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Le fossé des générations

Encore ! allez-vous penser en lisant ce titre. Rassurez-vous : le livre dont j'aimerais vous faire connaître quelques extraits jette une lumière nouvelle sur ce sujet tant de fois rebattu.

L'auteur de cet ouvrage dense et bref (150 pages) (1) n'aborde pas la question en psychologue, mais en ethnologue. Aujourd'hui septuagénaire, elle a passé une partie de sa vie à étudier un certain nombre de peuples primitifs, avant qu'ils ne soient touchés par les transistors et la télévision. Par son travail, et grâce au fait qu'elle l'a accompli à une époque en un sens singulièrement privilégiée, elle se trouve avoir la possibilité d'évaluer d'un point de vue très général et très vaste les problèmes des relations humaines à l'heure actuelle. En effet n'a-t-elle pas vécu (comme ceux de sa génération) une expérience unique et sans précédent ? Elle a eu sous les yeux des exemples de la manière dont les hommes ont vécu depuis cinquante mille ans; contemporaine des équipes du cap Kennedy, qui calculent la seconde précise à laquelle la mission Apollo doit changer d'orbite dans sa révolution autour de la lune, elle connaît des indigènes de Nouvelle-Guinée incapables de compter, qui évaluent une pile d'ignames par le terme approximatif de «beaucoup».

Dans ce vaste champ d'observation en général, et des relations entre parents et enfants en particulier, quelles sont les constatations faites par Margaret Mead ?

Elle distingue trois types de culture :

1. - Les cultures dans lesquelles les enfants sont instruits avant tout par les parents.
2. - Les cultures dans lesquelles les adultes comme les enfants apprennent de leurs pairs.
3. - Les cultures dans lesquelles les adultes tirent aussi des leçons de leurs enfants.

Nous vivons à une époque où ces trois types de culture coexistent. Les deux premières nous sont familières : c'est d'elles que nous sommes issus, pétris, imprégnés. Au sein de telles cultures, les changements sont inexistants, ou fort lents, ou en tout cas assimilables. A tel point qu'il est généralement possible aux grands-pères de prévoir le mode d'existence de leurs petits-fils.

Dans les sociétés à transformations ultrarapides, où les bouleversements atteignent tous les secteurs, ce serait se leurrer de s'obstiner à croire que l'avenir ressemblera au passé, que l'expérience tirée du passé peut s'appliquer à l'avenir. Dans ce mode-là, c'est comme si les parents avaient en réalité à élever des enfants inconnus pour un monde inconnu.

(1) Margaret Mead :«Le Fossé des Générations». Editions Denoël, Paris.


Voici deux extraits de l'ouvrage en question :

Deux générations qui souffrent d'isolement.

Dans le passé, il y avait toujours des aînés qui en savaient plus que n'importe quel enfant, du fait qu'ils avaient grandi à l'intérieur d'un système culturel. Aujourd'hui, il n'y en a plus. Non seulement parce que les parents ne sont plus des guides, mais parce qu'il n'y a plus de guides, qu'on les cherche dans son propre pays ou à l'étranger.
Aucun adulte d'aujourd'hui ne sait de notre monde ce qu'en savent les enfants qui y sont nés au cours des vingt dernières années.
(…) Les aînés sont séparés de la jeunesse parce qu'ils forment eux aussi une génération étrangement isolée. Aucune génération n'a jamais connu, assimilé des changements aussi rapides; aucune n'a vu les sources de l'énergie, les moyens de communication, la définition de l'humanité, les limites de l'univers explorable, les certitudes d'un monde connu et limité, les impératifs fondamentaux de la vie et de la mort se transformer sous ses yeux. Elle en sait plus sur le changement que n'importe quelle génération antérieure, de sorte qu'elle se trouve isolée, étrangère, séparée des jeunes qui, par leur position même, ont dû rejeter le passé de leurs aînés.
Les premiers Américains ont dû apprendre à ne pas rêver au passé mais à se concentrer sur les tâches du présent, de sorte que, à leur tour, ils ont appris à leurs enfants à ne pas rêver, mais à agir. De même, les aînés d'aujourd'hui doivent traiter leur propre passé comme quelque chose d'incommunicable, et apprendre à leurs enfants - même s'ils regrettent que le présent soit ce qu'il est - à ne pas s'y intéresser, car ils ne sauraient pas le comprendre. Nous devons nous rendre compte qu'aucune génération ne connaîtra jamais ce que nous avons vécu. En ce sens, il nous faut reconnaître que nous n'avons pas de descendants, et que nos enfants n'ont pas de parents.
(…) Les deux groupes, à la fois radicalement différents et étroitement solidaires, se sentent inévitablement très isolés; nous savons, en face des jeunes, qu'ils ne connaîtront jamais ce que nous avons vécu, et que nous ne connaîtrons jamais ce qu'ils ont connu ».

Face à l'avenir

Aussi longtemps que les adultes penseront que, comme les parents et les maîtres d'antan, ils peuvent procéder par introspection, invoquer leur propre jeunesse pour comprendre la jeunesse actuelle, ils seront perdus. Ils n'entendront pas - où, s'ils prêtent l'oreille, ne comprendront pas - ce que la jeune génération tente d'exprimer.
(…) Nous sommes en présence de deux générations - les pionniers d'une ère nouvelle et leurs enfants - qui ont encore à trouver le moyen de communiquer dans le monde où ils vivent ensemble, bien que leur perception de ce monde soit si différente. Personne ne sait ce que devrait être la prochaine étape. Reconnaître qu'il en est ainsi constitue à mes yeux le début d'une réponse.
Car je crois que nous sommes en train de produire un nouveau type de culture. (…) Ce nouveau style, je l'appelle préfiguratif, car dans cette nouvelle culture ce sera l'enfant, et non plus les parents et les grandsparents, qui représentera l'avenir.
(…) Si nous voulons construire une culture préfigurative, dans laquelle le passé sera un instrument plutôt qu'une force de coercition, nous devons situer autrement l'avenir. Nous pouvons nous inspirer des jeunes gens qui semblent mettre leur foi dans les utopies qui se réalisent à l'instant. Ils disent : «L'avenir, c'est aujourd'hui». Une telle affirmation nous semble peu raisonnable et outrée, et certaines de leurs revendications sont en effet irréalisables dans le détail concret. Mais sur ce point aussi ils nous montrent la voie, ils nous indiquent comment nous devons rectifier notre manière de penser. De même que l'enfant à naître est enfermé dans le sein de sa mère, nous devons situer l'avenir au sein d'une collectivité d'hommes, de femmes et d'enfants; cet avenir, nous devons considérer qu'il est déjà là, parmi nous, qu'il a déjà besoin d'être nourri, assisté et protégé, qu'il a déjà besoin de ces soins qui, faute d'être dispensés avant la naissance, interviendront trop tard. Car comme disent les jeunes : L'AVENIR C'EST AUJOURD'HUI.









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