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Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Pas de pitié !

La petite Marie-Christine a eu à 5 mois une maladie qui a très fortement freiné son développement moteur. Son développement général, arrêté dans le domaine musculaire, a cherché, par le jeu instinctif de la compensation, d'autres terrains où s'épanouir. C'est ainsi que son intelligence s'est surdéveloppée. Et cela a produit les problèmes qui résultent du décalage entre un corps handicapé et un esprit particulièrement vif et conscient. La maman a dû faire face, avant même les 2 ans de Marie-Christine, à la question suivante: «Maman, pourquoi je peux pas marcher comme les autres?» On imagine sans peine à quel point la mère eut le coeur serré.

Ne pas sombrer

Mais on peut avoir le coeur serré sans l'avoir chaviré. Là est précisément la question: ne pas sombrer. Et c'est possible, à condition de le vouloir vraiment, c'est-à-dire de trouver à n'importe quel prix beaucoup de courage. Face à un enfant malheureux (que ce soit un enfant infirme pour toujours ou tout bêtement un gosse déçu parce qu'un projet dont il s'était réjoui tombe à l'eau), la dernière chose à faire est de s'apitoyer. Car: où voulez-vous qu'il trouve le courage pour vaincre s'il nous voit et nous sent aussi démunis que lui? Le traiter avec beaucoup de sensibilité, oui, et avec le maximum d'affection, cela va de soi, mais avoir le courage de ne pas sombrer et d'accepter la situation telle qu'elle est, avec toutes ses implications, sans la remettre en cause avec des lamentations («Ah, si seulement les choses étaient autrement…» «Oh, pourquoi les choses sont-elles ainsi…»).
Pour arriver à créer ce courage en nous - car peu nombreux parmi nous sont ceux qui l'ont de naissance - il est absolument indispensable que nous soyons pénétrés de la vérité suivante: S'APITOYER SUR UN ENFANT LUI ÔTE DES FORCES. L'enfant dont l'entourage s'attendrit se mettra à compter sur la pitié d'autrui au lieu d'essayer de vaincre. Cette pitié entraîne la dépendance de l'enfant. En outre, plus on aura pitié, plus on le traitera comme un faible. Et plus on le traitera comme un faible, plus ses possibilités de surmonter diminueront.
Les attendrissements et les lamentations font comme se ratatiner ceux auxquels ils s'adressent *. De plus, l'enfant qui se sent victime peut être amené, dans certains cas, à revendiquer inconsciemment toutes sortes de droits aberrants (l'adulte aussi !).
Alors, ne pourrions-nous pas au contraire utiliser ces situations de souffrance, parfois de tragédie, pour en faire les marches d'un escalier où, à chaque petit palier, l'enfant pourrait connaître l'exaltante sensation de «grandir», comme il le dit si bien ? Ne pourrions-nous pas en faire peu à peu pour lui l'occasion de se constituer en personne, c'est-à-dire en être de plus en plus indépendant, prêt à assumer un jour les événements de sa vie, quels qu'ils soient, et son destin ?

Ce dur courage

Pour nous, parents et éducateurs, essayer de constituer en nous le courage de ne pas nous attendrir, est une oeuvre de longue haleine, et qui ne va pas sans déchirements ni de nombreux échecs. La vraie question demeure: voulons-nous voir un jour nos enfants s'élancer dans la vie, ou voulons-nous, en les rendant tributaires de nous, en les forçant à s'appuyer sur nous (et sur autrui), en faire des sous-hommes, de pauvres lavettes à la merci de n'importe quoi et de n'importe qui? Selon notre réponse, nous pourrons oui ou non trouver la force de ce dur courage qu'il faut toujours avoir au moins pour deux (soi-même et l'enfant), parfois pour trois ou plus (lorsque le conjoint ou le milieu vont à contre-sens), mais qui semble bien être l'unique possibilité de sortir vraiment l'enfant de sa détresse et de sa dépendance.
La souffrance est inévitable. Mais en apprenant à l'enfant à se grandir chaque fois à la taille qu'elle exigera de lui, nous lui aurons donné le moyen de ne pas être réduit à sa merci.


*Il y a d'ailleurs bien souvent dans l'apitoiement une attitude hyper-protectrice (qu'il s'adresse à un enfant ou à un adulte). La pitié au sens par exemple chrétien du terme, ou la pitié au sens bouddhiste de compassion, sont tout autre chose.









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