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«Comme toi-même»
Quand un garçon, dans une famille, atteint ses 16 ou 17 ans, il y a souvent des heurts, cela est bien connu. Par la force des choses, par le développement même de la vie, une certaine situation satisfaisante jusque là éclate pour ne plus se reproduire. Le système de relations dans lequel tout le monde était établi s'avère caduc, impossible à garder, et cela provoque un malaise, plus ou moins profond et provisoire, mais réel.
Une longue étape où tout marchait à peu près est définitivement révolue et ne se reproduira jamais plus.
Inutile de cultiver les nostalgies : le temps où Pierrot était un délicieux bambin est pour toujours effacé. Le temps où l'on était heureux, tant bien que mal, est passé. Rien ne sert de revenir en arrière. Rien ne sert de vouloir immobiliser le temps. Il faut que Pierrot devienne un homme parmi les autres, qu'il soit accueilli dans sa demande. Il faut que les parents acceptent de renoncer et de tout boulverser. Si non, c'est un véritable crime qui se commet
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Dans cette situation, cela signifie que, si l'on veut répondre à cet appel fondamental du Christ, il faut accueillir totalement cette « demande » de l'adolescent qui devient un homme dans tout ce qu'elle a d'inconfortable et d'incertain provisoirement. C'est une exigence primordiale de la charité, tout simplement.
Il s'agit au fond d'accepter que les enfants ne soient pas des objets que l'on possède et que l'on dirige ; mais bien des êtres libres. Et cela représente parfois un très dur sacrifice. Car on s'était volontiers laissé prendre à cette illusion que la vie était pour longtemps ralentie, installée presque une fois pour toute dans un certain style, et que les enfants faisaient partie de ce « monde pour soi » que l'on s'était bâti.
Un être jusque là soumis demande à grandir, à devenir autonome. Et cela bouleverse tout. Allez-vous accepter de tout bouleverser pour qu'il ait sa place, comme vous ?
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