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Trois formes de liberté

« Les parents jeunes »

Lorsque des adolescents que j'interroge à ce sujet me déclarent que leurs parents sont restés jeunes, cela signifie toujours que ceux-ci sont demeurés ouverts à tout ce qui différencie la façon de vivre de leur génération de la façon de vivre de leurs enfants. Et cette « jeunesse » des parents ainsi considérée comporte toujours comme réponse une attitude confiante de la jeune génération, c'est-à-dire de leurs enfants et des amis de leurs enfants.
Climat de dialogue ouvert où chacun des protagonistes est disposé à reconnaître qu'il y a de bonnes choses à prendre partout : tant dans l'expérience des parents (pourvu qu'elle soit valable) que dans l'intérêt porté par les jeunes à ce qui est ou qui leur semble nouveau.

La fameuse liberté

Les jeunes me parlent souvent de liberté : tant et si bien que c'est souvent par cette question que j'amorce un dialogue avec un moins de vingt ans (et plus de 14) :« Trouves-tu que tes parents te laissent une liberté normale par rapport à ton âge et aux camarades du milieu dans lequel tu es élevé? »
La réponse est toujours instructive, parce qu'elle m'éclaire assez vite sur ce que mon jeune interlocuteur appelle « liberté » - et ceci me renseigne bientôt sur son réel degré de maturité.
Examinons ceci d'un peu plus près.

Ses trois formes

I. Pour certains, le mot liberté signifie seulement « qu'on leur fiche la paix »- elle traduirait le non-interventionnisme des parents, ou leur accord systématique et de principe avec tous les voeux de leur rejeton. Elle signerait une abdication pure et simple, et prématurée, de l'autorité et de la responsabilité parentales. Cette « émancipation », légale à 21 ans, ou avec l'accord des parents à 18 ans, ne l'est jamais auparavant. Les parents demeureraient responsables sans disposer de l'autorité nécessaire à l'exercice de cette responsabilité : comprenez donc qu'il y a quelque chose qui ne va pas…

II. Pour d'autres, et c'est plus intelligent, la liberté revendiquée porte sur certains domaines, assez bien définis : liberté de voir des amis, liberté de sortir, de faire du sport, de la danse, de lire, de camper, que sais-je encore !… Si la revendication demeure dans des limites raisonnables et que les libertés accordées soient utilisées de manière convenable et ne perturbent pas sévèrement la vie familiale, tout est bien admissible ; ce qui veut dire qu'il n'y a pas de limites bien définies.

III. Pour d'autres enfin, ils réclament une liberté de pensée qu'on ne saurait leur refuser sous aucun prétexte : le droit d'avoir leur conception sur les choses de la vie, leurs goûts propres, leurs intérêts particuliers ; et que ces choses qui émanent d'eux ne soient pas l'objet d'une critique systématique de la part de leurs parents. Tout au plus peut-on leur demander de veiller que ces manifestations de leur personnalité ne revête pas la forme agressive ou vexante pour ceux qui ne pensent pas comme eux : tolérance qu'on est en droit de leur demander, en échange de la propre tolérance qu'on leur accorde.

Chaque fois que m'est donnée la possibilité de faire accorder des libertés que je juge utiles ou nécessaires, je demande au jeune, simplement, d'assumer la responsabilité de sa liberté : d'en faire quelque chose de bien pour lui et pour les autres. Tout au moins de chercher à y parvenir progressivement: car il va de soi que des erreurs seront commises qui réclameront des ajustements successifs.

La liberté de changer

L'immobilisme de certains parents se traduit par un reproche fait à l'adolescent « qui change ».
«Auparavant, tu étais obéissant et gentil… »
« Auparavant, tu n'avais pas besoin de tout ce que tu réclames maintenant… »
« Auparavant, tu ne t'intéressais pas tant aux garçons, ou aux filles, etc… »
A quoi l'on pourrait répondre :
« Auparavant, il ne buvait que le lait de sa mère ; auparavant, il donnait la main pour traverser la rue ; auparavant, il jouait au cow-boy, ou elle, à la poupée. »
Les parents ne doivent jamais oublier que le changement de leur enfants, en soi, est bonne chose : le tout est que ce changement s'opère dans la bonne direction et que, si possible, ils y coopèrent avec leur intelligence et leur amour.
Une certaine résistance opposée à leur changement n'est pas non plus, en soi, mauvaise chose : elle évite peut-être d'être trop vite blasé, comme on l'est en général, par ce que l'on obtient trop facilement. Et cette résistance oblige parfois les jeunes à ne pas confondre l'essentiel avec l'accessoire. Elle forme aussi leur esprit de lutte, lutte qui n'a pas besoin d'être agressive et revendicative.

Evolution ou révolution ?

Evolution, autant que possible, la révolution n'étant indispensable que devant le despotisme inintelligent. Est-ce bien nécessaire dans le sein d'une famille?
Si la révolution de 1789 était indispensable pour abolir un régime qui se survivait à lui-même depuis longtemps déjà, celle des coupeurs de tête était plus discutable, me semble-t-il. Et l'on pourrait en donner bien des exemples plus récents…
L'évolution d'un individu ne suit pas une ligne continue ; elle est faite de toute une suite de démarches et de contredémarches, laissant une certaine impression d'incohérence. Les parents qui ont accepté, plus ou moins facilement, l'apparition chez leurs enfants, d'intérêts inattendus, pour lesquels ils ont dû parfois se faire une certaine violence, sont complètement désarçonnés lorsqu'ils entendent déclarer trois ou six mois plus tard que « cela est une vieille affaire et qu'elle est dépassée », ou même que jamais leur enfant ne s'est intéressé à ceci ou à cela. Ils crient à la mauvaise foi, ou tout au moins à l'instabilité: « Tu ne sais pas ce que tu veux ». Et c'est une nouvelle cause de conflit ou d'éloignement entre les deux générations.
Or, comment l'adolescent pourrait-il évoluer, dans le court temps dont il dispose, s'il devait demeurer attaché à son opinion d'hier? Par suite d'une fidélité à quoi, je vous prie? Lorsque les jeunes adoptent pour un temps telle opinion, telle attitude, il n'entre dans leur intention aucun élément de durée, rien que de l'oportunisme : le jour où ils ne sont plus d'accord, ils en changent! Et pourquoi pas?

Le conflit est surtout affectif

L'opposition se situe souvent au niveau de l'opposition du mobile et de l'immobile, du muable et de l'immuable : à ce niveau, le conflit est affectif et non rationnel.
Il n'est pas facile aux parents de rencontrer chez leurs enfants de vifs intérêts pour des choses qui ne les ont jamais personnellement intéressés ; et, réciproquement, de les trouver indifférents à l'égard de choses qui les passionnèrent.

Neutralité souhaitable

Le plus sage, semble-t-il, est que les parents offrent à leurs enfants l'image des intérêts qui sont les leurs, sans la leur imposer le moins du monde : proposer, non imposer. Et dans cette gamme, que l'on peut espérer large et variée, les enfants retiendront certains éléments, et rejetteront d'autres. Est-il quelque chose de plus légitime ?
L'intérêt prononcé que mon père accordait à certaines périodes de l'histoire m'a laissé, d'abord, poliment indifférent. Ce n'est que plus tard que j'ai retrouvé en moi de semblables intérêts, plus exactement lorsque l'histoire à cessé d'être pour moi « cette matière scolaire » qui exigeait de moi de pénibles efforts de mémoire, non récompensés par un intérêt qui se faisait décidément attendre.
J'ai cherché, instinctivement, plus tard, à inculquer à mes enfants mon propre intérêt (quoique tardif) pour l'histoire : et je me suis heurté à une fin de non-recevoir, peut-être moins polie ! Qu'importe ! je ne désespère point qu'en fin de compte un phénomène semblable d'intérêt tardif se révèle à eux : je le leur souhaite car c'est une grande source de satisfaction quand on sait la goûter; et s'ils n'y goûtent jamais, les uns et les autres, ça n'a pas grande importance : ils auront tout simplement goûté à d'autres choses, dont la saveur me demeurera peut-être toujours étrangère… Mais pourquoi serait-ce une source de conflit?
On peut d'ailleurs constater que les parents qui savent s'intéresser à beaucoup de choses, et profondément, communiquent à leurs enfants leur capacité de s'intéresser plus que ce à quoi ils s'intéressent. Tout comme nos maîtres devraient, avant tout, savoir développer en nous la capacité de s'intéresser, de comprendre, d'analyser, de juger, peut-être même de se passionner, plutôt que de nous apprendre des choses. Comme disait Montaigne : « Plutôt la tête bien faite que bien pleine. »









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