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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURL'enfant psychotique et son adaptation familiale et sociale Qui est Jeanne Muller? Et qu'est-ce que son livre (1) peut encore nous apporter après tout ce qui a été publié ces dernières années sur les enfants inadaptés? Une psychopédagogue d'une compétence et d'une trempe exceptionnelles, dont l'existence n'a été que renoncement à tout avantage personnel pour se vouer tout entière à son idéal: c'est ainsi que le professeur Bamatter la présente dans sa préface. Après les nombreux ouvrages médicaux, paramédicaux ou littéraires parus en librairie, Jeanne Muller propose tout simplement des expériences vécues. Pendant trente ans, elle a en effet vécu en relation étroite avec des enfants incapables de s'adapter à la vie normale. Inadaptation due à des causes fort diverses: naissance laborieuse, maladie organique, débilité mentale, mongolisme, privation de soins maternels, vue déficiente, surdité. Parmi toutes ces détresses, elle s'est particulièrement intéressée aux autistes (ou autistiques), ces enfants murés dans leur monde personnel, qui posent en général le plus de problèmes aux psychopédagogues et aux thérapeutes. Que ce mot d'«autistes» ne vous fasse pas reculer d'appréhension! Jeanne Muller n'abuse pas des termes savants. Dans son souci d'être comprise, non seulement des éducateurs et des pédiatres, mais aussi des parents et de leurs enfants, elle parvient à décrire ses expériences sans recourir inutilement à un langage d'initié. En quoi consistent ces expériences, et quelle est la méthode utilisée? Si vous interrogez l'auteur là-dessus, elle vous répondra: «Justement, je n'ai pas de méthode préétablie. Une méthode pédagogique risquerait de mettre un écran entre l'enfant et l'éducatrice. Ce qui compte, c'est la recherche patiente, passionnée du bout d'un fil perdu dans un enchevêtrement parfois inextricable. Soudain, on croit le tenir, mais ce n'est qu'une petite partie du fil et il faut continuer à en chercher l'extrémité.» Absence de dogmatisme rigide. Capacité de sympathie illimitée. Patience à toute épreuve. Voilà les traits qui ressortent avec netteté à travers le récit de ces expériences. Le mot qui revient peut-être le plus fréquemment sous la plume de l'auteur, c'est attendre: «Il faut attendre. Je constatai qu'il fallait encore patienter. J'ai attendu. Je tâtonnais. Je cherchais à comprendre. Il fallait encore attendre…» C'est cette patience, faite à la fois de respect et d'espoir, qui a permis à Jean-Louis d'évoluer. On l'avait amené à Jeanne Muller à 10 ans dans un état lamentable, «passant de violentes crises nerveuses à des maladies graves des voies respiratoires. Ses gestes étaient saccadés et stéréotypés, son expression fixe et son retard méchant; il était impossible d'obtenir de lui une petite discipline; sa révolte était constante. Il se rongeait les ongles et suçait ses doigts. Il était presque sourd et n'acceptait pas sa surdité. Rien ne le touchait affectivement. Il semblait vivre dans son propre monde, plein d'explosions et de feu.» Après plusieurs années de tâtonnements, d'apprivoisement, de conquêtes et de rechutes, il finit par mener à bien un apprentissage, par circuler à vélo-moteur et par s'envoler seul pour un voyage à Palma de Majorque! (1) Ed. Delachaux et Niestlé, coll. Actualités pédagogiques et psychologiques. |
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