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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Les douze premiers mois
Parler du « métier de parents », n'est-ce pas donner un nom pompeux à une occupation vieille comme le monde ?
On s'aperçoit, à y regarder de plus près, que c'est un métier qui se pratique sans apprentissage. Or il faut au moins un an d'études pour devenir nurse, trois ans pour devenir infirmière pour enfants, deux ans pour être jardinière d'enfants. Tandis que les parents, eux, devraient savoir tout faire par la vertu de dons spéciaux qui leur viendraient d'où ? Ils doivent savoir ce qui est indispensable, mais que l'enfant ne réclame pas, et comprendre à demi-mot ce qu'il réclame à sa manière, par son comportement.
La difficulté est que les choses les plus importantes pour l'équilibre du futur adulte ne sont pas des choses visibles. Les parents s'avancent en terrain inconnu en comptant sur l'instinct, l'intuition
et paient cher leurs erreurs.
L'Ecole des Parents de Genève et Pro Juventute ont mis au point une série de 12 « messages » qui attirent l'attention, chaque mois pendant la première année de vie, sur ce qu'il importe d'observer chez le nourrisson. Ils expliquent le développement, le comportement aux différents stades, les attitudes à adopter. Ils insistent aussi sur le fait qu'il n'y a pas d'enfant type, donc sur la souplesse des réactions souhaitables. Un abonnement à ces 12 « Messages mensuels aux jeunes parents » serait un joli cadeau à faire à l'occasion d'une naissance. On peut s'adresser à l'Ecole des Parents, 11, rue de Chantepoulet, Genève, CCP 12-3108, prix Fr. s. 15.
Nous en publions ci-dessous quelques extraits significatifs :
Deux moments essentiels
1. - L'allaitement maternel est excellent pour plusieurs raisons. Il assure d'abord la meilleure nourriture possible au bébé; le nourrissant au sein, vous lui permettez un bon « démarrage » pendant cette période délicate d'adaptation à la vie. D'autre part, l'apport direct de votre lait, sans l'intermédiaire du biberon, le contact de votre peau, la chaleur de votre sein vont, dès le départ, contribuer fortement à développer en lui ce sentiment de sécurité qui pour lui est essentiel. Enfin, l'enfant se fortifie par l'effort qu'il fait en tétant le sein, alors qu'il reçoit plus passivement ce qui coule aisément du biberon. Mais les débuts ne sont pas toujours faciles. Essayez néanmoins assez longtemps, soyez persévérante, cela en vaut cent fois la peine !
Et pourtant, si pour différentes raisons, cela se révélait tout à fait impossible, ne vous désolez pas. Un enfant peut très bien, sans en souffrir outre mesure, être élevé au biberon.
Si vous nourrissez votre enfant à la bouteille, prenez-le dans vos bras pour son repas comme si vous lui donniez le sein et si possible dans vos bras nus afin qu'il sente votre peau. Le nouveau-né, qui peut paraître indifférent, a un très grand besoin de se sentir à l'abri et d'avoir un contact charnel étroit avec sa mère.
Vous aurez peut-être un peu de peine à trouver la nourriture qui lui convient le mieux; dans ce cas, les conseils du pédiatre ou de l'infirmière attachée à la consultation de nourrissons vous seront très utiles.
Ne vous inquiétez pas si la courbe de poids n'est pas très régulière au début. Une fois le bon régime instauré tout ira bien.
Sera-t-il un gros mangeur, dormant plusieurs heures entre les repas ? Ou, au contraire, se montrera-t-il vite repu, mais ayant besoin d'être nourri plus souvent ? Observez-le et adaptez le rythme des repas à ses besoins particuliers : tous les estomacs ne sont pas de la même grandeur et tous les nourrissons ne digèrent pas forcément à la même vitesse ! Après quelques jours de tâtonnement, votre enfant vous fera comprendre quel est l'horaire qui lui convient. Vous pourrez alors vous y conformer avec régularité.
Des relations harmonieuses entre l'enfant et ses parents valent mieux que l'application rigoureuse d'un horaire trop strict.
Ce n'est pas « gâter» un bébé que de tenir compte de ces constatations. C'est s'adapter et agir avec souplesse. Par conséquent, ne craignez rien et ne dites pas qu'il vous « mène déjà par le bout du nez !»
2. - Le bain. Prenez votre temps afin de pouvoir le faire durer au moins cinq minutes, car le bain n'a pas seulement une valeur hygiénique : c'est un moment privilégié où votre enfant éprouve avec tout son corps l'intérêt que vous lui portez.
C'est pour une grande part au travers des soins physiques qu'il se sent aimé. Il s'attache à la personne qui le nourrit et qui le baigne. Ainsi donc, si les circonstances vous obligent à confier votre petit à quelqu'un d'autre, arrangez-vous dans toute la mesure du possible à être là soit pour lui donner à manger, soit pour le baigner ou le coucher.
Si les contacts que vous avez dans ces moments-là sont heureux, toute la vie ultérieure de l'enfant peut s'en trouver favorablement influencée. Tels sont ses premiers contacts avec « la société ». Qu'ils soient positifs et les suivants auront beaucoup plus de chances de l'être également.
Les séparations
Le troisième mois après l'accouchement marque la fin de certains congés de maternité. Comment allez-vous vous organiser si vous êtes obligée de reprendre votre travail ?
Y êtes-vous vraiment obligée ?
Des liens importants se sont déjà créés entre votre enfant et vous. Il faut y penser et chercher la solution qui vous permettra d'entretenir au mieux ces relations. Elles sont indispensables à son développement.
La meilleure solution dans le cas d'une séparation obligatoire est celle qui permet au bébé de rester à la maison avec une personne qui vous remplace pendant vos absences et qui s'inspire de votre manière de faire. C'est de cette façon que l'enfant se sent le moins dépaysé, car il ne quitte pas son cadre.
Les crèches : Si vous êtes absolument contrainte de recourir à une crèche ou à une pension, faites votre choix avec soin, en tenant compte du fait que votre petit n'a pas seulement besoin d'être nourri et changé, mais accueilli et compris. Or, avec la meilleure volonté du monde, le personnel d'une crèche même le mieux préparé ne peut s'attarder longuement avec chacun des enfants qui lui est confié.
Prenez contact à temps avec la personne qui va vous remplacer. Entendez-vous avec elle afin que votre enfant souffre le moins possible du changement. Faites tout votre possible pour que ce « changement de mains » se déroule dans le calme. Agir trop rapidement et quitter l'enfant d'une manière précipitée pourrait lui laisser l'impression que vous l'avez déposé là comme un paquet embarrassant.
Nous l'avons déjà dit et répété : les petits s'attachent profondément à la personne qui les soigne. C'est cet attachement particulier qui les aide à prospérer (bien davantage que la qualité de la nourriture ou l'absence de microbes !).
Si donc vous vous séparez de votre enfant à certaines heures et que vous désirez entretenir les liens créés entre lui et vous, efforcez-vous de trouver le temps de vous en occuper vous-même toutes les fois que cela est possible. Chaque fois que vous lui donnez à manger, que vous le baignez, que vous le mettez au lit, il sent votre amour à travers vos gestes.
Si des raisons majeures vous tiennent éloignée de lui toute la semaine ou davantage, alors attendez-vous à ce qu'il s'attache à votre remplaçante. N'en concevez pas trop d'amertume car il faut se rappeler que sans cet attachement, le bébé cesserait de progresser. On voit des enfants déracinés perdre l'appétit ou le sommeil, s'étioler, devenir apathiques et indifférents. Cela arrive souvent lorsqu'ils n'ont pu établir un bon contact avec la remplaçante maternelle ou qu'ils ont dû changer plusieurs fois de milieu. Cela peut arriver encore lors d'un brusque départ d'une « jeune fille », garde d'enfant ou aide de maison qui, son année terminée, est remplacée du jour au lendemain par une autre personne.
Bien entendu les remarques qui précèdent peuvent également s'appliquer aux séparations survenant à l'occasion de vacances ou d'un séjour à l'hôpital. Pour les vacances (8 à 15 jours ne devraient pas être dépassés), la solution qui permettra à votre bébé de supporter le mieux votre absence est celle qui consiste à le laisser dans son cadre habituel avec quelqu'un qu'il connaît ou éventuellement dans une maison amie où il aura déjà été avec vous.
La propreté
Les difficultés à propos du pot sont souvent le résultat d'un malentendu entre parents et enfant. Celui-ci ne peut considérer comme « sale » quelque chose qui sort de lui. Ainsi donc, d'après lui, qu'il fasse ses selles dans son lit, dans son pot ou par terre, ça n'est pas « bêêê » ou « pfoui » mais c'est « sa » création, c'est bien, c'est lui qui l'a faite et tout seul ! Il ne comprend pas que ses parents ne partagent pas son point de vue.
Devenir propre signifie donc pour l'enfant renoncer à ce qu'il aime. Or tout renoncement, quel qu'il soit, est difficile et demande un effort que l'on ne consent à fournir que si l'on est sûr qu'il fait plaisir.
C'est donc pour faire plaisir à sa maman que l'enfant accepte de « créer » dans son pot (c'est un cadeau qu'il lui fait) puis de voir disparaître son oeuvre dans les W.C.
Vous avez probablement repéré les moments où votre enfant se salit. Si c'est le cas, vous pouvez essayer à partir de maintenant de le mettre sur le pot en l'encourageant à l'utiliser pour y déposer une création aussi précieuse. Si le résultat est tel que vous l'aviez espéré, complimentez-le ! Si au contraire il ne s'est rien passé, ne grondez pas, même si les langes sont salis peu après. Le pot ne lui paraît jouer aucun rôle, il n'y reste pas assis et s'en désintéresse. Il se le mettrait tout aussi bien sur la tête.
Voulez-vous que l'apprentissage de la propreté se fasse facilement? Ne soyez pas hantés par les séances de pot. Ne vous fixez pas de délai. N'entrez pas en compétition avec les parents qui ont un enfant du même âge que le vôtre (ceux qui gagnent ce genre de concours se réservent pour sûr des déboires fréquents ultérieurement ).
Si vous prenez l'habitude de féliciter votre enfant quand il fait quelque chose dans son pot et ne dites rien lorsqu'il n'a rien fait, il fera tout naturellement ses petites déductions :« Pour faire plaisir à maman, il faut faire dans le pot ! » Et il s'efforcera de vous donner satisfaction pour le plaisir de recevoir vos compliments et votre affection.
Par conséquent, si vous faites preuve d'adresse, il y a toutes les chances pour que votre enfant comprenne d'ici quelque temps qu'il serait bon qu'il renonce à salir ses langes.
Dans un climat positif, l'apprentissage de la propreté se fait normalement. Dans une atmosphère de reproches et de gronderies, la relation enfant-parent se déteriore rapidement et n'apporte que des déceptions. (Ou tout de suite, ou plus tard, mais à coup sûr !).
Comment se sentir en harmonie avec une maman qui vous « ennuie » toujours ? Et à quoi bon lui faire un « cadeau »?
De nombreux mois vont passer avant que votre enfant soit « sec », ne cherchez pas à devancer le temps. Ayez la patience d'attendre qu'il puisse commander à ses muscles. Il est tout à fait courant qu'un enfant ne soit pas sec avant 2 ans et demi à 3 ans, voire plus tard.
La propreté ne s'apprend pas en un jour, les enfants y accèdent lorsqu'ils le peuvent.
En attendant, supprimer les langes le plus souvent possible est une bonne chose, car si l'enfant a l'habitude d'avoir des langes mouillés, cette sensation ne lui est pas désagréable. Au contraire, une culotte mouillée qui se refroidit rapidement n'est pas agréable à porter.
Donc, ne lui mettez plus de langes, même si de temps en temps votre parquet est mouillé ! Si vous aviez un jeune chien ou un petit chat, vous supporteriez cet ennui; acceptez-le aussi de votre enfant !
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