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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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A propos de la drogue

On parle beaucoup de la drogue. On ne peut qu'être angoissé en apprenant que tant de filles, tant de garçons, jeunes, sains, pleins de forces et chargés d'espérances sont devenus les esclaves des rêves, des hallucinations, de l'hébétude que leur procure une chimie maléfique, les produits relativement inoffensifs conduisant presque toujours aux plus nocifs qui, les doses devenant de plus en plus fortes, feront des êtres asservis, de pauvres loques indifférentes à la plus répugnante saleté et aux plus dégradantes promiscuités.

Ce n'est pas absolument neuf, mais ce qui était exceptionnel est devenu fréquent.
Quand j'avais un peu plus de vingt ans, quelques-uns de mes camarades se réunissaient pour priser de la cocaïne. Un soir, ils m'entraînèrent et voulurent absolument que je fisse comme eux. Je me fourrai dans le nez une poudre blanche, après quoi, tandis que mes compagnons étendus sur un lit ou sur des coussins donnaient les signes d'un plaisir céleste, je ne ressentis rien du tout : l'ami qui achetait la drogue était volé par son fournisseur qui lui vendait très cher du bicarbonate de soude mélangé à je ne sais quelle saleté. Les imaginations juvéniles faisaient le reste. La perversité tournait à la farce. Aujourd'hui c'est sérieux.

L'opinion est sensible à l'aspect policier et judiciaire des choses. Certes, la loi ne frappe pas assez fort les trafiquants. Certes, ceux-ci ne sont pas faciles à capturer parce qu'ils forment une maffia internationale et qu'en pratique ils bénéficient de la complicité active d'un certain nombre d'Etats, qui trouvent un profit matériel à vendre les produits de base et un profit politique à pourrir l'Occident dans sa jeunesse. C'est elle qu'il faut défendre. Une nation doit aimer sa jeunesse, même folle, même égarée ; il faut l'aimer d'autant plus qu'elle est sentimentalement très désarmée.

On a proposé de faire dans les lycées des cours de mise en garde. Il est probable que si, dans l'auditoire, se trouvaient de vrais drogués, ils n'auraient rien à apprendre du conférencier. Quant à ceux qui sont au bord de l'abîme, ils sont instruits des dangers. Tout déjà a été dit. S'ils se laissent entraîner, c'est qu'ils prennent le risque, c'est qu'ils préfèrent anéantir leur personne plutôt que persévérer dans la voie où ils sont engagés.

Voilà précisément ce qui doit nous inquiéter tous. Une partie de la jeunesse (si faible soit-elle) aborde l'existence avec une telle défiance d'elle-même, avec la conviction si déprimante, si obsédante d'un échec fatal qu'avant même d'avoir vraiment vécu, elle sort de la vie pour s'anéantir dans des rêves et des cauchemars artificiellement provoqués. Qu'on ferme les fumeries, qu'on pourchasse les fournisseurs, qu'on empêche la propagande, c'est bien ; c'est utile. Mais si l'on veut aller au fond des choses, ce dont il faut guérir cette jeunesse malheureuse, c'est de la peur de vivre.

Le trouble intime, le déséquilibre primitif peut remonter loin, avoir pour cause première la dissolution du milieu familial. Voire simplement l'absence de communication entre les parents et les enfants. Soit que les parents travaillent tous deux au dehors, qu'ils déjeunent à une cantine, qu'ils rentrent énervés, épuisés, plus disposés à chercher au cinéma un divertissement sans fatigue qu'à parler avec leurs fils et avec leurs filles pour mieux les connaître et pour être mieux connus d'eux. Soit que, plus fortunés, ils veulent vivre une vie à eux, se croient déchargés de tout devoir parce qu'ils donnent à leurs enfants plus d'argent qu'il n'est raisonnable et endorment leurs scrupules en disant : « Nous respectons leur indépendance… les jeunes d'aujourd'hui ne veulent plus rien entendre… »

Or, l'adolescent a besoin d'être aimé. Il a besoin qu'on lui fasse sentir qu'il possède assez de dons, assez de forces pour résoudre ses problèmes et développer son moi de façon à pouvoir toujours en garder la fierté. Si, durant les années critiques, il est laissé sans appui (il ne s'agit pas de prêcher, d'ordonner, de vanter le passé, d'accabler le présent, il s'agit d'aimer, de comprendre, d'aider, d'agir de telle façon qu'on soit aimé et respecté soi-même) si, dis-je, l'adolescent ne trouve
pas d'appui là où il doit le trouver, il le cherchera auprès des jeunes de son âge, la solidarité et la discipline du clan remplaçant la chaleur du foyer. Le clan peut être tout. Ce peut être la drogue.









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