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A propos d'une chambre vide

Qui a fait l'expérience première du lieu en trouve ensuite partout ; qui en a été frustré en cherche partout en vain. Dr Paul Tournier


Voilà, sa chambre est vide, débarrassée des nombreux bibelots, ceux qu'elle a emportés dans sa valise, ceux qu'elle a serrés dans l'armoire à l'abri de la poussière qui, pendant une longue année d'absence, au-delà des mers, va tomber sur les souvenirs.
Elle a choisi de partir ; elle est partie. Elle sait qu'il y aura des moments difficiles où l'envie presque irrésistible la prendra de revoir sa chambre, son « lieu ». Un lieu qui était bien à elle, toute seule, elle qui doit maintenant partager sa vie avec quatre frères et soeurs. Et pourtant elle est partie sans anxiété, fière, excitée, heureuse à l'idée de cette expérience en pays étranger. Sa chambre est vide. Comment ne pas penser au rôle joué par cette chambre encore toute chaude de sa présence. Cette chambre qui prend dans l'appartement si calme valeur de symbole.
N'est-ce pas peut-être parce que nous avons admis qu'elle soit « son lieu » bien à elle, qu'elle a pu le quitter avec autant de facilité et de solidité en elle ?
Nous revoyons la chambre de notre bébé-fille : tapisserie lumineuse - n'avions-nous pas lu sous la plume de psychologues avisés que la couleur jaune stimulait l'esprit ? - le moïse froufroutant occupant à lui seul tout l'espace.
Puis le lit-cage remplaça la corbeille d'osier ; les rayonnages à jouets et la frise joyeusement décorée cachèrent en partie la tapisserie ; le linoléum que l'on peut mouiller, essuyer et sur lequel on peut si bien glisser à toute vitesse une jambe repliée sous son derrière, recouvrit le parquet.
Il y eut le jour de l'inauguration de la maison de poupée dans laquelle on pouvait se tenir debout, et celui de sa démolition ; il fallait bien faire une place au bureau de l'écolière, à la nouvelle armoire à vêtements et à l'étagère-vitrine pour les collections de poupées.
Et tout à coup -tellement vite- est arrivé le moment où la fillette glissant vers l'adolescence a su exactement ce qu'elle voulait faire de son cadre.
Pots de peinture, pinceaux - La couleur jaune disparaît définitivement sous un orangé et un bleu éclatants, une paroi de chaque couleur. Le coffre de bois clair se couvre d'un noir brillant, des coussins colorés, de petites tables dispersées, le tourne-disques, des fleurs de papier géantes…
Cette fois ce n'est plus la chambre préparée par papa-maman, c'est « ma » chambre. Comme nous aimions y venir, lorsque nous y étions invités, prendre « son » café, servi dans « son » service de céramique rouge (tellement plus chic que le « Vieux-Nyon » de maman) et découvrir, sans paroles, ses états d'âme simplement en contemplant les murs.
Il y a eu la période pop où les parois disparaissaient sous les dessins farfelus et les photos de chanteurs chevelus.
Il y a eu la période artistique : au feu les barbus inconnus, place à Buffet, Kandinsky et Picasso.
Et puis il y a eu ces visages d'enfants de tous les pays du monde, visages joyeux, mutins, tragiques… et nous sentions en les regardant que l'adolescente doucement évoluait, que d'autres pensées la préoccupaient.
Elle a quitté sa chambre. Est-ce parce que nous l'avons laissée la modifier à sa guise, en essayant de comprendre son choix, en admirant souvent, en respectant toujours son coin à elle que l'oiseau a pu en dernier lieu quitter son nid sans peine et qu'il y reviendra, nous le souhaitons, joyeusement, le moment venu ?
Peut-être… Et nous avons alors adressé une pensée de reconnaissance au Dr Paul Tournier. Dans un livre qui n'est pas récent mais qui garde toute sa valeur et son actualité, « L'homme et son lieu » (Ed. Delachaux et Niestlé), il a su faire sentir l'importance extrême du lieu au sens tout concret et matériel du terme : « qui est fortement enraciné dans son lieu est d'autant plus apte à entrer en communion profonde avec tous les autres lieux du monde ».
« Pour l'enfant déjà, la grande affaire dont dépendra toute sa vie c'est de prendre conscience de lui-même en tant que personne. Or, cela dépendra dans une large mesure du respect que ses parents auront de son lieu personnel : sinon d'une chambre, du moins d'un petit coin bien à lui où il puisse laisser un jeu inachevé sans qu'on vienne le balayer ; sinon une armoire, au moins un tiroir où il puisse enfermer ses trésors ».
Relisons Paul Tournier qui nous apprend comment découvrir notre lieu, et comment le quitter.









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