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Drogue, répression, loisir
Chercher la source
Quand la salle de bains du 4e étage est inondée, que l'eau descend de marche en marche et se répand dans tous les étages inférieurs, je n'ai pas à consacrer mon effort prioritaire à éponger le parquet du premier, irrésistiblement réenvahi : je dois aller couper l'eau, tarir la source. Il me paraît que l'action répressive menée par la police de nos différents pays, en poursuivant la victime et le criminel confondus dans une même réprobation juridique, éponge le rez-de-chaussée. Après avoir tant lu sur le sujet, je ne puis m'empêcher de dire mon malaise : j'ai l'impression qu'on ne tente pas ou ne veut pas tarir la source.
Quand un pays constate que la voiture tue sur son territoire des milliers de citoyens chaque année et en démolit des centaines de millions, on met en cause la construction de la voiture, on améliore les routes, on éduque les « usagers », mais on ne confie pas aux chirurgiens le soin de dénouer les drames de la circulation sous prétexte qu'ils sont les guérisseurs des blessés de la route.
C'est pourtant ce que nous faisons en confiant aux psychiatres le soin d'écrire de gros livres pour faire peur aux jeunes et aux parents, ou en espérant que leur thérapeutique va supprimer le mal.
Je ne puis m'empêcher de dire que dans le domaine des jeunes victimes de la drogue, je considère la répression par la police et la thérapeutique par les psychiatres comme l'aveu de l'échec et l'acceptation du drame. La peur de la syphilis a rarement écarté grand-papa des voluptés de l'amour vénal et la peur de l'enfer n'a jamais vidé les confessionnaux. Il faut donc une autre approche.
Il n'y a pas de problèmes de la jeunesse : il n'y a que des aspects jeunes des problèmes globaux de la société.
Volonté de changer
La solution à un problème issu d'un état de crise de la société ne peut être trouvée que par une nouvelle politique touchant cette société tout entière, son organisation, ses objectifs, sa hiérarchie des valeurs.
Dans une société centrée sur l'épanouissement de l'homme et non sur la gestion des choses (production et consommation), dans une société aimable (donc digne d'être aimée) et sécurisante, il n'y aura pas de problème angoissant de la drogue puisqu'on ne voudra (ne devra pas) s'en évader.
Je pose donc le problème de la qualité de la vie en proclamant que mon destin est un plus-être et non un plus-avoir, un genre de vie et non pas un niveau de vie, quitte à aller à contre-courant de forces objectives, quitte à tenter de muter par volonté d'homme ce que certains tendent à me faire croire être le cours fatal de l'Histoire.
Quand Brezinski écrit que la société technocratique dans laquelle nous entrons va voir se généraliser l'utilisation de la drogue qui deviendra un fait culturel constant, je dois vouloir changer un système économique qui me mène irrésistiblement à cette déchéance.
Tout ce qui n'est pas ce combat est bien utile, mais n'est que garde-fous ou palliatifs tout juste bons pour apaiser notre bonne conscience.
La formation du caractère d'abord.
Je vais prendre cette responsabilité politique dans le domaine où je suis compétent, c'est-à-dire l'éducation. Je pense que je dois muter l'homme et m'y appliquer dès sa petite enfance. Il faut donc changer l'école en vue de rendre chaque jeune le plus tôt possible autonome; adulte mental, c'est-à-dire responsable de soi et de ses diverses communautés de vie : famille, quartier, ville, pays, monde. C'est parce qu'il aura été éduqué à cette autonomie responsable qu'il ne sera pas pris de court par la sollicitation impromptue du trafiquant ou du copain et que l'idée de « faire comme les autres » ne l'effleurera pas. Cette éducation à l'autonomie responsable me paraît de plus en plus indispensable dans la mesure où nos jeunes ne vont plus connaître de sociétés stables. Le conflit dans les domaines les plus divers, de l'ultime à l'international, risque de constituer l'état constant de la vie quotidienne (cf. Toffler, Mendel aussi), et il va falloir apprendre à survivre à travers des situations conflictuelles, en assumant ces situations sans désespoir et sans renoncement.
L'adaptabilité, la mutabilité que j'ai évoquée en parlant d'éducation implique elle aussi de donner la primauté à la formation du caractère. Les connaissances suivront.
Dès la petite enfance
Il faut dès la petite enfance accoutumer l'enfant au choix qui l'amène à sélectionner sa consommation (aussi consommation culturelle) dans l'énorme masse de consommation indifférenciée où nous nous enlisons maintenant.
Il faut dès la petite enfance éveiller en lui non seulement l'assimilation de connaissances, mais l'élaboration d'une pensée structurée, hiérarchisée selon les diverses valeurs afin que la pluie d'informations et de sollicitations se trouve intégrée et dominée.
Il faut, dès la petite enfance, développer les attitudes (et les aptitudes) de créativité afin que chaque homme trouve dans l'expression de soi des sources toujours renouvelées de joie et échappe à l'ennui des loisirs commercialisés.
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