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Un livre: L'Agression, par Konrad Lorenz

Konrad Lorenz est bien connu pour ses livres de vulgarisation sur la psychologie des animaux. Il est l'auteur de cet ouvrage au titre original :« Il parlait avec les mammifères, les oiseaux et les poissons ». Plus récemment, il a écrit :« Tous les chiens et tous les chats ».
Mais en homme de science, il a aussi publié cette analyse beaucoup plus touffue, détaillée, qui s'appelle « L'agression, une histoire naturelle du mal » (éditeur : Flammarion). Autant vous prévenir que la lecture en est ardue. Mais on trouve là une explication des causes de l'agressivité chez l'être humain.
Ces causes, Konrad Lorenz les cherche dans notre passé le plus reculé, en étudiant l'instinct de combat chez nos ancêtres les animaux. Car l'agressivité est bien un instinct naturel, qu'on ne peut pas songer à éliminer. Il est utile : c'est d'abord un mécanisme de protection de la vie. Protection de la vie des espèces, et sélection à l'intérieur des espèces. De plus, déjà chez l'animal, il est étroitement lié aux autres instincts sociaux comme l'amour et l'amitié. Il est enfin l'un des moteurs qui nous donnent l'élan, l'ambition, le goût d'entreprendre une tâche.
Au cours des âges et selon les espèces, cet instinct se manifeste selon des formes très diverses et prend même, parfois, de fausses routes.
Et c'est chez l'homme que ces fausses routes sont les plus nombreuses. Les animaux réputés féroces sont dotés par la nature d'un puissant mécanisme d'inhibition, qui les empêche de se tuer entre eux. Chez l'homme, l'évolution n'a pas installé ce verrou de sécurité.
L'homme a des armes d'une puissance disproportionnée. En outre, ses conditions de vie ne lui donnent plus l'occasion de lutter pour la conservation de l'espèce, au sens où le faisait l'homme des cavernes. Son agression naturelle trouve souvent des issues qui ne sont pas dans l'intérêt de l'espèce.
Au nombre de ces « faux-pas » de l'évolution, on peut citer non seulement la guerre, mais l'importance excessive attribuée par exemple à la concurrence commerciale, à l'amassement de la propriété, au prestige personnel.
L'homme a besoin d'orienter son énergie vers des objets de remplacement, comme le sport en particulier.
D'autres valeurs devront aussi à l'avenir mobiliser toujours plus son « enthousiasme militant », comme les arts et les sciences, qui ont l'immense mérite de dépasser les barrières nationales et politiques. Mais ces valeurs-là exigent d'abord un plus haut niveau de culture de l'humanité. Elles ne sont pas encore en mesure de rivaliser, dans l'estime des jeunes en général, avec les pseudo-idéaux romantiques et prestigieux qui leur sont proposés de toutes parts. La guerre elle-même est encore, dans tous les livres d'histoire, justifiée comme une action courageuse et honorable !
C'est pourtant dans un sens optimiste - l'adhésion à de plus hautes valeurs - que Konrad Lorenz espère, en conclusion, voir se diriger l'évolution humaine.









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