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Lecture, culture et tolérance

Pourquoi les enfants aiment-ils ou n'aiment-ils pas lire, et comment leur donner ce goût, et surtout ce plaisir ?

D'une façon générale, les parents donnent un exemple, l'enfant imite. Mais ce n'est pas une règle systématique. Certains enfants sont agacés de voir les grands plongés dans des lectures sans fin. On ne s'occupe pas assez d'eux, à leur avis. Pour eux, lecture signifie donc ennui. Dans d'autres familles, la lecture passe pour une sorte de plaisir coupable. « Tu perds ton temps, viens plutôt m'aider !» Mais ce plaisir découvert ne s'éteint plus malgré les reproches.

En dépit des cas particuliers, on peut avancer qu'une famille où les livres sont nombreux et à portée de main verra les enfants y prendre goût.

Comment liront-ils ?

Nous nous sommes demandé, en comité de rédaction, s'il était souhaitable de vanter l'attitude «idéale» en face de la lecture. Cette attitude a été définie par André Maurois en six règles bien nettes; ces règles ont été notre base de discussion et, comme vous le verrez, l'unanimité est loin d'être faite sur la meilleure manière de lire et d'en donner envie à quelqu'un.

Voici ce qu'en pensait André Maurois :

1) Mieux vaut connaître quelques grands livres que, superficiellement, une masse d'ouvrages dont beaucoup seront médiocres.
2) Votre choix est fait, tâchez d'acquérir et de conserver vos livres favoris.
3) Autant que possible, donnez une part de votre temps aux grands livres, c'est-à-dire à ceux qui ont été consacrés par le temps.
4) Quoi que vous lisiez, et plus encore si c'est un livre choisi par vous parce que vous aimez et respectez son auteur, entourez autant que possible la «cérémonie» de la lecture d'une atmosphère de calme et de recueillement.
5) Ne vous querellez jamais avec les maîtres. Ne leur demandez pas d'être ce qu'ils ne sont pas.
6) Rendez-vous dignes des beaux livres. La lecture est comme les auberges espagnoles. On n'y trouve que ce qu'on y apporte.

La discussion s'est aussitôt engagée, un peu décousue, mais passionnée.
Monique - Je suis d'accord. Le recueillement, le respect, c'est très juste, c'est bien l'atmosphère à créer.

Simone - Pas d'accord ! Les mots «cérémonie, recueillement, dignité» sont de ceux qui suggèrent l'ennui.

Laurence - Je me méfie d'un excès de respect des livres, et du mot «conserver». Sauf s'il s'agit d'une édition rare, de grand prix, je préfère prêter mes livres. J'en perdrai plusieurs, mais au moins ils circulent, ils vivent, ils sont utiles.

Simone - Il me semble qu'André Maurois insiste trop sur le «grand» livre, de valeur consacrée. Cela laisse penser que le livre banal, par exemple la bande dessinée, n'a aucun intérêt. Il est clair que dans certains milieux cultivés et intellectuels, les parents refusent la bande dessinée, comme trop vulgaire. Mais on risque de transformer la lecture, aux yeux de l'enfant, en un devoir distingué. La bande dessinée permet aussi d'apprendre à maîtriser la lecture, elle n'est pas à dédaigner.

Marguerite - Les grands classiques ne devraient sûrement pas être une obligation pour toute la famille. Il est normal que chacun ait des goûts personnels. Nous-mêmes n'aimons pas tous les livres, nos enfants ont aussi leurs préférences, qui ne sont pas méprisables. Ce qui me semble important, c'est de communiquer, de raconter aux autres ce qu'on a aimé. De même, il est très intéressant de donner aux enfants l'occasion d'exprimer librement leur opinion sur ce qu'ils ont aimé, sans leur reprocher leur mauvais goût; ils devraient aussi pouvoir nous dire que tel livre ne leur plaît pas, même s'il a été offert par nous-même. Ce sont des occasions de mieux comprendre nos enfants.

Ruth - A propos du respect des livres, j'ai remarqué cette attitude un peu déconcertante chez ma fille; elle aime bien lire, et pourtant le livre ne lui semble pas un vrai cadeau. « Ce n'est pas un cadeau d'anniversaire ».

Simone - Je me demande s'il n'y a pas un choix à faire : considérer le livre comme un beau cadeau, une sorte de produit de luxe, ou comme un objet de consommation courante, un peu comme le pain ? Il serait évidemment préférable que les livres soient rangés avec soin, qu'on se lave les mains avant de les feuilleter, mais tout compte fait, une certaine désinvolture est peut-être le signe qu'ils font partie des objets utilitaires courants…

Nuria - Dans ces conditions, il paraît indispensable de faire une distinction entre le livre de belle édition et le livre de genre «poche». Il n'y aurait guère de désinvolture possible, ni d'abondance, sans ces éditions bon marché, qui ont vraiment mis l'achat de livres à la portée de toutes les familles.

Marguerite - Nous aimerions tous que nos enfants apprécient les grands, les bons auteurs, mais on risque toujours d'aller à fins contraires en abusant des conseils. Il ne faut peut-être pas vouloir à tout prix que les premiers livres soient instructifs et enrichissants. Certains enfants ont ce goût de façon tardive, si même ils l'acquièrent. L'essentiel est de ne pas les dégoûter. Au lieu d'imposer telle lecture («Lis ceci !») on devrait proposer : «Essaie» ce livre. Et il est même permis à l'enfant de ne pas le terminer. N'en faisons pas un devoir, en demandant chaque jour : « Alors, où en est ta lecture ? »

Simone - Nous arrivons à une sorte de conclusion, qui serait la tolérance.
Tolérance pour les différences de goûts entre les uns et les autres.

Laurence - Mentionnons donc la tolérance, tout aussi nécessaire, pour ceux qui n'ont aucun goût littéraire, même adultes ! Lorsque nous faisons notre possible pour éveiller ce plaisir de lire, il faut admettre que certains enfants aient des préférences tout autres. Proposons-leur des lectures variées, qui leur ouvriront peut-être de nouveaux horizons, mais ce serait une erreur que de considérer leurs petits bricolages ou leur habileté manuelle comme des dons inférieurs…









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