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Le respect

Il ne se passe pas de jours, pour ceux qui sont appelés à fréquenter des jeunes, qu'ils ne puissent vérifier cette constatation: le respect se perd, le respect s'en va.

Allons-nous devoir nous passer de respect ?

Je songe à la stupéfaction scandalisée de cette maîtresse qui, chargée de la surveillance d'une récréation et exigeant qu'un élève sorte d'une classe, s'était entendu gratifier d'un vocable qui fit la gloire d'un général français sur un champ de bataille, mais n'est généralement pas une réponse admise en de telles circonstances. C'est vrai qu'autrefois on n'aurait jamais osé s'opposer ouvertement à un ordre reçu. Du moins, seuls quelques énergumènes, d'ailleurs fortement blâmés par le reste de la classe, répliquaient ou se montraient insolents.
Tout au fond, je me demande si nous avons vraiment raison d'attacher tant de valeur à des marques extérieures, qui ne recouvrent pas nécessairement un respect authentique. Il en est du respect comme de l'obéissance. Vous vous souvenez, dans l'Evangile, de ces deux garçons dont l'un dit oui quand on lui demande un service, mais ne fait rien, tandis que l'autre, qui dit non, se met tout de suite à l'ouvrage. L'idéal serait que l'on dise oui et que l'on rende le service. Mais si l'on est décidé à ne rien faire, je préfère qu'on dise franchement non.

Respect réciproque

Et puis, voyez-vous, il me semble que le respect doit être réciproque. Exigé par les adultes seulement, et considéré par eux comme leur bien propre, il ne peut être vraiment toujours sincère. Je vous respecte et vous me respectez: hors de cela, le respect ne peut avoir de signification.
Qu'est-ce que vous nous chantez là ! s'exclameront quelques champions des structures anciennes. Respecter les jeunes? Comme s'ils avaient du respect pour quoi que ce soit, eux! Et qu'est-ce qu'ils peuvent bien avoir de respectable, avec leurs cheveux longs, leur tenue négligée, leur musique de détraqués et leur paresse étalée dans les bars?

- Je sais, je sais, et mon jeune ami Jean-Luc, qui répond en partie à votre description, le sait aussi. Passant un soir tranquillement dans la rue avec un «copain», il a été pris à partie par un monsieur très bien, un bon citoyen (marié, père de famille, situation, voiture) et qui s'est exclamé à l'adresse de sa compagne: «Tiens, regarde ce…»
Non, chers lecteurs, je ne me résous pas à répéter l'injure, parfaitement gratuite puisque le garçon ne faisait que passer. Son seul tort était d'avoir des cheveux longs! Et le fait que le citoyen honnête ait été chauve, ne l'excuse, me semble-t-il, en rien!
Eh bien quoi, où voulez-vous en venir? me demanderont les interlocuteurs évoqués plus haut. On ne peut pas s'incliner devant toutes les bêtises commises par cette jeunesse, le bruit, les bris de fauteuils, l'hystérie collective, la paresse, le négligé, et quoi d'autre?
Non, bien sûr, et ce n'est pas ce que je voulais dire. Mais il me semble qu'on pourrait essayer de ne pas juger trop vite, sur des apparences, ne pas généraliser hâtivement. Que la jeunesse soit désorientée et déroutante, qu'elle s'égare dans des chemins perfides, qu'elle piétine des platesbandes qui nous étaient précieuses, je le sais, je le déplore. Mais que nous répondions à ces excès par le mépris et par le blâme, que nous n'attendions même pas qu'elle les commette, ces excès, pour la juger, cela, je ne puis l'admettre.
Après tout, ces jeunes, nous les avons appelés à la vie, nous les avons élevés, nous avons préparé le monde et la société dans lesquels ils vivent, dans lesquels il faut bien qu'ils essaient de vivre.

En chaque être: respecter l'humanité

C'est pourtant une vérité ancienne, qui a bientôt deux mille ans et que certains grands esprits d'avant le christianisme ont pressenti, mais que vingt siècles n'ont pas suffi à imposer: tout être humain est digne de respect. Indépendamment de son âge, de son sexe, de sa situation sociale, de la longueur et de la coupe de ses cheveux, de ses convictions, et même de sa conduite. En chaque être, respecter l'humanité, cela me semble être la grande leçon du christianisme, et qui concerne aussi bien les croyants que ceux qui, non-croyants, vivent dans une civilisation imprégnée de christianisme.
Nous ne ferons rien sans commencer par avoir le respect des autres. Et sans nous dire que, sous des apparences souvent choquantes (et même inquiétantes, je vous l'accorde), la jeunesse n'a pas tellement changé. L'être humain ne change pas tellement. La jeunesse a perdu certaines valeurs, elle en a gagné d'autres. En tout cas, généreuse ou jouisseuse, active ou paresseuse, enthousiaste ou blasée, désinvolte ou sérieuse, elle a droit à ce que nous la traitions comme une part de l'humanité, la part menacée, précieuse et fragile, et pourtant l'espoir de demain, notre espoir.









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