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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Etre grands-parents : une situation enviable?

La situation des grands-parents est vraiment très enviable ! Quel repos lorsqu'on a, pendant des années, voué tous ses soins, toutes ses forces à l'éducation de ses enfants, de tenir dans ses bras un petit être qu'on n'a qu'à aimer mais non plus à éduquer, qu'à distraire mais non plus à discipliner, de pouvoir - enfin ! - « gâter » un peu cette douce petite-fille ou ce vigoureux petit-fils sans se sentir repris dans sa conscience !

Gâter les petits-enfants

Mais halte-là ! Le verbe « gâter » n'a-t-il pas deux sens ? S'il peut signifier « faire un plaisir spécial à quelqu'un », il peut aussi vouloir dire « modifier en mal ». Une pomme est « gâtée » parce qu'un ver l'habite ; la pendule est « gâtée » parce que nous l'avons remontée trop brusquement. Nos petits-enfants, qui étaient « normaux » à leur naissance, peuvent aussi, comme la pomme et la pendule, être « gâtés » par notre faute.
Et nous voilà chargés, nous les grands-parents, d'une lourde responsabilité, juste à l'heure où nous espérions ne plus en porter !
Si notre situation de grands-parents reste pourtant enviable à plus d'un point de vue, elle nous demande cependant beaucoup d'égards, de compréhension, de patience et d'humour.

Comprendre les parents

Que de fois nous avons envie, à l'ouïe de telle théorie médicale, à la vue des innombrables petits flacons de nourriture préparés pour les nourrissons, de dire : « …Mais de mon temps, quand tu étais bébé… Â», oubliant que le problème réside justement là ! « Mon temps » n'est pas « leur temps » et si nous avons essayé de préparer nos enfants à vivre en 1970 eux doivent préparer leurs enfants à vivre en l'an 2000! Et le monde va si vite qu'il n'est pas étonnant - ni toujours regrettable - que les habitudes d'hygiène, d'alimentation, de vêtements, de comportement, de travail, etc., ne soient plus les mêmes qu'il y a 15 ou 20 ans.
Il faut donc nous astreindre à comprendre, à admettre bien des choses de façon à ne jamais créer entre nos enfants et nous des conflits relatifs à nos petits-enfants. Après tout, que les bébés prennent de la viande (préparée bien sûr !) avant d'avoir leurs dents, que les adolescents ne connaissent que rarement la joie de mordre dans un gros «crochon» de pain, ou qu'à 15 ans ils ne sachent pas qui est Alfred de Vigny, est-ce si important ?

Ce qui importe, c'est qu'ils aient compris de bonne heure que maman et grand-maman sont d'accord et qu'il est inutile de demander à l'une le chocolat ou les cerises que l'autre vient de refuser.
Et si, décidément, nous ne pouvons plus supporter les blue-jeans sales, ou les mini-jupes de nos petites-filles, ne disons pas sur un ton pointu « Je ne comprends pas que ta mère le permette», mais disons plutôt :« Tu avais une si jolie jupe et pullover, la semaine dernière, j'aime bien quand tu les mets pour venir ici, c'est fou ce qu'ils te vont bien ».
Donc tant que l'enfant est petit, ne jamais contester l'autorité ou les opinions parentales. Ce qui ne veut pas dire que nous devions tout approuver « in petto » !
Il faut que grand-maman - et même grand-papa - soient autorisés, avec le sourire, à faire quelques infractions à la discipline familiale : permission de se coucher un petit peu plus tard, de « gadrouiller » dans son bain ; assurance que grand-maman ne vous servira - comme par hasard - que des plats qu'on aime, etc. Tant que les infractions se produisent au grand jour et seulement chez grand-maman, l'honneur et l'autorité des parents sont sauvegardés. Mais malheur à nous si, le jour où nous voudrons dépasser les limites, nous disons : « Nous ferons ainsi, mais il ne faut pas le dire à maman ». L'enfant, qui est malin comme un petit singe, profitera bien vite de la situation pour obtenir ce qui lui est refusé à la maison (souvent pour d'excellentes raisons qui échappent à son entendement).

Occuper puis écouter

Mais le temps passe, et le bébé d'hier est devenu l'adolescent ou l'adolescente d'aujourdhui. Alors notre rôle se modifie. Si pendant des années nous avons patiemment joué à l'« homme noir», à la « grenouille », à la poupée et à la dînette, si nous avons voulu - avec toute l'ingéniosité dont nous étions capables - occuper nos petits-enfants, il s'agit maintenant de les écouter.
Ils mènent une vie qui leur demande un gros effort nerveux : circulation dangereuse, programmes scolaires de plus en plus chargés, vie sociale (clubs, soirées, cinéma) de plus en plus absorbante, appartements de plus en plus exigus alors qu'eux ont des membres de plus en plus longs ; d'autre part les parents sont souvent absorbés par leur propre travail, et fatigués eux aussi.
Alors, ce que les adolescents cherchent chez leurs grands-parents, c'est avant tout une présence aimante et paisible, une atmosphère détendue ; quelqu'un à qui ils puissent parler, et qui ait le temps et la patience de les écouter, qui cherche à comprendre leurs cheminements (parfois incertains) sans nécessairement partager leurs opinions. Ils ont un urgent besoin de s'exprimer, de chercher à voir clair en eux-mêmes, en étant sûr qu'on ne se moquera pas, ou qu'on ne prendra pas à la légère ce qui les tourmente (« T'en fais pas, ça passera !»). Heureuse la grand-mère dont le petit-fils disait : « C'est fou ce que grand-maman comprend de choses ».
Peu à peu, mais il faut y mettre le temps, « chez les grands-parents « devient symbole de paix, de repos, de lumière. C'est là qu'on va quand on a assez du collège, des frères et soeurs… ou même des parents !…Et c'est alors que les grands-parents courent un danger : ils risquent de devenir accapareurs. C'est très subtil, mais très réel. Ils peuvent tendre à culpabiliser les parents dans l'esprit de leurs petits-enfants. « Puisqu'on est si bien chez les grands-parents, pourquoi est-ce différent à la maison, les parents n'ont jamais le temps de nous écouter, ils ne sont jamais d'accord, etc. »
Il faut beaucoup de tact et de tendresse pour que les grands-parents remettent les choses en ordre, et pour amener les adolescents à comprendre les problèmes de leurs parents.
Chaque fois que faire se peut, revaloriser les parents, mais ne jamais trahir les confidences des petits-enfants.

Savoir se retirer

Les années passent; les adolescents sont devenus adultes, les grands-parents sont devenus vieux et ne peuvent plus vivre seuls. Où vont-ils aller? Chez un de leurs enfants? Mais c'est de moins en moins possible étant donné l'exiguïté des logements et le manque de personnel. Là encore les grands-parents devront prendre garde. Ils appartiennent déjà au passé, leurs enfants appartiennent au présent et leurs petits-enfants, à l'avenir. Pour toutes sortes de raisons une cohabitation peut ne pas être désirable; en tout état de cause elle pose de nombreux problèmes qui devraient être étudiés à l'avance.
Quelle que soit la situation envisagée, les grands-parents doivent tout faire pour rester ceux auxquels les jeunes auront toujours de la joie à revenir parce que, si modeste que soit la chambre occupée par eux dans une maison pour personnes âgées, ils sauront que là, on est accueilli par un sourire, qu'on est aimé, qu'on est compris.


La grand-maman, 82 ans, ancien membre de notre comité qui a bien voulu écrire cet excellent article a su mettre en pratique tout ce qu'elle nous propose. Nous la remercions vivement de sa contribution.









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