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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Foyer et profession

Encore, nous direz-vous, un article sur le travail de la femme… Rassurez-vous, notre propos n'est pas de mettre soit les unes (sans profession) soit les autres (qui travaillent) mal à l'aise à coup de phrases-massues telles qu'on les pratique à longueur de pages dans n'importe quel journal, par exemple :

« La femme qui reste à la cuisine et l'homme qui travaille au dehors n'ont rien à se dire ».
« Notre ère est caractérisée par le travail professionnel des femmes, mais leur plus noble métier reste quand même celui d'épouse et de mère».

A chacune sa vérité, selon mille facteurs qui tissent la trame du moment que nous vivons : aspirations personnelles, nombre et âge des enfants, possibilités matérielles, résistance physique et nerveuse, métier, caractère et horaire du mari…
Loin de nous par conséquent la prétention de faire le tour du problème, nous désirons simplement nous encourager mutuellement à garder une attitude positive, sans remords ni complexes destructifs, quelle que soit la voie que nous avons choisie « pour le moment ».

Voici donc quelques points de vue :

L. H. 33 ans
2 enfants de quatre et huit ans

J'ai décidé de me retirer de l'orchestre, de renoncer aux concerts et à mes élèves de piano.
La maladie est venue à propos pour sonner l'alarme et me tirer de l'engrenage; alors j'ai pu mettre de l'ordre sur l'échiquier et méditer certaines phrases-clefs :

« Je me suis demandé pourquoi votre fils était moins à son affaire en classe, il paraissait nerveux et négligeait son travail; quand j'ai reçu les programmes des concerts que vous prépariez, j'ai cru comprendre… »
« Ton mari aurait besoin de te sentir plus disponible ces temps, que tu suives son travail avec plus d'intérêt… »
« Vraiment on a l'impression que ton rôle de maman, c'est ce que tu dois encore vite assumer en plus… »

Mais oui, il fallait tenir le ménage, respecter le train-train quotidien travailler les partitions, vite coucher les enfants, trouver de l'aide pour enfiler délicatement le clavecin dans la voiture, attendre anxieusement le retour de papa pour filer à la répétition, rentrer tard assez excitée pour s'endormir avec peine et se lever tôt le lendemain !

Je reprendrai plus tard bien sûr; en attendant, la satisfaction des enfants quand je leur ai dit ma décision m'a bien récompensée, et ma conscience se porte mieux.
En revanche j'ai averti les enfants que j'avais quand même besoin de musique et qu'ils devaient respecter mes heures d'accompagnement; à part cela j'ai gardé des occupations qui me « rechargent les batteries » sans me fatiguer : un comité de rédaction, des cours de rythmique, de yoga et de précieuses amitiés qu'il ne s'agit pas de négliger.

J'ai compris que je suis « émancipée » en ce sens que j'ai pu choisir de rester à la maison et de garder certaines occupations en veilleuse.

P.S. Alors que j'écrivais ces quelques lignes, j'ai dû céder aux insistances de ma fille. C'est ainsi que nous avons, elle et moi, trouvé moyen, entre deux paragraphes, de jouer aux puzzles, chanter des chansons et faire une petite promenade.


Madame M. Aulas, 33 ans, infirmière diplômée, deux enfants de six et neuf ans,

- pas de problèmes scolaires
- une jeune fille de toute confiance, logée dans l'appartement, qui aide au ménage (pour une année à Genève).
- habitation dans un quartier central et très proche du lieu de travail.

Pour ces diverses raisons favorables, j'ai pu reprendre un travail hospitalier à temps partiel (prématurés à la maternité) quatre matinées par semaine : lundi, mardi, mercredi, vendredi de 8 h. à 12 h. Je travaille rémunérée à l'heure, ce qui me permet d'interrompre quand je veux mon travail quand cela s'avèrerait nécessaire (maladie ou autre motif).
Je suis également libérée de mon travail pendant les vacances scolaires, ce qui est très important.

Mes enfants poursuivent au Conservatoire des activités musicales que je suis entièrement, étant là chaque après-midi, le jeudi et le samedi toute la journée.

Grâce à une bonne organisation je puis jouir à nouveau de satisfactions professionnelles et ma vie est pleinement équilibrée, sans aucun surmenage; bien au contraire, cette reprise de contact avec ma profession est un enrichissement et un renouvellement certains, et ne nuit en aucun cas au déroulement de la vie quotidienne. On est moins « au service » de ses enfants, cette aération est très bienfaisante pour tous.

Autres activités :
1. Responsable d'un groupe de jeunes femmes de la paroisse de Malagnou : 1 soirée et 1/2 après-midi par mois.
2. Fait partie d'un groupe de travail de l'A.S.I.D. (association suisse des infirmiers et infirmières diplômées), pour l'étude des conditions du travail infirmier : 2 soirées et 2 1/2 après-midi par mois.
3. Membre d'un comité de crèche : 1 soirée toutes les six semaines.


S.S., 28 ans,
1 enfant de 14 mois. Médecin

Trois mois après la naissance de mon fils, j'ai repris mon travail à plein temps. Je suis médecin et ma profession me donne entière satisfaction; malheureusement, c'est un métier fatiguant et il n'y a dans ma branche (la pédiatrie) aucune possibilité de travail à mi-temps.
Notre enfant est à la maison avec une jeune fille qui a toute ma confiance : elle est intelligente et aime les enfants.
Mon ménage est organisé de façon à donner le moins de travail possible et quand je rentre à la maison je ne m'occupe que de mon fils et de mon mari. J'ai besoin de mon activité professionnelle pour mon équilibre, je suis impatiente de nature, tendue, si je n'ai pas mon travail à l'hôpital. Ma présence à la maison - il est vrai - est quantitativement réduite, mais je crois que qualitativement elle est meilleure.
J'ai le besoin et la patience de jouer avec mon fils, je m'occupe entièrement de ses soins matin et soir et très souvent aussi à midi. Jusqu'à présent c'est un enfant souriant et facile qui semble être heureux et c'est, je crois, le critère qui me permet de continuer mon travail.
Si, par contre, plus tard, je vois que son développement est perturbé, j'arrêterai pour un certain temps.
Pour le moment j'essaye d'être attentive aux petits signes d'alerte (comme par exemple un sommeil perturbé) tout en tenant compte des changements naturels qui font partie du développement normal de chaque enfant.



Madame R. Hutmacher Assistante sociale. Deux enfants.

Je suis assistante sociale de formation et ai travaillé une dizaine d'années à temps plein lorsque j'étais célibataire puis mariée sans enfants. A la naissance de ma première fille, j'ai réduit mon activité professionnelle de 50%. Quatre ans après, peu de temps après une deuxième naissance, j'ai abandonné mon poste, après bien des hésitations, tout en conservant un travail très partiel pour me maintenir tout de même dans le courant.
Aujourd'hui, les enfants ont quatre et huit ans. Depuis un an déjà je caressais l'idée de me réengager plus complètement dans la vie professionnelle. Brusquement, l'occasion se présenta : un remplacement au pied levé pendant quelques semaines à temps plein. Très enthousiaste, j'accepte et m'organise le mieux possible pour harmoniser cette nouvelle fonction avec celle de mère, d'épouse et de maîtresse de maison. Cela implique une organisation très stricte aussi bien au bureau qu'à la maison.
Au bureau, c'est la course contre la montre. Pas une minute à perdre. Les échanges avec les collègues sont limités au cadre bien précis du travail. Il faut en quelque sorte se protéger des intrusions interpersonnelles qui tout naturellement s'établissent lorsque des hommes et des femmes se trouvent huit à neuf heures ensemble à partager les mêmes intérêts et à poursuivre le même but.
A la maison, l'équilibre familial est modifié. Ma vie professionnelle et familiale se transforme, ainsi que celle de mon mari et de mes enfants. Sans prétendre que je suis indispensable, je constate que mon absence prolongée de la maison pose quelques problèmes… Les enfants qui sont en général d'excellente santé tombent malades l'un après l'autre. Est-ce un hasard ?
Le matin, une tension assez marquée règne dans la maison. Chacun est rivé sur son heure de départ et sur les choses qu'il doit emporter. Tout le monde projette son attention sur l'extérieur et personne n'est plus disponible pour coordonner les efforts, aider à rechercher le cahier introuvable, ajuster plus joliment une coiffure, prendre un message. Bref, il manque quelqu'un qui reste là et veille au départ des autres.
Je crois avoir la force de cumuler ces différents rôles parfois très imbriqués et même concurrentiels. En plus, une jeune fille hollandaise au pair me seconde un peu. Mais, après tout, je ne suis pas en situation de devoir absolument maintenir une activité professionnelle à temps plein, (le revenu de mon travail n'est pas indispensable à ma famille) et j'ai fini par abandonner le temps plein. Ce n'est pas une question de forces, mais de choix. En partant à huit heures de la maison et en n'y revenant qu'à 19 heures avec un court passage à midi, j'ai ressenti en effet une véritable frustration. Je me sentais privée du plaisir d'être avec mes gosses, de jouer avec eux, de bavarder; privée de ne plus avoir le temps et la disponibilité d'aménager mon appartement pour le rendre accueillant au-delà de la simple propreté, privée aussi de ne plus pouvoir « perdre du temps » (c'est à dire en avoir pour moi).
Une vie où aucun écart d'horaire n'est plus possible sans engendrer la désorganisation pour le reste de la journée ou même de la semaine n'est vraiment pas drôle! En plus, à plusieurs reprises, je me suis demandé s'il n'était pas stupide que je me trouve au bureau alors que les enfants faisaient leurs tâches avec une jeune fille qui parle mal le français, par exemple.
Cependant, cette expérience fut loin d'être négative : tout d'abord elle m'a libéré d'une certaine nostalgie de la vie professionnelle et m'a permis de me sentir revalorisée dans le rôle de mère de famille et animatrice d'une maison, où il est parfois difficile de dégager la valeur de tant d'activités fragmentées qui dépendent de l'horaire des autres.
Mais c'était aussi l'occasion de prendre conscience de l'ambiguïté du rôle de la femme dans notre société : tenir une maison n'est plus assez riche en comparaison avec une vie professionnelle; accepter un poste professionnel à temps plein c'est nier un certain style de vie familiale et le travail à mi-temps en général empêche d'accéder à des postes de responsabilité, donc réduit l'intérêt de la vie professionnelle. Peut-être n'y a-t-il pas de solution à ce problème avant que l'horaire de travail des hommes ait aussi été fortement réduit, ce qui permettrait de redéfinir les rôles dans la famille aussi bien que dans le travail. En attendant, j'ai eu la chance de trouver un travail intéressant à mi-temps avec responsabilité. Mais je sais que ce n'est là qu'une solution individuelle à mon problème, pas à celui de toutes les femmes.









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