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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Frères et soeurs d'un enfant «pas comme les autres»

Il nous faut penser à la situation de nos enfants normaux qui ont un frère ou une soeur handicapé. Comme adolescents, ils sont plus atteints que les parents par le sort de leur frère ou de leur soeur.
Leur vie en est imprégnée, ils sont marqués. La discrimination à l'égard du handicapé les atteint également. Alors que nous, parents, avons pu choisir notre partenaire sans être chargés par notre sort futur, nos adolescents portent déjà un poids.
Je connais différents cas où des fréquentations ou des fiançailles ont été rompues pour la seule raison que le fiancé ou la fiancée avait un frère ou une soeur handicapé.
Ses frères et soeurs, et les familles dans lesquelles ils se marieront un jour, doivent savoir s'il y a un risque que des handicapés naissent à la génération suivante.
Une discussion franche, et cela dès la plus tendre enfance, est indispensable. En tant que parents, nous n'avons pas le droit d'attendre simplement que nos enfants viennent à nous avec leurs questions et leurs problèmes.
Combien portent seuls leur souffrance à cause d'un frère ou d'une soeur handicapé, sans pouvoir la partager.
Nous savons aujourd'hui l'importance d'un dialogue ouvert pour démolir les tabous abusifs. Dans une famille, l'enfant handicapé est souvent un tel tabou, dont on ne parle jamais.
Cela fait déjà bien des années que je cultive le dialogue avec mes enfants. On ne peut pas le faire une fois pour toutes, dans un entretien solennel. Le dialogue, adapté à l'âge, doit être constamment recherché et repris.
Une première occasion s'est présentée un jour que des camarades d'école de mes enfants étaient venus en visite. Très étonnés, ils se tenaient devant notre aînée. Ils ne comprenaient pas ce qu'elle disait, et ses gestes saccadés les faisaient rire.
« Votre soeur est amusante », disaient ceux qui avaient le plus de tact.
« Hein, elle est bête », disaient d'autres plus réalistes. Un tel reproche atteint plus les frères et soeurs que le handicapé.
C'est le moment de saisir la balle au bond et d'expliquer que le handicap mental est la conséquence d'une maladie dans le cerveau ; de même qu'une pneumonie laisse une cicatrice dans le poumon, la maladie du cerveau laisse des dégâts. Il n'y pas lieu d'en avoir honte, dis-je aux enfants, cela peut atteindre chacun.
Ensuite, nous avons joué tous ensemble et les invités ont eu la possibilité d'observer à fond notre Sabine. Déjà, à leur seconde visite, ils considéraient son handicap comme tout naturel.
C'est dans la famille qu'il est le plus facile d'avoir une attitude libre et sans contrainte, mais qu'en est-il hors de la protection du foyer ?
En tant que membre du conseil des parents, je dois souvent aller dans l'école de ma plus jeune fille. La cour est pleine du bruit des enfants qui jouent. Cela effraie Sabine qui m'accompagne, et elle se bouche les oreilles, en tenant sa tête penchée : un spectacle curieux pour les enfants. La petite soeur réagit bientôt : « Ne viens plus avec Sabine pendant la récréation, cela me gêne ». Je continue pourtant, et Annette a perdu l'habitude de se gêner.
Mon naturel l'encourage à être naturelle, mais c'est un long processus de maturation jusqu'à ce qu'elle trouve la liberté intérieure.
Il y aura toujours des situations où nos enfants auront à souffrir de l'incompréhension de la société. Il importe que nous, parents, nous les voyions en face, sans détourner nos yeux, ni nous taire.

La jalousie

Un autre problème auquel nous avons à faire face est celui de la jalousie.
Nos enfants peuvent observer chaque jour que nous consacrons plus de temps à l'enfant handicapé. Il nous faut, en effet, le stimuler et l'entraîner constamment. Et les autres ressentent souvent que la mère a pour eux moins de patience, moins de temps, moins de compréhension.
Je suis très reconnaissante que ma fille de douze ans ne se gêne pas de dire ce qu'elle pense :
« Oui, oui, pour Sabine, tu as toujours le temps !», ou bien «Maintenant j'aimerais aussi être seule avec toi, pas toujours seulement Sabine ! ».
Ces remarques m'ont amenée à mieux me contrôler.
Je sais que je dois aussi consacrer du temps spécialement à mes autres enfants. Nous faisons parfois une promenade ensemble, ou un tour en ville. L'hiver dernier, nous avons fait un voyage de trois jours en Suisse. Cela a beaucoup contribué à la guérison de la jalousie, et ma petite révoltée était muette de bonheur d'avoir une fois sa maman rien que pour elle.
Nous parlerons ouvertement de ce problème. J'essaie d'expliquer à mes deux plus jeunes que Sabine cesserait de faire des progrès si je ne la faisait pas constamment s'entraîner.

Responsabilité des frères et soeurs

J'aimerais, peu à peu, arriver à obtenir que ses frères et soeurs prennent une part dans la thérapeutique d'occupation de Sabine. Peu à peu, je pense pouvoir éveiller un certain volontariat pour cela. Bien sûr, des enfants sains ne doivent pas être forcés de s'occuper sans arrêt de leur frère ou sÅ“ur handicapé. Ce danger est surtout grand si le handicapé vient après les autres et que ceux-ci sont alors en âge de faire la bonne d'enfants.
Le temps libre d'un enfant lui appartient, il en a besoin pour se développer. Il doit pouvoir jouer et s'amuser librement avec ses camarades. Ce n'est que quand une certaine maturité sprituelle est atteinte qu'on peut, de temps à autre, lui confier la tâche de s'occuper de sa sÅ“ur handicapée. Mais il serait faux de vouloir développer son sens de la responsabilité seulement envers l'enfant handicapé.
Depuis un an, notre Dorothée aide presque chaque jour, avec beaucoup d'application, aux soins à donner à un bébé du voisinage ; elle a choisi librement cette tâche. Cette nouvelle responsabilité se reflète dans son attitude envers Sabine. Elle est plus attentive et pense à tenir compte de son handicap.
Il ne nous faut pas seulement nous garder de priver nos enfants de leur temps libre, nous devons aussi éviter de bloquer leur avenir.
Il m'est arrivé souvent, dans notre village, d'entendre des gens bien inattentionnés, mais irréfléchis, nous dire en guise de consolation, en présence de tous les enfants :
« C'est bien que Sabine ait des frères et soeurs, ils pourront la recueillir, plus tard ! »
J'ai toujours protesté contre une telle consolation. L'expression d'une telle attente serait un blocage pour un enfant sain.
Le sens de la responsabilité pour leur soeur handicapée ne doit pas dépendre de telles stupides obligations moralistes. Il doit découler seulement de l'amour, qui est libre. C'est pourquoi je ne me lasse pas de représenter d'une manière positive le fait d'avoir un enfant handicapé, car les frères et soeur doivent aimer leur destin.
Un enfant handicapé nous fait comprendre des notions de vie qui restent cachées à d'autres. Je le répète constamment aux deux petites sÅ“urs de Sabine.
Nous apprenons à être reconnaissants pour des choses qui semblent bien aller de soi, comme notre santé et notre joie.
L'élément faible de la famille ouvre les yeux des frères et soeurs sur tous les handicapés et les mutilés dans le monde.
Le sens de la vie s'éveille dans la connaissance de la faiblesse, car c'est là que commence la merveille divine de l'amour.









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