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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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Travail et vacances

Ce qu'ils disent.

- Dominique a trouvé du travail pour le mois d'août. Je veux aussi me chercher quelque chose. N'importe quoi, pourvu que je gagne de l'argent.

- Moi aussi, je veux travailler. Pas seulement pour me faire un petit pécule, mais également pour changer de ce que je fais le reste de l'année (allemand, latin, mathématique, violon). Aucune profession ne m'attire pour l'instant. J'aimerais tâter d'une ou deux choses cet été et l'an prochain, ne serait-ce que pour trouver déjà ce qui ne me convient pas!

- C'est exactement ce que ma soeur a fait. La première fois, elle s'est minée pendant 4 semaines à classer des archives dans un local sombre pendant que ses copines se bronzaient. Ça l'a guérie pour l'éternité de tout travail méthodique, sans contact humain. L'été suivant, elle a fait un remplacement dans une garderie de plein air. La vocation a jailli : maintenant, elle apprend maîtresse enfantine.

- Yves connaît deux étudiants qui soignent le bétail à 2000 mètres, de mi-juin à mi-septembre. Lui voudrait garder des moutons. Mais est-ce qu'on embauche dans ce secteur ? Il faut absolument qu'il se renseigne…

- Quant à Geneviève, réputée incapable d'assumer l'ordre de sa chambre sans y être invitée avec insistance, n'envisage-t-elle pas un «stage de service à la communauté» ?

Ce qu'en pensent les parents.

Comment ne pas considérer ces projets avec une certaine perplexité, disent les parents. Car enfin, ces adolescents nous déconcertent. Ils ont de l'argent de poche en suffisance. D'où vient ce besoin d'en gagner ? Appât du gain ? Défi ? Reproches camouflés ?

S'ils veulent vraiment travailler, la besogne ne manque pas chez nous : placards éternellement sens dessus-dessous, vitres au travers desquelles on ne voit bientôt plus le temps qu'il fait, pelouse à tondre, vélos à remettre en état…

Pour le retour à la nature, quoi de mieux que le séjour que nous leur offrons à la montagne ou à la mer ? Et pour satisfaire le besoin de vie communautaire, la communauté familiale ne constitue-t-elle pas le terrain d'exercice idéal ?

Tâtonner, mal choisir, se tromper : c'est l'apprentissage de la vie.

Au lieu d'alarmer les parents, ce besoin d'aller ailleurs travailler, ou gagner de l'argent, ou les deux à la fois, devrait être accueilli comme le signe d'une étape qui s'amorce. Le signe que l'enfant commence à se sentir assez fort pour sortir de son état de dépendance et se mesurer avec la vie concrète.

Bien sûr, il ne choisit pas exactement le chemin que vous aviez prévu. Vous l'aviez imaginé moniteur de colonie de vacances, et il va se contenter de distribuer de l'essence durant quatre semaines. Vous l'auriez inscrit sans hésiter à un cours de perfectionnement en Allemagne, alors qu'il ne rêve que de travailler le fer chez un serrurier. Vous vouliez qu'il se repose et respire le bon air : il vient de demander les conditions de travail auxiliaire dans un hôpital…

Vous l'avez élevé dans l'espoir de le voir devenir autonome. Ne trouvez-vous pas que vous avez bien réussi ? Trop bien réussi, pensez-vous peut-être. Ou que c'est trop tôt. Que toutes les conditions pour faire une expérience fructueuse ne sont pas encore remplies. Que vous serez d'accord dans deux ans. Mais, en attendant…

La confiance favorise la réussite.

Avez-vous retenu votre enfant quand il a eu envie de faire ses premiers pas ? L'avez-vous découragé quand il a manifesté le désir d'épeler les gros titres de votre journal ? Non ! Vous étiez même secrètement assez fiers quand vous constatiez une certaine précocité dans ses manifestations.

Alors, pourquoi réagir différemment, maintenant qu'il est adolescent ? Pourquoi douter systématiquement de la valeur de toute expérience vécue loin de l'abri familial ?

Intéressez-vous à ce besoin de «faire quelque chose». C'est une occasion toute trouvée pour parler avec un enfant qui, par ailleurs, vous échappe. Ne vous hâtez pas de lui dire ce que vous pensez. Mais essayez de comprendre ce qu'il recherche : simple évasion ? désir de se prendre en charge à titre temporaire ? besoin de compensation ? élargissement des horizons ?

De toute manière, il faut vous attendre à des révélations qui n'étaient pas prévues dans votre programme. A la faveur des expériences qui se préparent, vous allez probablement découvrir une ou plusieurs facettes insoupçonnées de l'enfant que vous croyiez connaître. Si vous êtes de taille à vous intéresser sincèrement à l'imprévu, le dialogue ne sera pas interrompu. Votre enfant sentira votre intérêt, votre confiance qui le soutiendra dans sa démarche et l'aidera à réussir.

Et même s'il y a des ratés, il n'aura pas perdu son temps.









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