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Un livre à lire : La fin des lycées Robert Bréchon (Ed. Grasset)
Il vous paraîtra étrange que l'on présente dans les « Entretiens » un livre qui semble, par son titre, s'adresser aux professeurs et plus particulièrement aux professeurs de l'enseignement secondaire français, dont on sait combien leurs problèmes sont à l'ordre du jour depuis mai 1968.
Il est peut être intéressant, direz-vous, de se renseigner sur un sujet comme celui-ci et de lire un témoignage vécu sur la vie d'un lycée français de province, mais qu'apprendrai-je qui me sera utile pour mes problèmes de père ou de mère de famille ?
L'auteur, Robert Bréchon, apporte lui-même la réponse à cette question : « Je n'ai pas voulu faire une chronique mais pas non plus un ouvrage documentaire. Mon but serait atteint si mes observations éclairaient indirectement d'autres problèmes que ceux de l'enseignement, si d'autres que des proviseurs ou des professeurs pouvaient en me lisant reconnaître leur propre expérience
»
Ce journal est écrit par un homme intelligent et sensible qui fait preuve de richesse de sentiments, d'originalité et de clairvoyance tout au long de ces 225 pages.
Les parents auront tous à apprendre de cette expérience et découvriront un visage de l'école, des enseignants, des adolescents, de la contestation actuelle, qui dépasse le lycée français et éclaire les problèmes éducatifs du monde entier. Que Robert Bréchon nous parle de la mixité, de l'autorité, de la cassure entre les générations, de l'agressivité, de la drogue, de l'orientation scolaire et de bien d'autres sujets, il le fait toujours avec une pénétration, une finesse et une lucidité exemplaires. D'autre part, le lecteur trouvera à chaque page ou presque une formule incisive qui nourrira sa réflexion. En voici quelques exemples :
- Diriger les hommes, c'est aussi savoir utiliser leurs défauts.
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La liberté des enfants est à la fois nécessaire et impossible.
- On n'est pas professeur une fois pour toutes, on le devient presque chaque jour.
- La vraie autorité se moque de l'autorité.
- La cause essentielle de l'hostilité presque générale (hostilité contre les réformes), c'est la peur du changement qui est une paresse mentale.
- Chacun de nous est plus riche que sa biographie.
- Quiconque a une personnalité doit sans cesse coudre ses idées à ses actes et ses actes à ses idées, sans quoi l'action est folle ou la pensée impuissante.
Il nous a paru que la lecture de « La Fin des lycées » pouvait parfaitement - et paradoxalement - marquer un commencement d'année scolaire en suscitant non pas des idées pessismistes comme pourrait le suggérer le mot « fin », mais au contraire de l'espérance, car c'est bien dans cet esprit de renouvellement que Robert Bréchon a écrit son livre.
Voici un extrait : L'autorité
« L'autorité n'est ni une faculté innée ni une technique apprise, mais une manière d'être. Ou plutôt elle est une sorte de langage qui parle à notre insu par notre comportement, nos gestes, nos intonations, présentant aux autres une image de nous-mêmes qui est le reflet de notre personnalité non pas sans doute véritable, pourtant la seule qui soit socialement vraie. L'autorité ne résume pas la qualité ni la vérité d'un homme, mais elle a tout de même à voir avec cette vérité, avec cette qualité. Nous déchiffrons sur les yeux, dans la voix et les mains des autres des messages par lesquels ils nous font éprouver la consistance de leur être, et notre conduite à leur égard se conforme aux enseignements que nous en tirons ».
« J'ai presque toujours remarqué que dans cet affrontement silencieux qui est d'une certaine manière une relation de force, la force véritable est du côté de celui qui ne la brandit pas, ne l'utilise même pas, ne s'en encombre pas. La vraie autorité se moque de l'autorité. La rechercher, la vouloir, la fabriquer, c'est la manquer. J'en vois des exemples tous les jours. Je me souviens d'un professeur qui, dès le début de la première classe de l'année, croyait devoir avertir ses élèves. « Vous savez, avec moi, il ne faut pas essayer de chahuter, ça ne prend pas
, etc ». Il allait à coup sûr au-devant des pires difficultés et sa méthode ne valait guère mieux que celle de cet autre collègue qui croyait naïvement désarmorcer les tentatives de désordre en avouant aux élèves :« J'ai la réputation d'être chahuté, mais ça va changer
» Dans une certaine mesure, dans la relation d'autorité comme dans l'art, on reçoit ce qu'on donne. »
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