
|
|
Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
Faut-il autoriser l'auto-stop ?
Nous n'avons pas d'ordres à donner et, en un certain sens, c'est dommage. Car beaucoup de parents seraient soulagés d'apprendre, si oui ou non, ils peuvent autoriser, en toute bonne conscience, leur adolescents à faire de l'auto-stop cet été.
Oui ou non ? Ce serait trop simple. Il se pose aussitôt des questions d'âge, de pays envisagé, d'éducation reçue (l'enfant a pu être plus ou moins préparé à prendre des initiatives), des questions de principes personnels, et enfin (et surtout) de risques.
Questions de principes
On peut interdire l'auto-stop par conviction personnelle. Je sais que l'on considère parfois ce moyen de locomotion comme une forme de mendicité
Cet argument peut se discuter. Mendicité, ou entraide sympathique ? Certains camionneurs aiment trouver de la compagnie, et des automomobilistes solitaires sont ravis d'avoir une occasion de bavarder, sans aucune arrière-pensée suspecte.
D'autres parents craignent que leurs enfants aient trop de facilités, qu'ils ignorent le prix d'un billet de train (« Je n'ai jamais eu de vraies vacances, disent-ils, avant d'avoir pu me les payer »). Ceci est encore affaire de principe personnel.
Mais il faut noter, en passant, que l'auto-stop n'est pas une manière facile de voyager, au contraire. Les longues attentes, la marche à pied et les imprévus exigent moins d'argent qu'un billet de train, peut-être, mais autrement plus de dépense physique et de sens de l'adaptation.
La préparation
Votre décision n'est pas encore arrêtée, parce que des dangers, en effet, existent. Certains sont imprévisibles, comme d'ailleurs dans tout voyage. D'autres en revanche dépendent de l'auto-stoppeur lui-même.
Est-il prévenu des difficultés qui l'attendent ? A-t-il le sens des responsabilités ? A-t-il un caractère assez affirmé, ou se laissera-t-il influencer par le premier « hippy » qu'il rencontrera ?
Si vous craignez de ne pas connaître assez bien le caractère de votre adolescent, vous pourrez au moins voir avec quel soin, ou manque de soin, il prépare son voyage. Vous devez vérifier qu'il connaît non seulement bien l'itinéraire, mais qu'il s'est aussi renseigné sur les auberges de jeunesse ou autres possiblités de loger ou de camper, et que son budget a été étudié.
Les questions sont les mêmes pour filles et garçons. A cette nuance près que, si l'on peut à la rigueur admettre qu'un garçon parte seul (ce qui est rare), une jeune fille s'exposerait à de plus grands risques en voulant jouer les solitaires. Sa solitude serait mal interprétée et l'on peut dire, catégoriquement, que les filles doivent être au moins deux et se considérer comme inséparables.
Le pays de destination joue un rôle important, car si les auto-stoppeuses sont chose courante dans le Nord et en Angleterre, par exemple, elles sont plus mal jugées et exposées à plus de mésaventures dans des pays méridionaux.
Les difficultés
Un voyage en auto-stop n'est pas reposant au sens où l'entend un amateur de croisières. Les parents s'inquiètent des questions de santé et de fatigue, et surtout du problème nourriture.
Loin de vous, c'est certain, le voyageur ne se nourrira pas comme à la maison. Il maigrira peut-être, ce qui n'est pas grave. Il grossira peut-être, à force de manger du pain et des pommes de terre. Tout ceci aura tôt fait de rentrer dans l'ordre à son retour.
La fatigue du voyage dépend surtout du plaisir que l'on y trouve. « Pense à ta santé » ! « Pense à ta prochaine année scolaire !» Ces arguments ne seront guère compris, car, pour un étudiant, le repos consiste précisément à faire autre chose qu'à l'école, et pour un apprenti, à faire autre chose qu'à l'atelier.
La plupart des difficultés matérielles sont résolues si l'enthousiasme est de la partie. Ne parlons pas d'un enthousiasme aveugle, mais conscient : il y aura des jours sans automobilistes, éventuellement des jours sans pain. Il arrive qu'on perde son porte feuille ou une partie de ses bagages.
Il serait imprudent de lâcher sur les routes un (ou une) adolescent sortant tout droit du cocon ou du coton maternel, à moins qu'il commence ses expériences par un simple voyage dans son propre pays.
Les dangers
D'autres dangers sont tout à fait objectifs. En particulier, beaucoup d'automobilistes conduisent mal, et ceci me semble le plus gros risque
de l'auto-stop, puisqu'il repose sur le hasard.
Les parents d'une jeune fille se posent la question angoissante du viol au coin d'un bois, dans un chemin désert. Les obsédés sexuels courent-ils les routes ? Ce risque me paraît plus mince que celui du banal accident de circulation. Rencontrer un maniaque sexuel, prêt aux pires brutalités, est une chose rare. En revanche, des tentatives de séduction auront lieu. Des hommes tenteront leur chance, avec plus ou moins de maladresse, de ridicule, ou de force musculaire. Devant une ferme détermination de ne pas se laisser faire, ou au pire, après une brève défense avec griffes, ils finissent toujours par se décourager. Les jeunes filles, heureusement, ne se laissent plus impressionner trop facilement.
Sur quelques terrains de camping très fréquentés en été, votre enfant, fille ou garçon, rencontrera peut-être d'autres bandes de jeunes. On pourra lui offrir de la drogue, entre autres tentations.
Mais vos quinze ou dix-neuf ans d'éducation auront laissé leur empreinte, le moment sera venu de faire confiance.
|
|
|