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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Kamouraska Anne Hébert (Ed. du Seuil)

Le Prix des libraires 1971 a récompensé une Canadienne de langue française, Anne Hébert. Il faut se réjouir de ce choix, car, de la première à la dernière ligne, le lecteur ne peut se détacher de ce récit écrit dans une langue poétique et élégante. Elisabeth, l'héroïne, au cours d'un long rêve, repasse instant par instant sa jeunesse aventureuse, jalonnée d'événements bouleversants. Elisabeth, élevée au début du 19e siècle par une mère veuve et trois tantes célibataires, a passé une enfance choyée, elle se trouve mariée à seize ans et fort mal préparée à vivre dans le manoir isolé de Kamouraska. Profondément déçue et choquée par son époux Antoine, être faible et cruel, elle s'éprend d'un jeune médecin américain. Leur ardent amour les entraînera dans un drame qui imprégnera la vie d'Elisabeth jusqu'à la fin de ses jours.

« Toute une éducation de fille riche se déroule en bon ordre. La soie, la batiste fine, la mousseline, le velours, le satin, les fourrures et le cachemire succèdent au tulle de la première communion. Les cahiers de mode, les ballots de tissus, fleurant bon les longs voyages, à fond de cale, sur les océans lointains, échouent dans le vestibule délabré.
- La petite grandit à vue d'oeil !
- Elisabeth, tiens-toi droite, le buste bien dégagé. Surtout ne t'appuie pas au dossier du fauteuil.
- Il faudrait changer de couturière, celle-ci ne sait pas piquer droit.
- N'oublie pas tes Pâques. Ne lève pas les yeux de ton ouvrage de tapisserie. Ta beauté et tes bonnes manières feront le reste.

Les tantes Adélaïde, Luce-Gertruce, Angélique tourbillonnent autour de la Petite. Surveillant son poids et sa taille.

- Je vais me marier. Ma mère a dit oui. Et moi aussi j'ai dit oui, dans la nuit de ma chair. Aidez-moi ! Dites-moi, vous, ma mère ? Conseillez moi ! Et vous, mes tantes ? Est-ce l'amour ? Est-ce bien l'amour qui me tourmente ? Je crois que je vais me noyer.

- Est-ce donc ainsi que les filles vivent ? Je te bichonne, je te coiffe. Je t'envoie à la messe et au catéchisme. Je te cache la vie et la mort derrière les grands paravents, brodés de roses et d'oiseaux exotiques. Ce sont les sauvages qui laissent tomber les nouveaux-nés dans le lit des mères. Tu sais bien, les tout-petits-petits, à la face chiffonnée, qu'on trouve au matin, enveloppés de langes et de laine blanche ? Auprès d'une jeune maman exténuée qui sourit.

Les collines émergent des bas taillis. La blancheur abrupte, tachetée de noir, du gneiss piqué d'arbres nains, clairsemés. La Forêt toute proche. Les praires de grèves ! Joncs, « rouches », herbes à bernaches et foin de mer livrés au vent. Comme une eau moutonnante, en bordure du fleuve. Le marié brandit son fouet sur le ciel de juillet. Il montre les îles, les nomme lentement, comme des personnes. Fait les honneurs de ses terres à sa jeune épouse.

L'île aux Corneilles, l'île Providence, l'île aux Patins, la Grosse île, Paysage d'été, bleu de brume chaude. Les longues étendues des grèves vaseuses. L'odeur de la marée basse emplit l'air lourd. La ligne de l'eau se perd sur le ciel. On ne voit pas l'autre rive du fleuve. J'ai bien le temps de vivre avec mon jeune mari. Quelques années à peine de violence et de désespoir. »









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