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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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Ce fameux fossé…

Ce fameux «Fossé des générations» de M. Mead, dont nous avons parlé déjà en décembre 1973 et en février 1974, continue à susciter des réactions. Nous avons reçu plusieurs lettres de lecteurs et lectrices qui disent être non seulement perplexes, mais agacés, voire atterrés.
Merci à ceux qui ont pris la peine de nous écrire. Leur opinion reflète certainement celle de beaucoup d'abonnés qui ne se sont pas exprimés. Et, pour l'équipe de rédaction, cela constitue une source de renseignements intéressants.
Valait-il la peine de jeter le trouble chez nos lecteurs? Les «Entretiens» auraient-ils mieux fait de renoncer à parler de ce sujet explosif? Auraient-ils surtout dû en confier le soin à un auteur plus nuancé que cette ethnologue américaine?
Toutes ces questions, nous nous les sommes posées avant. Les avis n'ont pas été tout de suite unanimes. Et pourtant, nous avons fini par décider d'un commun accord de jeter ce pavé dans la mare paisible de nos habitudes.
Car les difficultés de compréhension mutuelle entre les «jeunes» et les «vieux» ont rarement été aussi aiguës que maintenant. Et il nous a paru utile - même si c'est éprouvant - de vous faire connaître la pensée d'un auteur qui évalue la situation d'un point de vue très général.
Avons-nous eu tort?
Pas entièrement. Il n'est pas mauvais parfois d'être secoué. A condition, comme le dit fort bien l'une de nos correspondantes, d'accepter d'être dérangé, de se montrer capable de renouvellement et d'ajustement.
Pourtant, moi qui rédige ces lignes et qui suis la première responsable de la présentation du texte incriminé, je dois faire un aveu: j'ai eu beaucoup de peine à retrouver la pensée de M. Mead dans les citations coupées de leur contexte. J'avoue avoir été presque affolée en constatant ce que cela donnait sans les exemples et les commentaires qui les accompagnent. D'autant plus que plusieurs d'entre vous semblent croire que ce livre a été écrit pour ôter aux adultes tout espoir d'établir la communication avec les jeunes…
C'est tout le contraire, je vous l'affirme. Et le but premier de M. Mead n'est pas différent de celui que vous poursuivez: construire et consolider des passerelles qui permettent de communiquer d'un bord à l'autre.
Si vous en doutez encore, procurez-vous son ouvrage (153 pages) et lisez ce qu'elle dit entre les citations que nous avons données de manière si imprudente!


Et maintenant, voici un aperçu de vos réactions:

«Je ne possède malheureusement plus l'article sur «Le fossé des générations» auquel votre lecteur fait allusion dans le numéro de février 1974, mais je voudrais vous dire que j'ai partagé sa perplexité - et non l'agacement dont vous parlez - à la lecture de certains termes-formules qui demanderaient à être explicités.
«Je ne trouve pas que votre lecteur s'adonne à une «analyse impitoyable» comme vous le prétendez quand il demande à comprendre ce que Mme Mead entendait par «culture préfigurative» ou «l'avenir c'est aujourd'hui», et je vous serais reconnaissante, à vous qui avez lu cet ouvrage et en avez de ce fait une idée plus précise et complète que nous, de bien vouloir nous éclairer…»

Catherine Tetzleff

«La lecture de l'extrait du livre de Mme Mead ne m'a non seulement laissée perplexe, mais atterrée… et étonnée que vous ayez jugé son livre assez intéressant pour en parler. Je n'ai pas été touchée par «la signification profonde» des observations de M. Mead, mais suprêmement agacée; il ne lui manque plus que de parler de la lutte des classes et autres sujets à la mode pour être tout à fait «in»…»

F. Moser

«Madame Mead, à quoi bon?»
«Mon propos n'est pas d'analyser l'article, mais de dire pourquoi il est bon de faire connaître ce livre.
» Les extraits publiés en décembre mettent certainement mal à l'aise. Il me semble que les passages choisis en disent à la fois trop et trop peu; cette concision pousse le lecteur à se cabrer.
» C'est aussi un article qui exige une lecture beaucoup plus attentive que ce qui paraît d'habitude dans les «Entretiens». Pire encore, on est loin du ton rassurant, sécurisant employé le plus souvent par notre journal !
» Par exemple une lecture hâtive met en évidence: «Pas de parents, pas de descendants.» C'est dur et on pourrait s'arrêter là. Mais si l'on regarde de plus près, on trouve «en ce sens» et tout de suite la réflexion est justifiée.
» Tout le monde accepte théoriquement le fait que l'évolution actuelle bouleverse au fur et à mesure les valeurs, les convictions. On sait bien qu'une des bases du conflit des générations, c'est l'angoisse des parents devant des bouleversements, devant l'inconnu qui menace leurs enfants.
» L'inconnu, ici, c'est le futur; c'est pourquoi ils voudraient tant se rassurer en transmettant aux jeunes des éléments vécus, expérimentés dans le passé, alors que le fait même qu'ils sont du passé irrite les jeunes qui objectent que ce n'est plus valable, pas adapté au présent et à l'avenir.
» Etre vivant c'est se tenir dans un difficile équilibre entre le présent et l'avenir. Or, équilibre ne signifie pas immobilité, stagnation ni sclérose; un funambule doit toujours garder un certain balancement qui le tient debout sur la corde. Un cycliste ne tient en équilibre que par le mouvement vers l'avant.
» Des propos comme ceux de Mme Mead donnent précisément l'impulsion ou même le choc: choc qui empêche l'immobilisme, la prise de position définitive, qui oblige à rester vivant en gardant la faculté et la volonté de toujours repenser les valeurs, les opinions. Nous voici obligés de refuser les idées toutes faites sans les passer périodiquement par le crible de l'examen.
» Tant qu'on est vivant, on est en évolution et des idées comme celles de Mme Mead sont nécessaires par le fait qu'elles «dérangent».
» Acceptons d'être un peu bousculées, surtout les mères de famille qui se sentent l'esprit «abêti», «vidé» par les travaux quotidiens. Si ce vide est considéré plutôt comme une disponibilité pour la réflexion, nous avons la chance d'élargir notre horizon sur cette voie que Mme Mead ou d'autres nous ouvrent; ce travail d'adaptation des relations entre générations sera un précieux complément à tous les progrès scientifiques, techniques, pratiques qui sont plutôt assumés par les hommes.»

Martine Duchêne

«Mes chers «Entretiens», vous nous avez offert quelques propos intéressants à méditer. Celui-ci en particulier: «Les aînés doivent traiter leur propre passé comme quelque chose d'incommunicable, et apprendre à leurs enfants à ne pas s'y intéresser, car ils ne sauraient pas le comprendre.»
» Mais cette citation de Margaret Mead, que vous avez déjà commentée deux fois (numéros de décembre 1973 et de février 1974) me reste décidément sur l'estomac!
» Je comprends bien que le passé et l'avenir sont comme deux planètes différentes, et que l'expérience des uns sert rarement aux autres. J'admets encore volontiers que mes enfants auront à trouver des solutions neuves à des problèmes neufs, et que je ne pourrai pas leur transmettre mes propres solutions, à supposer que j'en aie.
» Pourtant, Margaret Mead a une façon bien abrupte de couper la communication. Que fait-elle du dialogue?
» Si on veut qu'il y ait dialogue, il ne faut pas que l'un des deux partenaires commence par cacher ce qu'il est. On peut très bien imaginer des échanges de vues entre aînés et jeunes sur un mode non-autoritaire, les aînés évitant de se poser en modèles ou de dénigrer les autres modes de vie. Il me semble que tout est dans la manière de communiquer.
» Les jeunes ne veulent peut-être pas de guides, ils sont peut-être persuadés que leurs parents ont tort, mais ne préfèrent-ils pas savoir à qui et à quoi ils s'opposent, plutôt que de se sentir sans racines?»

Denyse Chappuis


Le fossé des généralisations!

«On fait, en ce moment, un succès à l'ethnologue américaine Margaret Mead. Cette grosse commère au visage éclairé d'intelligence et de malice se voit à la une des gazettes, et des feuilles graves comme la «Vie protestante» ou de petits journaux merveilleusement substantiels comme les «Entretiens sur l'Education»…
» Dans ce petit journal, c'est Marguerite Loutan qui présente Margaret Mead. Deux marguerites pour une couronne! J'aime infiniment mieux la Genevoise. Je la croise quelquefois. Dans son pas léger et son clair sourire, il y a toute la vivacité de son esprit subtil et gai. C'est ce qui compte. Les sages fabriqués se croient toujours obligés de se modeler en éteignoirs!
» Une Marguerite, donc, citant une autre Marguerite. Je crois voir la malice et qu'il s'agit de nous piquer un peu par les généralisations de l'Américaine et son livre: «Le fossé des générations», pour nous faire sursauter à bon escient… Par exemple:
«Aussi longtemps que les adultes penseront que, comme les parents et les maîtres d'antan, ils peuvent procéder par introspection, invoquer leur propre jeunesse pour comprendre la jeunesse actuelle, ils seront perdus. » Ils n'entendront pas - ou s'ils prêtent l'oreille - ne comprendront pas ce que la jeune génération tente d'exprimer.
»…Personne ne sait ce que devrait être la prochaine étape. Reconnaître qu'il en est ainsi constitue à mes yeux le début d'une réponse…»
» Ce style péremptoire peut faire illusion. Affirmez, affirmez toujours, il en restera quelque chose! Mais rien du tout si l'on relit sans s'y laisser prendre. Faites-le.
» Dans les souvenirs de ma jeunesse, je trouve de quoi comprendre la jeunesse d'aujourd'hui. Mêmes extravagances, mêmes puériles - et très sérieuses - désespérances, mêmes embarquements enthousiastes dans de folles aventures, mêmes essais palpitants de fruits défendus, mêmes revendications impatientes et tumultueuses d'une liberté plus imaginée que reconnue. C'est justement parce qu'ils ne pratiquent pas une introspection jusqu'aux sédimentations de leur jeunesse que beaucoup d'adultes, c'est vrai, ne comprennent plus rien à la jeunesse. Outre cela, une jalousie du déclin pour le commencement…
» Quant à la prochaine étape, il se peut bien que personne ne sache ce qu'elle devrait être… L'essentiel, le vital, est dans ce que nous voulons qu'elle soit, cette étape. Dans cette volonté et ses applications. Une destinée humaine, cela se fait de mains humaines. Dieu voulant, comme disait mon père quand je lui expliquais un projet…»

Daniel Anet

Extraits d'un article du Messager social.









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