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De la solitude à l'entraide dans un quartier neuf
Dans un quartier résidentiel récent, à la périphérie de Genève, la construction d'un très grand immeuble locatif (660 appartements) provoque l'arrivée brusque et massive d'une population déplacée, avec prédomination de jeunes ménages.
Quelques travailleurs sociaux et mamans du quartier prévoient la nécessité d'une garderie d'enfants dans un tel ensemble. La plupart des mamans qui arrivent se trouvent en effet coupées de leurs anciennes relations, accolées sans toutefois se connaître et n'ont pas d'autres lieux de rassemblement que les supermarchés, si leurs enfants ne vont pas encore à l'école. A qui confieront-elles leurs petits quand elles devront se rendre chez le médecin, faire des courses en ville ou simplement se reposer quelques heures ?
Pour ces raisons pratiques, six mamans bénévoles mettent sur pied une halte-garderie, une après-midi par semaine; la paroisse protestante prête un local et, pour garder les enfants, on fait appel aux mamans des petits clients qui seraient disposées à consacrer une après-midi par mois à la garderie.
Ce modeste début devait mettre en évidence les besoins réels de la majorité des mamans et l'orientation à prendre, la commune s'engageant à soutenir cette entreprise si elle s'avère utile. Or, les faits confirment largement l'idée de départ : la moyenne d'enfants reçus par séance atteint 20, et le nombre de mamans bénévoles, un an après, est d'une cinquantaine.
A la garderie, en effet, toutes les mamans qui en avaient besoin ont trouvé une occasion de rencontres et de contacts. L'apprentissage, souvent difficile, de l'encadrement d'un groupe de petits enfants, fait naître un esprit d'équipe et des amitiés. La garderie a fait ses preuves. La commune, avec l'avis des mamans responsables, met à leur disposition et aménage des locaux vastes et rationnels. La garderie peut ouvrir tous les après-midi. L'engagement d'une jardinière d'enfants et d'une nurse permet de nouveaux échanges avec les trois mères-gardiennes qui les aident chaque après-midi.
Depuis trois ans, la vie du groupe de mamans-gardiennes (70 inscrites, actuellement, dont 20 en congé provisoire, occupées qu'elles sont à fabriquer de nouveaux clients
) tient à son utilité et à sa prise de responsabilités.
Des réunions, régulières et amicales, permettent à ces mères engagées de prendre toutes les décisions touchant à la gestion de «leur» garderie; un comité plus restreint de mamans se charge de mettre ces décisions en application. C'est ainsi que d'une année à l'autre, on modifie les horaires, la répartition des locaux
L'aspect social de la garderie est évoqué régulièrement dans ces réunions : « on a fait des connaissances », « si on ne s'était pas vues à la garderie, on n'aurait pas osé s'aborder à la Migros », «on sort de son isolement», « on se sent utile ».
Après une information et un appel diffusés dans toutes les boîtes aux lettres du quartier, des bonnes volontés se sont proposées; un monsieur retraité et des papas ont réparé des jouets; on a donné des jouets, des vêtements, des déguisements
Depuis l'ouverture une grand-mère va acheter chaque jour les petits pains du goûter, une maman lave les torchons chez elle
Tout un réseau d'entraide fait vivre cette organisation bien définie dans ses fondements, mais en même temps souple et familiale.
Le service se développe aussi au niveau des foyers : n'a-t-on pas moins besoin de la garderie depuis qu'on se connaît mieux ! Mais la population du quartier est mouvante; l'effort d'accueil ne doit pas se relâcher. Et l'information circule mieux si elle est confirmée par des contacts personnels.
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