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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Le bonheur et l'ordre

Ne me parlez pas du désordre! C'est une calamité ! Le désordre fait passer à côté du bonheur. C'est une forme de pauvreté, dont peuvent souffrir les plus fortunés. A quoi bon posséder des avantages si, au moment opportun, ils sont hors de portée! Voilà qu'il pleut, je ne sais pas où est mon parapluie! Voilà qu'il faut écrire, il n'y a pas une plume, dans la maison! Il y a longtemps que j'aurais dû vous rendre ce volume, mais, vraiment, je ne sais, où il a passé ! Je suis tout disposé à payer cette note, mais elle a disparu ! Je suis résolu à être aimable, mais j'ai perdu ma bonne humeur ! Ainsi le désordre, par le temps qu'il fait perdre, par les déceptions qu'il cause, par les occasions qu'il fait manquer, devient une impolitesse et accumule des obstacles !

Entendons-nous: tout homme qui travaille crée autour de lui un certain désordre momentané qui est le signe évident de son activité: trouble passager et nécessaire de l'ordre qu'il va rétablir. Honneur au vêtement maculé de l'ouvrier, au cabinet encombré du savant, à la chambre familiale, à la fougueuse allégresse des jeux d'enfants! L'ordre n'est pas dans l'immobilité !

Mais le vrai, le triste désordre, fait de négligence et de paresse, qui laisse s'accumuler la poussière et les oublis, sans qu'on songe à y porter remède, voilà le fléau !

Il est particulièrement nuisible et désastreux, quand il s'attaque à cette responsabilité universelle qu'est la question de l'argent. Foule de gens honorables (il n'est pas question des autres) n'ont pas d'ordre dans leurs affaires. Ils souffrent, et font souffrir par ce laisser-aller, plus qu'ils ne le comprennent. On les entend s'écrier: «C'est extraordinaire, comme mon argent file vite, je ne sais pas ce qu'il est devenu!» Quel aveu d'incurie! Comment, vous ne savez pas ce que devient votre argent? Ce n'est donc pas vous qui en disposez ? Nombre de ménages succombent, moins sous l'insuffisance de leurs ressources que sous l'imbroglio de leurs affaires. C'est qu'on ne tient pas de livre, ni des dépenses ni des recettes. Ou si ce livre est mal tenu, il en résulte le même fatras. Le mari ne dit pas toujours à sa compagne ce qu'il gagne et ce qu'il dépense, il lui apporte des quinzaines très inégales, il ne sait pas ce qu'il a d'argent dans son gousset, il s'étonne qu'il y en ait si peu, surtout s'il a l'habitude de s'attabler au café. La femme n'avoue pas toujours les petites recettes que son travail personnel lui procure. Et, sans qu'on ait fait la moindre extravagance, avec le sentiment même d'avoir été très regardant, on constate avec dépit qu'il est difficile de tourner. Les époux ne se sont point concertés pour la bonne marche de leurs finances; bien moins, il leur arrive de s'accuser l'un l'autre de ce que leur budget, qui devait être suffisant, ne l'est pas. Et les mères les plus scrupuleuses de leurs centimes reçoivent cet inique reproche: Je ne sais pas ce que tu peux faire de tout cet argent ! Ou le laborieux mari est assailli par cette déprimante supplication: Je ne puis suffire à tout, avec le peu que tu me donnes ! - Mais avec quelle bonne conscience on laisse fleurir le plus naïf désordre ! Un jour, Madame dira: Je viens de m'acheter un chapeau neuf, un peu cher, il est vrai, mais je suis rentrée à pied pour économiser le prix du tram. Et Monsieur renchérit : J'ai rapporté ce caisson de cigares, une excellente occasion... et Madame soupire, en sourdine: le tailleur vient d'envoyer de nouveau sa note !

Tout n'est pas, à la vérité, de gagner de l'argent et d'en posséder, mais de le bien gérer. L'ouvrier soigneux de son modeste salaire est plus riche de bonheur que le spéculateur que ses richesses empêchent de dormir. Cent francs sont moins, pour qui
les dépense mal à propos, que dix francs, dont on dispose judicieusement. Le désordre peut devenir un des plus pesants fardeaux de l'existence, d'autant plus pénible et regrettable qu'on pourrait l'éviter et que le désordre des uns ajoute au désordre, c'est-à-dire au malheur des autres.

Que faire donc ?

Apprenons aux enfants la science de l'ordre, la valeur de l'argent et l'importance de sa scrupuleuse gestion.

Sachons faire passer le devoir avant le plaisir, si nous voulons connaître le plaisir d'avoir fait notre devoir.

Etablissons notre budget. Sachant ce que nous gagnons, calculons combien nous pouvons dépenser par jour, par mois (avec une part pour l'imprévu), et autant que possible, tenons-nous y.

Notons avec soin nos recettes et nos dépenses, et faisons-en le compte chaque quinzaine ou chaque mois. Pour faciliter l'ordre chez autrui, ne laissonspas traîner nos dettes. Mettons et remettons toutes choses à leur place: les objets, l'argent, le travail,
le sommeil, les plaisirs mais aussi les pensées, les paroles, les devoirs, la piété. L'ordre n'est pas seulement dans une chambre bien balayée, dans un salon intact, dans un costume impeccable, mais dans une vie sans injustice

A quiconque veut dominer les soucis, l'ordre ouvre la voie, l'affection et la foi donnent le secret.









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