Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

A raconter. La nuit de Noël du chien et du chat

Dominique s'éveille brusquement. Quoi ? Est-ce que c'est déjà Noël ?
Non, la chambre est sombre. Ce n'est pas encore le moment de courir à la cheminée. Et pourtant quelque chose bouge là, près de la fenêtre. Dominique ouvre tout grands ses yeux ensommeillés. Et, à ce moment, une petite voix appelle :
- Eh ! chien, tu dors ?
Aux pieds de Dominique, Faraud, lové sur le couvre-pieds de soie rose, pousse un soupir et remue une patte.
- Allons, réveille-toi !
Une ombre légère s'approche du lit. A ses oreilles courte, à sa queue flexible, Dominique reconnaît le chat de la cuisinière. Que vient-il donc faire ici ?
- Eh ! chien !
Faraud grogne, ouvre l'oeil gauche, baîlle largement en montrant sa langue humide, puis saute du lit et, pataud, retombe sur les pantoufles de Dominique.
- Ah ! zut ! grommelle-t-il.
Le chat lève la patte d'un air de reproche.
- Pas tant de bruit ! Nous serions jolis si le petit se réveillait. Le petit ! Dominique est légèrement froissé. Il a envie de se dresser et de crier ; alors, alors, qu'est-ce que c'est que ces histoires ? Mais il se retient : peut-être que les animaux ne parlent pas, quand ils savent qu'on les écoute ?
- Alors, nous partons ? demande le chat.
Le petit chien lève son museau vers la fenêtre où s'encadre un carré de ciel violet.
- Pas encore, il faut qu'il y ait beaucoup d'étoiles. Sinon, nous ne trouverons pas le chemin.
Quel chemin ? se demande Dominique. Et il redouble d'attention.
- Crois-tu que je sois assez propre ? s'enquiert le chat avec anxiété. Je me suis léché et reléché toute la journée. Mais ces imbéciles d'hommes ont été planter un sapin dans le salon, et j'ai reçu sur le dos je ne sais combien de petites aiguilles. Allez tenir un poil propre avec cela !
Il s'assied, se lèche consciencieusement la patte droite et se la passe derrière l'oreille.
- Moi, on m'a lavé pour Noël, dit Faraud d'un ton dégagé.
- Ah ! ces chiens qui ne savent même pas se laver tout seuls ! soupire le chat en levant au ciel ses longs yeux verts.
Faraud grogne d'indignation :
- Boumfr ! C'est tout simplement parce que ça nous dégoûte, nous autres, de nous lécher tout le temps !
Dominique étouffe un petit rire : il sait combien son chien déteste l'eau.
- Et puis, vous n'êtes pas assez souples, conclut calmement le chat.
- Pas assez souples ? Regarde !
Et voilà que Faraud se couche sur le dos, les quatre pattes en l'air, et se met à frétiller, à tordre la tête, à bouger la queue. Dominique voit son petit ventre blanc haleter, ses longues oreilles danser de côté et d'autre…
- Peuh ! dit le chat dédaigneux. Regarde çà !
Il se met à courir pour attraper sa queue, toujours plus vite, toujours plus vite, tellement qu'on ne distingue plus ni sa tête ni ses pattes et que Dominique en a le vertige.
- Pas mal ! admet Faraud qui regarde, langue pendante. Le chat s'est arrêté.
- Oui, dit-il tristement. Mais je suis de nouveau tout en désordre.
Ah ! je suis incorrigible.
- C'est qu'il faut être beau pour lui faire honneur, reconnaît le chien.
Si un seul poil dépasse, peut-être qu'on ne nous recevra pas.
Le chat a pris sa queue entre ses pattes et la lisse avec ardeur.
- Je me demande, dit tout à coup Faraud, je me demande pourquoi les hommes ne vont pas le voir ?
- Peut-être ne connaissent-ils pas le chemin… Ou peut-être qu'on ne le leur permet pas ?
- Peut-être, soupira Faraud.
Mais où vont-ils donc ? s'inquiète Dominique, qui ne comprend rien à cette conversation.
- Je me demande, dit à son tour le chat, je me demande vraiment pourquoi c'est l'âne et le bÅ“uf qu'on a choisis pour le garder.
- Aucune idée, dit Faraud. Après tout, pourquoi pas le chat et le chien ? Je suis si fidèle !
- Oui, mais tu es bruyant. Tu aboies, tu remues, tu t'agites. Tu l'aurais peut-être effrayé.
- C'est vrai, reconnaît humblement Faraud. j'aime beaucoup remuer.
- Tandis que moi je suis si doux !
- Sauf quand tu sors tes griffes.
Le chat baisse la tête :
- Oui, avoue-t-il, mes griffes sortent sans que je sache comment !
- Sais-tu, conclut le petit chien, je crois que nous ne sommes pas assez utiles. Le boeuf est utile, lui. L'âne aussi.
- Et puis, ils sont plus grands que nous ! dit mélancoliquement le chat.
Dominique a tressailli :
- L'âne, le bÅ“uf ? songe-t-il. Est-ce qu'ils vont aller à la bergerie ? Voir Jésus qui vient de naître ? Si je les suivais ?
- Moi, dit Faraud, si le petit enfant s'ennuie, je me coucherai près de lui pour qu'il puisse jouer avec mes oreilles. C'est un joli jeu.
- Et moi, dit le chat, je ronronnerai pour l'endormir.
Le chien lève son museau vers la fenêtre.
- Allons, chat, il faut partir !
- Attendez-moi, attendez-moi ! va crier Dominique. Mais le chat l'a entendu bouger :
- Vite, vite, chien…
Sans bruit, rapides comme deux petits fantômes, ils s'enfuient par la fenêtre. Dominique voit leurs queues, l'une longue et douce, l'autre en panache, disparaître dans la nuit. Le rideau rose a frémi à leur passage, et tout s'est tu.
Quand Dominique se réveilla, le matin de Noël, Faraud était couché sur la descente de lit.
- Alors, demanda Dominique, as-tu été à la bergerie ? As-tu vu l'enfant Jésus ?
Mais le petit chien se contenta de japper et de remuer la queue.
- Tu ne parles plus?
Faraud leva des yeux innocents, comme pour dire qu'il n'avait jamais parlé de sa vie. Mais lorsqu'il sauta sur le couvre-pieds, il laissa sur la soie rose, à chaque pas, une petite fleur de boue. Alors Dominique regarda les pattes de son chien; si bien lavées la veille, elles étaient maintenant toutes sales de terre collée, comme s'il eût fait un long chemin.
Et ce fut plus tard, dans la soirée que quelqu'un dit devant Dominique:
- On raconte que les bêtes parlent pendant la nuit de Noël. Et qu'elles s'en vont adorer Jésus, car elles, elles connaissent encore le chemin de la bergerie. Mais, naturellement, ce n'est qu'une légende…
Dominique ne répondit pas, il savait ce qu'il savait.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève