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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURTélévision, quand tu nous tiens ! Il y a quelque temps, on pouvait lire dans un illustré les lignes que voici : « Entendu dire que, dans certains hôpitaux pour enfants, on constate actuellement une nette augmentation des cas de tumeur cérébrale. Cette augmentation serait due à une sorte de paralysie, d'asphyxie du cerveau provoquée par certaines émissions TV qui passionnent à tel point les jeunes téléspectateurs qu'ils en subissent physiquement le contrecoup. Vrai ou faux ? Aux médecins de le dire… » Je regrette qu'on puisse publier des « ouï-dire » aussi graves sans citer la moindre référence un peu sérieuse. L'article somme les médecins de répondre, j'ai essayé donc de poser des questions autour de moi. Voici ce que j'ai pu apprendre : En consultant le catalogue des publications de l'Organisation mondiale de la santé, je ne trouve rien sur le sujet qui nous préoccupe. Suivant alors le conseil d'un psychiatre pour enfants, je parcours ce que la Revue de neuropsychiatrie infantile et d'hygiène mentale de l'enfance a publié au cours des dix dernières années. Je constate, avec soulagement, que le peu de matière récoltée tenterait à prouver que la TV ne pose pas autant de problèmes qu'on pourrait le craindre. Réflexions sur la délinquance juvénile :… cinéma, affiches, films et TV ne créent pas de toutes pièces des tendances antisociales. Mais aux jeunes qui cherchent leur voie dans la délinquance, ils enseignent des techniques qu'ils réalisent avec plus ou moins d'efficacité. TV et épilepsie : L'observation de 9 malades atteints d'épilepsie photosensible provoquée par la TV semble montrer que cette forme d'épilepsie est caractéristique de l'âge scolaire. Le facteur déclenchant est habituellement dû à un défaut technique dans l'appareil TV… TV et famille (enquête de l'Ecole des parents) : Il ressort de cette enquête que le 80% des parents reconnaît abandonner tout sens critique devant le programme TV, d'où le sentiment de culpabilité. On constate dans d'autres cas un resserrement des liens familiaux, mais au détriment d'une vie sociale et même intellectuelle. etc… Je m'adresse encore à un spécialiste en rééducation de la vue (orthopticienne), qui dit n'avoir pas constaté de troubles dus à la TV et, que d'autre part, il lui arrive de se servir de cette dernière pour forcer un oeil à suivre une image. Une ophtalmologue me répond : « La TV ne nuit pas à proprement parler à la vision, mais seuls des yeux parfaits peuvent la supporter. Il convient donc de savoir que la TV ne fait que révéler un défaut préexistant (jusque-là souvent bien toléré), sans qu'elle l'ait causé. » Un médecin de famille n'a pas eu à diagnostiquer de troubles dramatiques, dit-il. Il est très favorable à la TV pour les personnes âgées, les infirmes, les isolés. En revanche, il la décommande formellement aux enfants. Il déplore le goût de la violence et de l'agressivité que certaines émissions développent chez les jeunes. Du point de vue médical, il a observé des troubles du sommeil et de la digestion. Pour lui, il s'agit surtout d'une question de discipline familiale qui, si elle est atteinte, peut amener une appréciable cohésion. J'étudie pour finir un long et intéressant article publié dans le Bulletin des médecins suisses. En voici quelques extraits : « La télévision a pour but d'informer. Or, si nous suivons la manière dont l'enfant explore son entourage, nous nous apercevrons qu'il se sert de tous ses sens, il manipule et expérimente. La perception est directe. Manipuler et expérimenter constituent un processus ininterrompu… Or, comment l'enfant est-il, à la télévision, confronté à la réalité ? « L'information lui parvient seulement par l'oreille et l'oeil, les autres sens ne sont pas concernés. On montre à l'enfant une réalité transformée. La qualité de la perception diffère absolument de celle d'une chose directement vécue. L'information ne se répète pas, les images se suivent, que l'enfant les ait ou non saisies. Une entière cohérence entre les images fait généralement défaut. Le spectateur doit opérer lui-même la liaison. C'est une exigence à laquelle l'enfant à l'âge préscolaire est tout à fait incapable de satisfaire, et à l'âge scolaire très partiellement seulement. « Ces quelques réflexions suffisent à montrer que la TV ne rejoint pas l'enfant à son niveau de développement. Les émissions pour la jeunesse n'y changent rien, car elles ne se distinguent des autres que par leur contenu plus ou moins enfantin, tandis qu'on ne peut rien changer au mode de présentation… » Le dernier chapitre s'intitule :« Y a-t-il chez les enfants une maladie de la télévision ?» Tous les connaisseurs s'accordent pour dire qu'il est difficile de répondre à cette question. Nos enfants sont exposés à tant d'influences extérieures qu'il n'est presque pas possible d'isoler parmi elles les effets de la télévision. Troubles physiques : Selon les nombreuses indications, la télévision peut déclencher les symptômes suivants : douleurs ophtalmiques, céphalées, douleurs dorsales, troubles circulatoires, crises d'épilepsie. Troubles psychiques : La plupart des données recueillies parlent de signes de nervosité et cela dans tous les groupes d'âge. Symptômes : tendance à l'excitation, à l'irascibilité, à la faiblesse de concentration, inattention, instabilité dans le travail, troubles du sommeil, ces derniers étant les plus fréquents. Si l'on examine les enfants en question, on constate ceci : a) la plupart d'entre eux restent trop longtemps devant l'écran ; b) on ne fait pas de pause entre la fin de l'émission et le coucher ; c) le contenu des émissions est presque toujours excitant ; d) les enfants comprennent mal ce qui se passe. Les conclusions à tirer sont les suivantes : 1. La question à poser n'est pas « Télévision oui ou non », mais : « Télévision quand et comment ? » 2. La télévision à l'âge préscolaire est une complète erreur. 3. L'enfant qui fréquente les premières classes n'a pas besoin de télévision, mais on doit lui permettre de regarder de temps à autre une émission. On veillera aux points suivants : a) Il faut soigneusement choisir l'émission. b) Les parents doivent être présents pour pouvoir expliquer immédiatement des points obscurs ou pour suspendre une émision peu appropriée. c) L'enfant ne doit pas regarder la télévision passé 19 heures. d) Un intervalle suffisant d'une demi-heure au moins, est nécessaire entre la fin de l'émission et le moment du coucher. 4. La TV peut entraîner des désordres psychiques. Ils peuvent être aigus et passagers, comme par exemple les insomnies partielles. Mais si l'on abuse de la télévision, de sérieux troubles de développement sont possibles, parce que le monde montré à l'enfant par !e petit écran ne peut présenter qu'un aspect unilatéral et limité. Ces règles fondamentales s'appliquent aux enfants de l'âge préscolaire et à ceux des premières classes. Ces renseignements aideront certainement les parents à adopter et garder des principes fermes au sujet de la télévision ; ils rassureront aussi ceux qui, comme moi, ont été effrayés par des affirmations inquiétantes ; si les médecins, en effet, parlent de céphalées, il n'est pas question de tumeurs cérébrales. |
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