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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURLes parents vus par Claude (17 ans) Voilà où ça vous mène d'avoir 17 ans et une mère qui s'occupe de pédagogie : écrire un article à propos de l'« utilité » des parents, alors qu'aujourd'hui, justement, vous aimeriez les envoyer séjourner quelques années au Kamtchatka et que demain vous serez ravie de leur raconter les péripéties d'une journée d'école ! Allez décrire ces sentiments changeants ! Je vais essayer d'y voir clair en classant mes propres réactions. Attitudes que j'aime chez mes parents Les marques d'affection… parfois ! Les encouragements à entreprendre quelque chose, même s'ils doutent du résultat. Leur discrétion : ils n'écoutent pas mes téléphones et n'ouvrent jamais mes lettres (je sais que certains parents le font). Leur compréhension : ils me laissent m'habiller et me coiffer à ma guise, choisir mes robes, voire celles de maman et jusqu'aux cravates de papa ! Leur gaîté et leur spontanéité : ils savent chahuter avec moi. Ce que je n'aime pas Les marques d'affection… parfois ! Etre bombardée de questions dès que je reviens de l'école. Quand je pleure, m'entendre dire : « Vas-y, cela te fera du bien !» Et si je pleure très fort : «Ne te mets pas dans cet état!». M'entendre répéter « Intelligente comme tu es… » Cela me donne envie d'être bête ou au contraire me rend orgueilleuse. Je vais tenter d'expliquer à travers ces réactions et celles que j'ai observées chez mes camarades quelle devrait être l'attitude des parents face à l'adolescence pour que les rapports parents-enfants soient aussi agréables que possible. L'adolescent vit une période intermédiaire entre l'enfance et l'âge adulte. Il est déséquilibré, en ce sens qu'il se sent parfois enfant, parfois adulte ; chacun le repousse tour à tour, le trouvant trop grand ou trop jeune. Dans l'instabilité où il se trouve, les parents représentent le point fixe : une sorte de phare qui vous guide, mais vers lequel vous n'avez pas toujours envie de vous tourner. Cette stabilité des adultes, acquise grâce à une situation sociale, un bonheur conjugal, une indépendance financière, si elle est rassurante peut être parfois agaçante. Par exemple, mes parents s'aiment beaucoup, le montrent et il m'arrive d'en être jalouse, n'ayant pas encore trouvé « l'homme de ma vie ». Pourtant, les adolescents ont besoin de cette présence des parents. - Mon fils traîne tous les jours au bistro, se plaint Mme Dupont. Mais elle-même ne rentre qu'à 19 h. du bureau, pressée de préparer son repas. Mme Simone a le même problème. Pourtant, elle, elle est là, au moment où son fils arrive, empressée, même envahissante. Dans le premier cas, l'adolescent sait que la maison est vide et il redoute de se retrouver seul, face à lui-même, à ses problèmes - que souvent il se crée, mais c'est de son âge. Dans le second cas, l'adolescent n'a pas envie d'être criblé de questions. Il a besoin de tranquillité et de solitude après une journée fatigante. La mère doit s'efforcer d'être là, disponible, tout en sachant rester discrète. La présence du père se manifestera plus particulièrement dans les discussions. Le dialogue est souvent difficile. La tâche des parents est délicate : ils doivent sentir si l'adolescent a envie de parler. Ainsi, nous sommes tous trois allés voir le dernier film en vogue. A la sortie :- Alors, qu'en as-tu pensé ? Comment aurais-tu réagi à la place du héros ? Comment expliques-tu l'attitude de la jeune fille… ? - C'était très bien. D'ailleurs l'acteur principal est le meilleur et le plus chou que je connaisse ! Silence, ce n'est pas ce soir que j'ai envie de m'expliquer. Mais, deux jours plus tard, à table : « Tu sais, le film de l'autre jour, j'ai réfléchi. Je trouve que… Je me demande ce que vous en pensez… Ça m'intéresse de savoir… » Voilà le dialogue amorcé ; aux parents d'enchaîner. Eux doivent toujours avoir envie de parler ! Même si l'avis de l'adolescent semble stupide aux parents, ils doivent le laisser parler. Il aime sentir qu'on l'écoute et que son avis les intéresse. Ceux qui disent : « Il ne nous racontent jamais rien » sont aussi les parents qui répliquent à leur adolescent : « Avec tes réactions de hippy ! Tu es du côté de ces pouilleux contestataires… !» Avouez qu'il y a de quoi se décourager ! A propos encore des conversations à table, un conseil aux parents des enfants uniques. Ils ne doivent pas lui donner l'impression qu'il est seul en face d'un bloc. Il n'a pas de frère ou de soeur avec qui s'allier et il aurait facilement le sentiment d'être en minorité. Cette nuit, papa est absent. J'en profite pour occuper son lit et dormir à côté de maman. Mais non, je ne suis pas trop grande, aujourd'hui je suis du côté des enfants. Qu'il m'est facile et agréable de murmurer mes secrets dans le noir ! La salle de bains pendant le lavage des dents et la cuisine pendant l'épluchage des pommes de terre sont aussi des endroits propices aux confidences. Nos rapports se basant sur la confiance et la franchise, je sais pouvoir parler sans retenue. Rien ne sera répété sans mon accord. Il n'est presque jamais judicieux de réunir un conseil de famille pour essayer de convaincre un adolescent butté dans une attitude négative. Un mot glissé dans une conversation, sans avoir l'air d'y toucher, est souvent plus efficace. De toute façon, deux ou trois jours après, l'adolescent peut avoir complètement changé d'avis et trouvé seul l'attitude juste. Une dernière chose, plus difficile peut-être à accepter par les parents : savoir admettre que l'enfant se confie à d'autres adultes souvent plus jeunes qu'eux. La mère surtout ne doit pas en être jalouse. Il est normal que son enfant désire les conseils de personnes non concernées par ses problèmes et ne faisant pas entrer en ligne de compte des sentiments maternels. Ses parents, on ne les a pas choisis, ses amis, oui. Mais vous pouvez devenir les amis de vos enfants. En conclusions, souvenez-vous de ces trois points : - Ce qui vous paraît sans importance en a peut-être beaucoup pour votre adolescent. - L'adolescent, même s'il ne le manifeste pas, ressent votre affection et l'apprécie. - La franchise et la confiance sont la base de relations harmonieuses. Soyez des parents disponibles, discrets, ouverts, parfaits ! L'ambiance familiale sera paradisiaque ! Nous sommes heureuses de publier cet article d'une adolescente. Nous aimerions savoir si ses avis sont partagés par d'autres jeunes ou par leurs parents. Faites-nous part de votre point de vue. |
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