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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Erotisme et pornographie

Erotisme, pornographie, pollution morale, autant de mots que l'on entend fréquemment exprimer sur des tons allant du mépris souverain au rire égrillard, en passant souvent par un sentiment de culpabilité plus ou moins profond.

Une récente conférence que le docteur Pierre-André Gloor, psychiatre et chargé de cours à l'Université de Lausanne, vient de présenter à Genève, nous semble jeter sur toutes ces questions un éclairage sain et rassurant. Il nous a paru utile d'en rapporter les points importants. Tout d'abord une précision: érotisme et pornographie ne sont pas à mettre sur le même plan.

Erotisme

L'érotisme est l'ensemble de nos émotions. Nous sommes tous des êtres érotiques. Pour avoir une attitude sereine face à l'érotisme, il faut savoir qu'il passe par différents stades. Au stade infantile il nous cause beaucoup de soucis. Comme il est souvent lié aux sensations associées aux toilettes et à la salle de bain, on considère (encore actuellement) l'érotisme comme quelque chose de sale. Pendant l'adolescence, l'érotisme passe par des périodes de dissociations entre la tendresse et la sexualité qui s'éveille. La grave erreur de la civilisation occidentale a été de négliger l'information et l'éducation dans ce domaine. Les Européens sont le seul grand groupe civilisé où il n'a existé, durant des siècles, aucune transmission des connaissances sexuelles des adultes aux jeunes. Ce qui fait que notre sexualité adulte ne se porte pas très bien: séparation, divorce, interruption de grossesse, pornographie (films, littérature et publicité) sont des thèmes qui reviennent continuellement dans les préoccupations des sociologues, des médecins, des éducateurs.

Pornographie

Le phénomène pornographique est apparu au moment de l'invention de la photographie en 1886 et a pris une extension plus grande avec le cinéma, la photographie en couleur, et la publicité. Il ne s'agit pas de confondre érotisme et pornographie. L'érotisme est naturel. La pornographie qui, à l'origine, concernait la prostitution, est actuellement une façon obscène de parler de la sexualité. Les efforts faits pour adopter une attitude plus ouverte et plus franche devant la sexualité doivent aider nos enfants et nos adolescents à trouver des solutions justes face à leurs problèmes. De même, une bonne information des adultes peut les aider à éliminer le sentiment de culpabilité qui leur fait fréquemment croire: «je suis le seul ou la seule à penser cela». La pornographie, textes ou images, si elle n'a jamais provoqué, dit le Dr Gloor, l'éclosion d'une affection nerveuse ou mentale en terrain sain, peut être dangereuse chez des jeunes qui n'ont pas terminé leur maturation.
Ce qui est rassurant, c'est que cette expansion pornographique atteint vite des limites. Une monotonie remarquable règne dans ce domaine.

Censure ou éducation ?

Comment sommes-nous protégés? Nos douaniers saisissent environ 35 tonnes de publications par an. La question des images, elle, est plus difficile à résoudre. Si le Dr Gloor n'a pas grand espoir face à la censure et aux interdictions légales, il croit très fort en l'éducation. Il pense même que c'est une erreur que d'accentuer la censure. «Nous devons, au contraire, revendiquer le droit de lire ou regarder ce qui nous intéresse.»
Si l'éducation, et en particulier l'éducation sexuelle, a été bien faite, il y aura dialogue entre les aînés et les cadets et maints problèmes seront résolus, et l'intérêt pour la pornographie diminuera.
Le Dr Gloor souhaite vivement que la tendance à questionner les médecins se renforce. Ce genre de contacts devrait être facilité, pense-t-il, par une préparation différente des étudiants en médecine rendus plus attentifs aux questions de psychologie médicale et notamment à celles en rapport avec la sexualité et ses troubles. Notre conduite adulte et celle de nos enfants ne sera pas améliorée par la censure, la police, le code pénal et les tribunaux. Une autre direction est ouverte: celle de l'information, de la discussion et d'une étude des véritables besoins humains et des modes de contrôle volontaires, au lieu de discours autoritaires sur l'homme et sur ce qu'il devrait être.
L'hygiène mentale a là une belle partie à jouer: soutien à l'information sexuelle, à l'éducation scolaire, au planning familial pour lequel un effort massif de développement devra être envisagé.









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