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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURL'enfant gaucher Quelques citations en réponse au « Que faire ? » du numéro de janvier. Dans notre société en majorité droitière, et surtout dans les pays latins, la gaucherie des enfants est mal supportée. Des termes comme être gauche, maladroit, se lever du pied gauche montrent le côté péjoratif du jugement dans la croyance à une notion d'insuffisance; saluer avec la main gauche est d'ailleurs considéré comme une impolitesse. L'attitude de cette société était, jusqu'à il y a quelques années, de contrarier automatiquement l'enfant vers la droite. Face à cette société et aux instruments techniques qu'elle a créés, face à la pression familiale, l'enfant gaucher se sent faible et anormal. Parfois même, sans qu'il existe une véritable pression, l'enfant minoritaire se sent différent des autres. Pourtant, il y a des gauchers qui tirent bénéfice de leur gaucherie dans la vie sociale, dans certaines activités sportives, soit par le caractère insolite de leur attaque qui crée un désarroi, soit par certaines dispositions du jeu lui-même : l'ailier gauche au football ou le joueur de pelote basque espagnole car, dans ce jeu, le fronton a - sur sa partie gauche seulement - une paroi perpendiculaire sur laquelle rebondit la balle. Ce qui a pu être un handicap au départ peut devenir un élément de valorisation professionnelle et sociale à l'arrivée. Ce n'est pas par hasard que ce soient des professions les plus évoluées, telles que celles de chirurgien, que nous parvienne la notion unanime du gaucher «avantagé». Michel-Ange, Léonard de Vinci, Paganini étaient gauchers. Et de nos jours : Charlie Chaplin ! Il faut reconnaître qu'il existe des difficultés réelles créées par la gaucherie, mais aussi des difficultés créées par la société. L'origine de la gaucherie La dominance fonctionnelle d'un côté du corps est déterminée, non par l'éducation, mais par la dominance d'un hémisphère cérébral sur l'autre. La droiterie - ou dextralité - répond à la dominance de l'hémisphère gauche. La gaucherie - ou sénestralité - à la dominance de l'hémisphère droit. Il faut cependant noter ceci : la gaucherie n'est pas exactement l'inverse de la droiterie, car il n'y a pas de symétrie parfaite des deux hémisphères cérébraux. Gaucherie normale ou pathologique Cette prédominance d'un hémisphère sur l'autre peut être normale ou pathologique. Ainsi, un sujet est gaucher, ou bien parce que les principales commandes cérébrales sont dans l'hémisphère droit, c'est la gaucherie normale (physiologique), ou bien parce que l'hémisphère gauche a été abîmé, lésé. Ainsi, lorsque l'hémisphère qui normalement aurait dû diriger l'enfant a été lésé, c'est l'hémisphère droit qui prend les commandes. Différents degrés de gaucherie La prédominance motrice ou gauchère peut être plus ou moins nette. De telle sorte qu'on peut constater entre l'individu fortement et totalement gaucher, et l'individu totalement et fortement droitier, tous les intermédiaires, en passant par une situation d'égalité (qu'on appelle ambidextrie). Dans l'incertitude, favoriser l'éducation droitière Chez le petit enfant, il est souvent difficile de déceler une latéralité franche. A l'âge de quatre ans, la plupart des enfants sont encore très peu latéralisés. Ils emploient indifféremment la main gauche ou la main droite. Tout semble dépendre de la place occupée par les objets. Pour une même occupation, l'enfant change parfois de main au cours de ses manipulations, comme pour éviter une fatigue. On peut affirmer que la préférence droite ou gauche ne s'établit que progressivement avec l'âge dans la grande majorité des cas. Attitude générale en face des enfants non encore latéralisés. C'est entre deux et quatre ans que l'enfant devra s'entraîner à distinguer la gauche et la droite sur lui-même, sur ses camarades, dans la pièce où il a l'habitude de vivre. On veillera sur un certain nombre de points : par exemple, ne pas demander à un enfant qu'on tient par la main droite de saluer une personne en lui tendant la main; ne pas lui demander de prendre un objet alors que sa main droite est encombrée ou occupée. On pensera de poser le pot de peinture, les perles, les cubes, les jetons à sa droite. Quand on lui demandera de reproduire des gestes, on tiendra compte du besoin d'imitation. L'enfant qui voit l'adulte ou un camarade placé en face de lui faire un geste de la main droite, voudra l'imiter en se servant de la main gauche. Pendant la petite enfance, pratiquement tous les jeux et toutes les activités, à l'intérieur comme à l'extérieur, peuvent être une occasion de confirmer la latéralisation à droite chez les droitiers, ou la favoriser dans tous les cas où elle peut se produire. Et, s'il se révèle être un vrai gaucher ? Il resterait à déterminer s'il s'agit d'un gaucher adroit ou d'un gaucher maladroit. Il faudrait savoir si la gaucherie est « simple » ou si elle est associée à des troubles de la motricité, du langage, du caractère. Certains gauchers peuvent subir sans dommage important une rééducation à droite. Bien entendu, la rééducation doit se faire dans certaines conditions : - Un facteur de succès est le désir de l'enfant lui-même d'être comme ses camarades. Si sa rééducation est possible, elle se fait alors rapidement, car les efforts de l'enfant sont soutenus et réels. - Aucune contrainte ne doit être exercée sur un gaucher qu'on désire rééduquer. La douceur, la confiance peuvent seules réussir. - Il est évident que lorsqu'il se sert de sa main droite, un gaucher éprouve de la gêne et la plupart des mouvements qu'il exécute entraînent une crispation et de la fatigue. Il faut donc lui laisser faire à gauche, par une sorte de compensation, tous les gestes qu'il n'est ni anormal, ni choquant d'exécuter à gauche (dessiner, découper, déplacer un objet, boutonner ou déboutonner un vêtement, etc). Par contre, il faut se montrer ferme, tout en faisant preuve de douceur, pour l'écriture, qu'il est vraiment gênant de ne tracer qu'à gauche, et pour tous les gestes que nous pourrions appeler sociaux (tendre la main, tenir sa cuillère, servir à table, etc). - Il faut se garder d'attirer l'attention des camarades ou de l'entourage sur la gaucherie de l'enfant. Celle-ci devra passer à peu près inaperçue, en particulier quand il s'agit d'enfants sensibles ou timides. - Toutes les tentatives que fait l'enfant, de sa propre initiative, pour passer de la gaucherie à la droiterie, doivent être non seulement encouragées mais aidées. Pour d'autres enfants gauchers, la rééducation à droite est vivement déconseillée. En cas de perplexité, on fera bien de demander l'avis d'un spécialiste… et de se procurer la brochure d'où sont extraits les passages que vous venez de lire. |
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