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Lettre à mes filles
Le séjour que viennent de faire ici, tour à tour, vos rejetons respectifs de 3 et 4 ans 1/2 m'a suggéré quelques réflexions dont je voudrais vous faire part.
Vous savez combien c'est une joie pour vos parents de voir la maison égayée un temps par la présence de l'un de nos petits-fils, câlin, amusant, en un mot « adorable », dont les marques d'affection réchauffent le coeur des grands-parents. Mais quand le « cher trésor » devient un « fléau » (c'est l'expression que vous employez !), il est plus difficile de garder calme et sourire. Entre ces deux extrêmes, il y a le normal, le courant, c'est-à-dire la vie de tous les jours qui veut que les enfants de cet âge vous accompagnent partout et sans cesse : lorsque vous faites vos courses (oh ! ces grands magasins à self-service !) à la cuisine, à la cave, à la salle de bain, au jardin. Les questions se suivent, quand ce n'est pas un zèle dévorant pour commencer, juste à midi moins cinq, une séance de plastiline sur la table de la cuisine !
Pourquoi je vous décris tout cela, alors que vous le savez si bien ? Tout simplement pour vous dire combien je comprends que vous puissiez être fatiguées, impatientes, énervées, un peu découragées à certains moments de la journée. La présence constante de petits-enfants demande une telle dépense d'énergie, une telle réserve de patience que les mères qui en sont capables sans jamais « en avoir assez » sont tout simplement admirables.
Même en tenant compte du fait que je n'ai plus la résistance nerveuse de mes 25 ans, je suis bien consciente que pour vous aussi, jeunes mamans, il y a de quoi vous épuiser, et vous amener peut-être quelquefois au bord des larmes. Et j'en arrive à comprendre celles qui vont travailler au dehors. Peut-être ne pensent-elles qu'au présent sans songer à ce qui pourra se passer plus tard ?
J'avais oublié quelle épreuve de force représente « l'élevage » de petits-enfants, pourtant je n'en ai jamais qu'un à la fois !
A votre tour, vous oublierez, puisque, aussi bien, cela ne durera pas toujours. Aussi sûrement que les perce-neige sont au rendez-vous de l'avant-printemps, aussi sûrement viendra le temps où les enfants auront grandi et où les servitudes seront moins astreignantes. Il y en aura d'autres, sans doute.
Et puis, je voudrais dire aussi ma reconnaissance : je pense que nos petits-enfants ont bien de la chance d'avoir des parents qui ont compris que leurs enfants avaient besoin de la présence de leur maman.
Les meilleures spécialistes (nurses, éducatrices etc.) à qui certaines mères (pour se donner bonne conscience) confient leurs enfants sous prétexte qu'elles « sauront mieux faire puisqu'elles sont formées pour cela » ne vaudront jamais une mère. Les psychologues, qui ont parfois raison, vont jusqu'à dire que les enfants bénéficiant des soins les plus éclairés de personnes ultra-qualifiées professionnellement se développent moins bien, mentalement, que ceux qui sont élevés par une mère, même négligente et peu soigneuse, ce qui n'est pas votre cas, je m'empresse de le dire.
Avec toute ma sympathie et ma compréhension pour les moments difficiles (vous savez que mon aide vous est offerte chaque fois que cela est possible), et toute mon affection.
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