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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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Que faire?
« … Lequel de nous deux a raison ?
Mon mari est pour la sévérité. Il est beaucoup plus exigeant que moi et blâme volontiers. Il me reproche d'être faible à l'égard des enfants parce que j'évite de punir. J'essaie toujours de voir ce qui va bien… »
Ce n'est guère étonnant que chacun des parents aborde l'éducation avec une optique particulière : chacun a forcément son caractère, son sexe, son passé, son style. Et le rôle de chacun, au sein de la famille, est différent.
Il n'est pas mauvais que deux pôles présentent aux enfants deux images différentes de l'autorité. Cependant, il vaut la peine de savoir quelle influence peut avoir telle ou telle attitude. Pour le cas où cela vous intéresse, vous et votre mari, voici quelques lignes consacrées au sujet qui vous préoccupe (tirées de « Faire des adultes » de P.A. Osterrieth).
« Les recherches expérimentales (…) indiquent clairement que l'information valorisante a un effet stimulant plus considérable que l'information dévalorisante, qu'il est plus productif de souligner les réussites ou les bonnes réponses que les échecs ou les mauvaises réponses.
… Il y aurait intérêt à ne pas souligner autant qu'on le fait d'habitude, parce qu'elles nous vexent et nous irritent, les conduites dont on souhaite la disparition; c'est ce que fait d'ailleurs l'éducateur avisé qui sait bien qu'en ignorant certains comportements indésirables, il en favorise la disparition. D'autre part, il y aurait sans doute intérêt à souligner plus qu'on ne le fait les comportements heureux dont on aimerait assurer la répétition.
On ne peut s'empêcher de citer à ce propos la belle expérience classique de Hurlock (1925) portant sur 106 fillettes de la 4e à la 6e année primaire, qui devaient résoudre le plus grand nombre possible d'additions de 6 nombres de 3 chiffres au cours de 15 séances successives d'un quart d'heure. Les enfants étaient répartis en quatre groupes de force égale; le groupe A, travaillant seul de son côté, sans aucun commentaire de maître, les trois autres groupes travaillant par contre simultanément, dans un même local. Sans que le résultat objectif de chacun soit pris en considération, les membres du groupe B sont publiquement loués pour leur bon travail après chaque séance, ceux du groupe C sont publiquement blâmés et ceux du groupe D, bien qu'entendant les commentaires adressés à leurs camarades, ne sont ni blâmés ni louangés. Les résultats sont fort nets et peuvent se résumer ainsi :
Résultat moyen du groupe (nombre d'additions)
Groupe A
1er jour 11,8
2e jour 12,3
3e jour 11,6
4e jour 10,5
5e jour 11,4
Groupe B
1er jour 11,8
2e jour 16,6
3e jour 18,8
4e jour 18,8
5e jour 20,2
Groupe C
1er jour 11,8
2e jour 16,6
3e jour 14,3
4e jour 13,3
5e jour 14,2
Groupe D
1er jour 11,8
2e jour 14,2
3e jour 13,3
4e jour 12,9
5e jour 12,4
Autrement dit, partant d'un rendement évidemment semblable, on assiste à la différenciation progressive des quatre groupes. Le groupe-contrôle, isolé (A), ne recevant aucune information de l'expérimentateur, ne fait aucun progrès et marque même une tendance à la régression. Le groupe louangé (B) réalise des progrès substantiels jusqu'à la fin de l'expérience. Le groupe blâmé (C) commence par progresser parallèlement au précédent, puis son rendement diminue et tend à ne plus évoluer. Le groupe ignoré, enfin (D), après un léger progrès, retombe à peu près à son résultat initial. Dans les limites de cette expérience, il apparaît donc :
1) que la louange constitue une stimulation efficace et durable;
2) que le blâme est efficace, mais qu'il l'est moins que la louange et que son effet est moins durable;
3) que la louange et le blâme d'autrui constituent encore une stimulation pour les sujets ignorés, mais son effet est faible et de courte durée;
4) que l'absence totale d'information et de stimulation de cet ordre entraîne un abaissement de rendement.
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