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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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RETOURLu pour vous… Une vocation théâtrale Dans ses «Souvenirs pour demain» Jean-Louis Barrault raconte ses débuts chez Dullin qui, dans son petit théâtre périphérique de l'Atelier, remportait alors ses premiers succès, notamment avec Volpone, de Jules Romains. Etant très désargenté - car il gagnait, dit-il, 15 fr. par jour mais n'était pas payé - il avait obtenu l'autorisation de coucher au théâtre. Un soir après la représentation, alors que tout le monde était parti, il a l'idée d'aller coucher dans le lit de Volpone qui reste en scène après le cinquième acte. Il se faufile sur le plateau, allume une bougie, ouvre le grand rideau de scène «comme on fait une chose défendue» et, devant la salle de fauteuils vides, il rêve: «Voici, écrit-il, mon rêve d'enfant réalisé: Je vis, je me marie en ce moment même avec la vie de théâtre. Je m'aperçois, au cours de cette nuit d'initiation, que tout le problème du théâtre est de faire vibrer ce silence…» «Ce silence rempli de craquements, dans cet enclos magique où je n'entendais plus que le bruit intérieur de mon corps - mon corps «lumineux», comme dit Pythagore - ne devait plus jamais me quitter; je me verrai toujours blotti dans le lit de Volpone, passant ma première nuit d'amour à la source de mon art… Depuis, j'ai été constamment à la recherche de ce Silence et il m'est arrivé parfois de le retrouver, mais cette fois au milieu d'une scène flamboyante de projecteurs, dans une situation dramatique chauffée à blanc, et devant, ou plutôt parmi mille personnes, mille coeurs humains attentifs, ouverts, partageant le moment présent avec moi. Je crois bien que l'endroit où j'ai éprouvé le plus intensément cette merveilleuse sensation a été le passage du grand monologue de Hamlet, «Etre ou ne pas être». Lorsque mille coeurs battent au même rythme et que le mien bat au rythme du leur; lorsque le rythme de mon coeur s'accorde avec le rythme de ces autres coeurs; lorsqu'à nous tous nous ne faisons plus qu'un: je peux dire que je connais l'amour humain, l'amour de tout un groupe d'humains, l'amour entre humains. Et de même qu'il nous arrive, dans l'amour, à certains sommets, de vouloir retarder l'instant de la merveilleuse déchirure, il m'arrive aussi de vouloir retarder cet instant. Je me tais; je ne respire plus; nous tous, nous ne respirons plus. Nous palpitons dans l'immobile; nous retrouvons ce silence exceptionnel, ce silence-en-marche que seule peut procurer la sensation physique du présent.» (Jean-Louis Barrault: «Souvenirs pour demain.» Ed. du Seuil. 28 fr. suisses.) |
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