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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURUne société miniature: la garderie Contrairement à ce que son nom désagréable pourrait évoquer, la garderie n'a aucun rapport avec un dépôt où l'on « garde » des « objets », une sorte de consigne pour enfants. C'est le lieu où, après celles faites dans sa famille, l'enfant va faire ses premières expériences de vie de société. On sait combien ces premières impressions vont se graver dans son être tout neuf ! Actuellement, il est de bon ton de chercher, le plus tôt possible, à « socialiser-pour-son-bien » le petit enfant. Cependant, pour un être sensible de moins de trois ans, cette première expérience de vie en groupe risque d'être d'autant plus éprouvante qu'elle se fait hors de la présence rassurante de sa mère dont dépend précisément son sentiment de sécurité. La socialisation a trop d'importance pour l'équilibre et l'épanouissement de l'enfant et de l'adulte qu'il porte en lui pour être faite à la hâte, n'importe comment, dans n'importe quelles conditions. Elle ne saurait se faire sans certaines précautions indispensables, car une « socialisation » mal supportée peut entraîner, tout de suite ou plus tard, pas mal de troubles chez l'enfant et de difficultés pour lui-même et, à coup sûr, pour ses parents. En franchissant le seuil d'une garderie, l'enfant pénètre dans une société miniature où il pourra faire des découvertes et des expériences passionnantes. Cependant, dans ce monde où plusieurs se disputent ce qui, chez lui, lui appartient en propre, chaque enfant n'est plus un soleil mais seulement une des nombreuses étoiles d'un ciel d'été. On comprend dès lors qu'il puisse lui arriver d'y vivre, à son niveau et sans pouvoir l'exprimer, les drames humains de la frustration, de l'incompréhension et de l'abandon. Pour supporter cette épreuve, il a besoin d'une « mère de remplacement », un succédané de mère, si l'on peut dire, qui lui donnera la sécurité nécessaire pour ne pas se sentir noyé ou agressé dans un groupe d'enfants qui sont à la fois ses compagnons de jeu, ses adversaires et ses concurrents. Qui sera cette mère de remplacement ? « Est-il judicieux de parachuter une mère dans une garderie en pensant que les sentiments maternels, de la bonne volonté et un peu d'imagination suffiront pour que tout aille bien ?» se demande une « mère-gardienne » après trois mois d'expérience. « En face d'enfants, j'ai parfois l'impression de me trouver devant des points d'interrogation ». A l'égal de certains musiciens qui n'ont qu'à s'asseoir devant un piano pour savoir en jouer, il est des personnes qui ont le «sens de l'enfant ». Chez elles, une fraîcheur d'enfance leur permet de se mettre dans sa peau pour sentir avec lui, comme lui, ce qu'il ressent. Grâce à cette faculté infiniment précieuse, elles réussissent à réagir juste et peuvent répondre exactement aux besoins de l'enfant en face duquel elles se trouvent. Hélas, les pédagogues et psychologues nés sont rares ! En revanche, heureusement que nombreuses sont les personnes - elles-mêmes mères ou non - qui se sentent attirées vers les enfants par des liens d'amour. Leur présence dans une garderie est bénéfique. La plupart d'entre elles ne demandent qu'à en savoir davantage, chaque information éclairant pour elles un peu de la richesse mais aussi du mystère de l'âme enfantine. Et les jardinières d'enfants ? Jardinières d'enfants et « mères-gardiennes » se complètent. « Que ferai-je avec un groupe d'enfants ? » se demandent les premières. « Comment serai-je avec chacun d'eux ?» devrait être la préoccupation des secondes dans le rôle maternel qu'elles assument. Car au niveau des petits, le geste le plus insignifiant prend de l'importance : « perdre du temps » à consoler un« 18 mois », comprendre l'agressivité d'un « 4 ans » qui se venge à la garderie d'un bébé resté à la maison, rassurer un petit qui ne quitte pas la porte des yeux dans l'espoir de voir entrer sa maman, attendre avec infiniment de patience et de respect que le timide et l'inquiet s'apprivoisent… Une expérience intéressante tentée par l'Ecole des parents à Genève. Convaincue que la société de demain sera d'autant mieux équilibrée que les petits d'aujourd'hui n'auront pas été « gardés », mais aimés et compris dans une atmosphère harmonieuse, l'Ecole des parents a organisé un cours de « formation à la garderie ». Ce cours, bien entendu, n'est pas « scolaire » : la participation active de chaque participante, ses expériences, ses idées, ses suggestions, ses critiques, font l'objet de discussions qui sont un enrichissement pour le groupe. Comment occuper et intéresser les petits ? Que créer avec eux ? L'ENFANT, son comportement, ses réactions, ses besoins. L'enfant et les autres, ses réactions possibles (abandon, agressivité, peur, jalousie). La garderie : lieu de rencontre, d'échanges, de communication des enfants entre eux comme des adultes entre eux… Tout est important à aborder dès lors qu'on sait que la première adaptation à la vie sociale est la base des adaptations futures, celle de l'école en particulier. |
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