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Extrait suggestif L'autre semblable

Paternité des sexes et transformations des rôles traditionnels.

Une très récente enquête de l'institut français d'opinion publique indique que la grande majorité des jeunes, garçons et filles, déclarent s'entendre mieux avec leur mère qu'avec leur père car, disent-ils, elle comprend mieux l'évolution et se passionne pour un avenir encore inconnu d'elle, à la création duquel elle aura part. Le père, souvent, se sent contesté, dépossédé, saturé de responsabilités et de risques, au moment où sa femme en découvre le prix. De ce fait, les enfants contestent la traditionnelle image paternelle, qui était essentiellement l'insertion sociale. Leur mère, aussi, travaille ; elle aussi vote… elle est de plus restée leur mère, celle qui les a enfantés et nourris, celle qui veille tendrement sur leur existence concrète, scolaire, affective. Elle risque d'apparaître celle qui répond à tout ce dont l'enfant a besoin : contact avec le monde et l'avenir, sécurité et tendresse, projets et compréhension.

Le père, lui, est rarement là. Il part tôt le matin et rentre tard le soir. Il croit de moins en moins à ses prérogatives et se replie trop souvent sur lui-même, surtout lorsque les conditions de vie le séparent en fait d'une famille qui ressent durement ou trop aisément son absence.

Dans la vie conjugale, l'homme n'a plus à ses côtés la nature sauvage et domestiquée, symbolisée par la femme-vie, mère, enfant et mythe. Lui qui fut, de longs siècles, seul sujet, habitué à vivre l'amitié avec des hommes, et l'amour avec un étrange petit animal dont il aimait à la fois l'irrationnel, la chair, les rêves et le risque encouru, découvre, en son vis-à-vis, une semblable deux fois déconcertante : sujet et « femme à part entière », et il s'irrite.

La femme rend la transformation de l'homme d'autant plus nécessaire et difficile que ses prétentions s'accentuent : elle refuse en effet de rester un animal charmant ou malfaisant destiné au jeu ou à l'écrasement, mais elle refuse aussi de devenir une camarade asexuée, copie de son ancien maître.

Une mutation difficile

Etre frères, amis, c'est relativement aisé et rassurant. Etre d'une autre race au sein d'une hiérarchie, l'un sujet, l'autre objet, l'un chef, l'autre soumis, c'est également sécurisant. Chacun connaît son rôle et celui du partenaire. Il n'y a pas d'inconnu qui puisse déconcerter fondamentalement.
Dans un couple moderne, où deux libertés étrangères s'affrontent pour la première fois, la peur risque de s'insérer et, avec elle, tous les mauvais démons : le silence, la rancune, la bouderie, l'attaque, le mépris, l'offensive et la défensive de deux amants-adversaires qui se connaissent encore mal et ne veulent pas sacrifier la vérité à la tendresse. Dans les pièces de Dürrenmatt, ces duels à mort entre deux sexes qui ne s'épargnent plus sont décrits sans pitié.

A l'homme, privé d'une femme, mère ou enfant, «vigne» ou «petit cheval favori », il faut un grand effort pour aller pas à pas à la découverte de son nouveau vis-à-vis, pour accepter ce rapport plus exigeant, où il lutte à découvert, où il est mis en question, lui, le fort, taxé de lâche, lui qui avançait dans la confiance et la sécurité, obligé de fuir ou d'accepter le combat à armes égales. Considéré par sa mère comme le «Napoléon familier », il apprend, par sa femme, à être dépouillé - dépouillé de ses panoplies, dépouillé de ses médailles, - réduit à lui-même.

Pour cette mutation, il faut à l'homme plus de courage qu'il n'en faut à la femme pour la sienne. Apprendre à compter avec un autre, à décider et penser avec cet autre, à le questionner, à le saluer, à savoir que la suffisance est non seulement impossible, mais mensongère et destructrice, se réjouir de la libération du subordonné d'hier, et vouloir les difficultés personnelles et publiques qui découlent du fait de l'entrée en scène de cette moitié de l'humanité, réduite jusque-là comme dans les tragédies antiques à faire « le choeur » : c'est plus qu'une attitude fraternelle, c'est la forme que prend aujourd'hui le don d'amour de l'homme à la femme, et pour être capable de ce don, il faut à la fois beaucoup de force et beaucoup d'humilité.

La femme, elle, dans cette montée de la connaissance, doit, ce me semble, lutter d'abord contre la déception et l'impatience des novices. Un Prince, un Suzerain, un Chef ne se discute pas : il est admiré, vénéré, obéi dans sa fonction même. Un égal apparaît tel qu'il est. Or, la femme attendait un frère aîné, jeune et vigoureux, qui lui fasse découvrir la vie active avec ses risques, en même temps que la tendresse virile. Elle découvre souvent un homme usé par l'usine ou le bureau, qui a perdu sa force et sa poésie d'antan, ainsi que l'envie d'en créer d'autres. Il demeure cependant chargé des plus lourdes responsabilités. Et la chance, pour la femme, de devenir « appui » et non aide, n'a jamais été si grande.

S'affrontant pour la première fois dans l'histoire comme des êtres consciemment semblables parce que pleinement humains, et consciemment autres parce qu'hommes et femmes, les deux sexes se découvrent comme faisant partie de la même race et pourtant étrangers, prêts à tenter ensemble l'aventure commune de la liberté, et de la communion, qui n'est ni passion ni camaraderie, mais échec à la solitude.









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