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«Actualités» Marc Oraison (Ed. Fayard)

« Ce n'est pas parce qu'on est chrétien et qu'on parle à la radio qu'on est plus fort que les autres… »

Cet aveu campe tout de suite l'auteur d'« Actualités », un prêtre catholique plutôt non-conformiste, qui ne craint pas d'exprimer tout haut des questions ou des réflexions que d'autres formulent dans l'ombre.
Le livre est formé de trente-deux chapitres sans prétention littéraire ou pédagogique. Chacun aborde un sujet que l'actualité vécue (1968-1969) suggère à l'auteur.
Ces questions ressemblent fort à celles qui vous préoccupent : la guerre, l'argent, les catastrophes, les greffes du coeur, la désacralisation, « les événements », le dialogue entre groupes humains, etc.

Marc Oraison ne propose pas de recettes. Il ne prétend pas enseigner quoi que ce soit à ses auditeurs où à ses lecteurs. Il se contente de réfléchir tout haut, de communiquer ses réflexions aux autres, chrétiens ou non. Et, s'il a des critiques à formuler, il commence par les appliquer à lui-même… Bref, la voix d'un homme authentique qu'on écoute volontiers parce qu'il n'a pas la prétention de vous convaincre à tout prix.



Voici un chapitre d'« Actualités » : la mode.

Par une série imprévue d'associations d'idées, la contemplation récente d'un tableau m'a orienté vers une perspective de réflexions que je voudrais vous communiquer. Il s'agissait, au Musée municipal de Bruges, d'un triptyque fort connu de Memling, sur un volet duquel on voit le donateur et ses fils. L'un d'entre eux est un jeune homme de dix-sept ou de dix-huit ans, et il porte des cheveux à peu près jusqu'aux épaules. Quant au père, il exhibe une coiffure qui a été purement et simplement copiée par les Beatles. C'est ainsi qu'on se coiffait au XVe siècle, tout au moins dans la bourgeoisie assez fortunée pour s'offrir un triptyque de Memling.
Brusquement je me suis aperçu du rapprochement avec les tendances actuelles de la mode, et je me suis demandé pourquoi les hommes de ma génération réagissaient instinctivement contre. Cela demande réflexion ; je crois nécessaire de ne pas être dupe, et de ne pas voir des problèmes de morale là où il n'y en a pas. Nous sommes évidemment dans un temps où chez les jeunes filles ou femmes règne la mini-jupe. Chez les jeunes gens les maxi-cheveux et les maxi-vestes tendent à s'imposer.
Et puis après ? Est-il légitime de s'indigner ou de se scandaliser ? N'y aurait-il pas, dans cette réaction, comme une amertume plus ou moins agressive de ne plus être jeune soi-même, et de se sentir comme supplanté ?
Cela pose d'abord, me semble-t-il, la question de la moralité de la manière de s'habiller. Et je pense qu'elle est toujours mal posée. Quand la mode change, on a tendance à dire qu'elle devient indécente. Alors que ce qui est indécent c'est la manière de la porter. Il y a des jupettes courtes et décolletées qui font penser à de la saine beauté ; et le sentiment qui vient est beaucoup plus d'admiration devant la création de Dieu que de désirs égoïstement sensuels. Et du temps où les jupes descendaient jusqu'à terre, et où les femmes se seraient crues déshonorées de dénuder leurs bras plus haut que le coude, cela n'empêchait pas Mme Arthur de jouer de ce je ne sais quoi fort immoral dont Yvette Guilbert a réjoui nos parents. Certains se scandalisent de voir, l'été, tant de gens presque nus sur les plages ou en tenue légère dans les rues. Mais ils ne songeraient pas à s'indigner que des gens fort « correctement » habillés sacrifient au snobisme et à l'orgueil des sommes qui feraient rêver tant de ceux qui les voient circuler, simplement quant à un minimum de sécurité d'existence. Et, pour peu que ces gens fort corrects aillent à la messe et donnent - nommément autant que possible - aux oeuvres de curé, l'honneur moral est sauf et la conscience tranquillisée. Pourquoi donc les tabous ont-ils toujours cette force qui tend à effacer les vraies perspectives de la morale du Christ ?

Et puis il y a autre chose… Je vous parle à bâtons rompus, comme cela me vient. C'est un chrétien qui vous parle ; mais c'est un chrétien qui a franchi - de peu mais tout de même - la cinquantaine. Et je pense que cette question de mode, actuellement, exprime assez fortement l'affrontement, comme on dit, des générations. Certes, on voit des mères - ou grands-mères - de mon âge qui se « mini-jupent » avec ostentation. Le phénomène n'est pas nouveau. Et je ne crois pas qu'on puisse dire que manquer du sens du ridicule soit un péché… Ce serait plutôt une sorte d'infirmité. Mais souvent les gens de ma génération réagissent en reprochant aux jeunes une déplorable décadence des moeurs. (Depuis le temps, d'ailleurs, que les gens sérieux disent çà, l'humanité devrait être parvenue à un degré de déliquescence véritablement inimaginable).
Or si l'on était véritablement chrétien, on aurait une attitude tout autre. On serait curieux de comprendre comment ces jeunes abordent et affrontent l'énorme mystère de leur vie. On devrait se rappeler comment on était à leur âge, pour admettre que précisément ils ne peuvent pas être des copies conformes sous peine d'être annihilés et stérilisés dans leur vocation d'hommes et de femmes libres, que Dieu invite à la perpétuelle invention de la présence humaine dans le monde. On devrait les aimer dans leurs recherches, en se demandant si ce qui nous paraît des outrances n'est pas souvent ce qui ne nous est pas habituel. Cela leur permettrait sans doute de situer eux-mêmes leurs outrances et de les résoudre. C'est ce que nous avons fait, tant bien que mal, à leur âge… C'est à eux que revient la tâche d'être, dans dix ou trente ans, le peuple de Dieu en marche. Nous, nous serons déjà arrivés, ou bien près de l'être.

Manquerions-nous, nous-mêmes, d'assez de jeunesse de coeur pour ne pas tout fonder sur l'espérance ? Les civilisations et les styles de vie, comme les modes, sont transitoires. Mais ce qui est permanent, c'est le drame humain et le salut dans le Christ. Et là les différences de générations s'effacent : il n'y a plus ni vieux, ni jeunes, il n'y a qu'un peuple solidaire en marche vers la lumière de l'Amour.









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