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L'enfant face à la mort. L'échelle de Jacob
Dans la cuisine où maman vaque à ses occupations - cette cuisine qui est aussi la salle de jeux lorsque les enfants ne peuvent pas s'ébattre au dehors - les trois bambins de 7, 5 et 3 ans jouent à l'« échelle de Jacob »… Ce récit biblique les a enthousiasmés. Probablement que cette description si nette du lien qui unit la terre et le ciel satisfait leur désir de « savoir comment c'est fait ».
La planche à repasser dressée contre l'évier est une échelle fort acceptable. Elle n'est pourtant pas si facile à gravir, surtout pour la petite sÅ“ur de 3 ans. Mais, même à cet âge-là, on a conscience que Dieu le père qui siège tout là-haut ne peut pas ne pas être difficile à atteindre.
Donc, revêtus de la chemise de nuit… d'anges, pardon, et le dos dûment muni de ravissantes ailes en carton doré, les deux cadets se hissent le long de la planche aussi gracieusement que possible, pendant que l'aîné trône au sommet, essayant de garder dignement son équilibre. Les anges ont aussi leurs faiblesses et parfois maman, qui surveille la scène sans en avoir l'air, en voit un, peu soucieux de sa tenue, s'asseoir et glisser jusqu'au sol comme sur un toboggan.
Ce jour-là, Dieu le père a pourtant décidé que tout devait se passer très solennellement et, pour montrer son autorité, il a décidé de faire un sermon aux deux angelots subjugués. D'une voix grave et tonitruante, il déclare : « Mes enfants, écoutez-moi, quand on est mort, faut pas pleurer, parce qu'on n'est pas mort, on est au ciel… »
Croyez-moi si vous voulez, mais le petit ange-fille qui écrit aujourd'hui ce croquis n'a pas oublié la leçon et a souvent trouvé du réconfort à revivre ce jeu-là, même cinquante ans après !
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