-même, mais voilà que maman ne m'aime plus. A quoi donc me raccrocher ? »
Je ne peux m'empêcher de penser que des phrases de ce genre, même prononcées légèrement, sont criminelles et que les parents dignes de ce nom se doivent d'en demander pardon à leurs enfants en leur expliquant que bien sûr ce n'était pas vrai… Ils le diront même facilement, ensuite. Mais le seul fait d'avoir pu le prononcer, n'est-ce pas déjà un crime contre l'amour ? Et n'est-ce pas méconnaître absolument cette fragilité merveilleuse et cette confiance totale du petit enfant qui nous rendent tout puissants à ses yeux et capables de tout, et même de ne plus l'aimer ?









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