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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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RETOURPour éviter ces mots: «Je te casse la paix!» Cette phrase lancée avec rage termine une dispute entre deux inséparables amis de sept ans. La porte claque et ils se séparent, les oreilles rouges de colère et les yeux pleins de larmes. La paix… S'il y a une chose précieuse que chacun désire, c'est bien la paix. Mais à tous les échelons, partout où il y a deux individus en présence, il y a conflits, disputes. Et quand bien même on voudrait les préserver, très vite les enfants découvrent que la guerre n'est pas une affaire de « l'ancien temps » et très tôt ils nous posent des questions embarrassantes, mettant bien en évidence que l'exemple qui leur est donné n'est pas fameux ! Nous ne pouvons que penser alors à cette phrase si souvent répétée en période de Noël et de fin d'année, qui nous parle de paix mais aussi de bonne volonté. Comment apprendre soi-même à acquérir cette bonne volonté afin de l'enseigner à nos enfants ? Respect et « mots magiques » La première notion qui me semble importante est celle du respect d'autrui. Accepter les autres avec leur caractère, leur personnalité, leurs goûts, leurs idées différentes des nôtres ; savoir que le fait d'être différent conduit au dialogue, à la confrontation, à la discussion, mais que discussion n'est pas synonyme de dispute ; et que les divergences d'opinion ne diminuent pas l'amour ou l'affection entre les êtres (ce que certains enfants sensibles ont de la peine à comprendre). D'autre part, on peut discuter sans vouloir à tout prix convaincre son interlocuteur, mais tout simplement pour le mettre au courant. La deuxième notion dont je parlerai est celle de l'art de manier de petits mots « magiques » qui sont comme l'huile dans les rouages et laissent aux autres la possibilité de penser différemment : « A mon avis, je pense, il me semble, pour mon goût, ne trouves-tu pas… » Ces formules détendent l'atmosphère et sont les signes extérieurs d'un état d'esprit de tolérance et d'humilité. Dites par exemple à un adolescent que telle chanson de Johnny « est horrible », il se cabrera et le dialogue sera rompu. Dites-lui que « personnellement, vous n'aimez pas », il a encore une chance d'arriver à vous convaincre ! La troisième notion est celle de la relativité. Nous sommes tous en perpétuelle évolution, nous avons nos bons et mauvais jours, et pour tous nos semblables il en est de même. Gardons-nous donc de jugements trop hâtifs et essayons de penser que telle vendeuse « vraiment peu aimable » a peut-être des ennuis, que le médecin « bourru et pressé » a derrière lui une nuit blanche, ou que telle autre « qui n'a pas l'air commode » cache une grosse tristesse. Nos enfants seront-ils racistes ? La dernière notion à laquelle je pense est celle d'une certaine honnêteté, intransigeance, sévérité à l'égard de soi-même, qui nous pousse à éviter toutes ces classifications, ces catégories, ces jugements de masse qui risquent de blesser, de dégrader, étant à la fois simplistes et souvent infondés. Et par conséquent, injustes. Ne pas se permettre de dire : « Les protestants sont…, les catholiques sont…, les juifs sont… » Dans le même ordre d'idées, il y a tous ces a priori que l'on appelle les stéréotypes nationaux. Je me réfère à des enquêtes faites soit à Princeton, soit dans plusieurs pays par l'Unesco. Les auteurs (psychologues et sociologues) arrivent à la conclusion que ces idées toutes faites et ces jugements sans fondements sont très ancrés en nous, et qu'il nous serait bien embarrassant de dire ce qui nous autorise ces affirmations. Une même enquête a été faite en 1932 puis en 1950. Les résultats montrent que les stéréotypes n'ont pas disparu, mais sont beaucoup moins nets. Il semble que par le fait de contacts, d'expériences personnelles, les jugements se soient nuancés. Un autre fait encourageant est que, chez les enfants, ces stéréotypes n'existent pas ! Je n'allongerai pas sur ce sujet vaste. Je veux dire qu'il ne s'agit pas de nier l'existence de caractères nationaux, mais de doser les jugements. On ne dira plus les « totos, les boches, les Italiens », mais « les Italiens que je connais, les Russes sont souvent…, les Américains ont tendance », etc. Actuellement, les enfants ont le privilège de connaître très jeunes des camarades étrangers. Confrontés dès lors à d'autres langues, d'autres modes de vie, d'autres coutumes, ils ne nous permettront pas ces jugements abrupts et il leur sera bien précieux de savoir dire non pas « c'est complètement idiot », mais « c'est différent !» Un médecin de famille appelé à soigner et à écouter des personnes de tous âges a eu ce mot plein d'humour et de sagesse :« Voyez-vous, il y a quelques années encore, les valeurs restaient stables de père en fils et servaient de pilier à l'éducation. Actuellement, il y a trop d'évolution d'une génération à l'autre, de mises en questions, de découvertes… Vous vous inquiétez d'avoir quelque chose de stable à donner à vos enfants ? Eh bien Madame, donnez-leur de l'amour, beaucoup d'amour, vous ne pouvez faire mieux !» En conclusion, pour aider les nôtres à « vivre la paix », qu'avons-nous trouvé comme moyens ? Le respect d'autrui, la compréhension, la modération, l'humour et beaucoup d'amour, autant d'éléments qui sont à notre portée chaque jour et ceci sans études poussées et compliquées, sans théories abstraites, mais avec une solide dose de bonne volonté. |
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