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A propos de l'adoption
A la suite de l'article sur l'adoption paru en décembre, une lectrice a eu la gentillesse de nous faire parvenir une relation des problèmes soulevés et des constatations faites dans sa propre famille au moment de l'adoption d'un enfant. Il nous a paru utile de reprendre ce sujet en publiant une expérience vécue qui peut éclairer les parents pour qui le problème se pose.
D'autre part, il nous semble important que tous nos lecteurs soient informés de quelques complications réglementaires concernant la procédure de l'adoption, afin d'aider les futurs parents adoptifs à obtenir des lois plus souples et plus humaines et surtout identiques dans chaque canton ou chaque pays. (Réd.)
Le but et la justification de cet article sont d'éclairer un problème qui, malheureusement, se pose souvent pour un couple qui ne peut avoir d'enfants mais qui serait capable d'en élever, tant au point de vue psychologique que matériel et qui serait apte à en prendre la responsabilité.
La décision d'adopter un petit enfant n'appartient qu'au couple luimême. Il est très dangereux de consulter la famille, d'en parler à ses amis. Les conseils d'une vieille tante peuvent être très égoïstes sans qu'elle s'en rende compte. Une fois le fait accompli, les membres de la famille sont heureux de voir le berceau avec le bébé et les circonstances de sa naissance sont vite oubliées.
Le chemin pour arriver à ce point si désiré est long et quelquefois dur. Il s'agit tout d'abord de prendre contact avec les autorités responsables du placement des enfants ou de s'adresser à un bureau servant de médiateur. Il faut compter deux ans pour arriver au but, pour pouvoir visiter une clinique ou une crèche et y trouver un petit enfant qui attend ses futurs parents. En présentant celui-ci, la nurse joue un rôle très important : elle crée les premières relations entre parents adoptifs et enfant à adopter. Si le bébé est encore petit (quelques semaines ou quelques jours seulement ce qui est d'ailleurs très souhaitables), ces relations s'établissent rapidement. Un enfant de quelques mois a déjà accompli une partie de son développement, que les parents n'ont pas vécu avec lui, et qui laisse un certain vide qui se fait sentir lorsqu'il faut lui parler de ses premiers jours.
Un enfant adopté apporte à sa famille tout ce que l'enfant peut apporter : des soucis au point de vue santé ou développement, mais encore plus de joie et de satisfaction. La vie du couple est subitement changée : les jours sont réglés selon l'horaire du bébé, les promenades et les pique-niques du dimanche doivent être adaptés à l'âge et aux forces de l'enfant, les voyages de vacances se transforment en vacances de famille au chalet ou en pension. Cette adaptation n'est parfois pas très facile si le couple est resté plusieurs années sans enfants. Eviter la jalousie qui pourrait naître chez l'un ou l'autre est une tâche importante.
Si l'enfant ne se développe pas comme on le souhaiterait, il ne faut jamais penser : c'est parce que…
De nos jours, les autorités conseillent aux parents adoptifs d'informer franchement et pas trop tard l'enfant de son adoption. Il y a toujours des parents adoptifs qui se sentent incapables de le faire. Si tel est le cas, il est préférable de demander à une personne désignée par l'autorité tutélaire de mettre ce point délicat au clair avec l'enfant.
Mais, il est souvent facile de dire à un enfant qu'il est adopté. Les occasions se présentent quelquefois d'une manière naturelle ; il faut seulement être capable de les saisir. Chaque enfant pose la question de savoir d'où viennent les bébés. Les formes de cette question sont très différentes, mais lorsqu'elle est posée il faut en profiter pour dire à l'enfant adopté que chez lui quelque chose s'est passé autrement que chez ses petits cousins par exemple, qu'une autre femme que sa maman était à la clinique, que cette femme ne pouvait pas soigner son bébé, que ce bébé (l'enfant adopté) a maintenant trouvé sa place dans une autre famille, etc. L'enfant se contente sans autre d'une telle réponse, mais celle-ci doit correspondre à la vérité. Les questions se répètent, en général parallèlement aux questions concernant la grossesse, la naissance, le développement d'un bébé pendant ses premiers jours. En revanche les questions concernant le père sont rares. En résumé, les parents adoptifs peuvent informer leur enfant de l'adoption lorsqu'ils discutent les problèmes sexuels.
Chaque enfant désire savoir à qui il ressemble ; l'enfant adopté lui aussi pose cette question. La ressemblance entre parents et enfant ne se transmet pas seulement par les gènes, mais aussi par imitation. L'influence du milieu sur le caractère et le comportement d'un enfant normal est certainement beaucoup plus importante que les traits de caractère transmis par les gènes. Tout enfant a un instinct d'imitation très prononcé. Il est donc possible, voire recommandable, de dire à l'enfant adopté qui veut être comme ses parents qu'il ressemble à papa ou à maman. Il faut être honnête, répondre franchement aux questions de l'enfant concernant son adoption, mais il faut éviter de trop insister sur le sujet ou de donner un sentiment d'infériorité à l'enfant. Quand celui-ci est assez grand, on peut lui dire qu'il existe beaucoup d'enfants adoptés, et que son cas n'est donc pas unique. Cependant, il ne sera pas toujours possible de l'empêcher de faire certains complexes.
Avant de se décider à adopter un enfant, les parents doivent se renseigner soigneusement au sujet de la santé des parents naturels. Tuberculose, myopie, maladies mentales, etc., jouent un rôle certain. L'enfant tombé malade a un grand avantage si le médecin traitant peut être renseigné à ce sujet. Il faut déjà penser aux questions auxquelles il faudra répondre à l'entrée scolaire, telle que la question de savoir si la grossesse ou l'accouchement ont provoqué des complications chez la mère, par exemple.
D'autre part, il est compréhensible que les autorités prennent garde à l'état de santé des personnes désirant adopter un enfant. Ainsi, il est impossible de placer un enfant auprès d'une femme souvent malade qui aimerait avoir celui-ci seulement pour se distraire. Croire qu'un enfant adopté pourrait consolider un mariage en difficulté est une erreur.
Nos lois sur l'adoption sont un peu dépassées. Il est incompréhensible qu'une personne désirant adopter un enfant doive avoir 40 ans au moins. De nos jours on se marie toujours plus tôt et, par conséquent, la question d'une adoption peut se poser, elle aussi, plus tôt. Bien sûr, des enfants sont placés chez des personnes n'ayant pas atteint l'âge prescrit, mais n'est-il pas inquiétant, pour un tel couple, d'attendre des années jusqu'à ce qu'il puisse enfin adopter l'enfant ?
Et si l'on attend jusqu'à 40 ans pour prendre en charge un enfant, le changement de vie - décrit ci-dessus - ne se fait pas aussi facilement qu'auparavant. Les médecins, surtout les gynécologues, devraient pousser plus activement les couples qui aimeraient avoir des enfants vers une adoption. Il serait surtout souhaitable qu'ils discutent le problème non seulement avec la femme, mais avec le couple.
La limite d'âge comporte un autre inconvénient. Il est rare que l'époux et l'épouse atteignent leurs 40 ans en même temps. L'intérêt de l'enfant exige qu'il soit adopté aussi rapidement que possible. C'est à ce moment que l'enfant reçoit, en règle générale, le nom de famille de ses parents adoptifs ; nom qu'il devrait avoir au plus tard lorsqu'il commence l'école. Un changement de nom avant l'adoption n'est juridiquement pas exclu mais il ne peut être obtenu qu'au prix d'une procédure relativement longue et compliquée. Par conséquent, il est usuel que l'époux qui a atteint ses 40 ans adopte l'enfant, ce qui n'est possible qu'avec le consentement de l'autre époux. Quand ce dernier, lui aussi, a atteint l'âge exigé, toute la procédure doit être répétée. Il est incompréhensible que les époux ne puissent pas adopter conjointement, quand l'un d'eux a atteint ses 40 ans.
En Suisse, le fait que chaque canton a ses propres prescriptions pour la procédure d'adoption, n'est probablement pas assez connu.
Du point de vue successoral l'enfant adopté a les mêmes droits qu'un enfant naturel. Cependant si l'enfant adopté meurt sans avoir de descendants, toute la fortune héritée des parents adoptifs passe à la famille naturelle de l'enfant. Pour éviter ce passage, qui serait souvent peu équitable, il faut, à la signature de l'acte d'adoption exclure tout droit de l'enfant sur la succession de ses parents adoptifs. Ceux-ci peuvent alors régler librement cette question par testament.
Tous les milieux intéressés admettent qu'une réforme de notre droit sur l'adoption est nécessaire. Certains travaux préparatoires tendant à une modification de la loi actuelle ont déjà été entrepris. Il serait souhaitable que lors de la mise au point des nouveaux textes légaux, non seulement les juristes, notamment ceux des offices de tutelle, mais aussi des parents d'enfants adoptés soient consultés ; car les expériences et désirs de ces derniers sont pour le moins aussi importants que l'application de la loi pour les autorités.
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