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L'ordre établi et l'ordre de marche

Il y a toujours eu, je pense, et il y aura toujours, dans toute société humaine des « contestataires » de l'ordre établi et des partisans énergiques du maintien de cet ordre.
Maintenir l'ordre… Mais qu'est-ce que cela veut dire ? Le mot lui-même est ambigu : il y a en effet « l'ordre de marche » ; et il y a « l'ordre établi ». Ce n'est pas du tout la même chose, puisque l'ordre établi évoque précisément plutôt l'idée d'une immobilisation. La musique, comme l'existence, est une création humaine. Pour qu'il y ait musique, et non cacophonie ou silence, il faut que les sons soient organisés suivant un ordre complexe et dynamique. Il est nécessaire que les violoncelles, par exemple, jouent leur partition au moment où elle est prévue dans le déroulement de la symphonie. C'est une exigence évidemment élémentaire… Et cette partition, ainsi que sa place dans un certain ordre de marche, ne se conçoit et ne prend son sens que par rapport à toutes les autres, dans un réseau infiniment riche de relations qui expriment une pensée et se fait entendre. C'est là, me semble-t-il, un des exemples les plus frappants de ce que peut être un « ordre de marche ».
D'ailleurs, pour la marche, c'est la même évidence : je ne peux marcher qu'en mettant un pied devant l'autre, l'un après l'autre… Sur une autoroute, il faut bien que les voitures passent les unes après les autres ; si elles cherchent à passer toutes à la fois et en même temps, on sait ce que cela donne. Cela tue.
Mais «maintenir l'ordre», non plus pour la musique mais pour l'existence et l'organisation sociale, tend volontiers chez certains à prendre un sens au fond directement contradictoire. Il s'agit de maintenir un ordre établi, c'est-à-dire d'empêcher que les choses changent, que la marche se fasse, que la vie continue. Pour reprendre notre comparaison cela reviendrait à immobiliser une symphonie en un moment donné, sur un accord que l'on croit parfait et que l'on maintiendrait à tout prix contre le risque des modulations du silence… Pour la comparaison de la marche, cela reviendrait à immobiliser le pied gauche en avant, dans un certain moment caduc d'équilibre que je prétendrais maintenir comme définitif.
Il n'est sans doute pas facile, pour les hommes qui sont chargés de gouverner une collectivité, de discerner le moment où le désir de maintenir un ordre de marche se transforme insidieusement en un désir obscur de tout immobiliser dans un ordre établi. Le mouvement, c'est le changement, c'est le risque de l'inconnu, du seulement imaginable dont on ne peut savoir d'avance quelle part de chimère ou d'irréalisme il comporte. On a toujours peur, individuellement ou collectivement, de changer les habitudes, car les habitudes sont rassurantes. Changer, c'est partir
à l'aventure ; c'est dans un sens tout risquer y compris, au moins obscurément, l'existence. Il n'est pas étonnant que pour certains cette peur soit si intense qu'ils refusent d'envisager seulement qu'on puisse en effet partir à l'aventure. Il y a aussi la possession que l'on pourrait appeler doctrinale : un certain nombre de gens ont le sentiment profondément enraciné qu'ils détiennent, dans un certain ordre des choses établi, la propriété du savoir (au sens non scientifique de ce terme), et de la juste conception, disons philosophique, du monde, de l'homme et des choses. Ceux-là seront tout aussi tentés de s'opposer avec violence à tout changement, car leur sécurité affective est mise en jeu d'une façon tout aussi intense.









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