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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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L'enfant jaloux

Le jaloux est d'abord quelqu'un qui souffre. Il est malheureux. A la limite, comme on dit parfois, la jalousie est une vraie maladie. Et les sentiments que le jaloux éprouve, les comportements qu'il adopte, sont d'abord le signe de sa faim d'amour, de sa faim d'être «le préféré», d'être le seul aimé.
Les problèmes des parents d'un enfant jaloux vont de l'interrogation: «Pourquoi est-il si méchant?» à l'interrogation: «Qu'ai-je fait pour ça?» On se déplace sans cesse alors entre deux pôles: celui de l'accusation de l'enfant: «Il pourrait faire un effort» - «Tu n'es pas raisonnable» et celui de l'auto-accusation: «Je ne l'aime peut-être pas assez - ou pas bien - c'est vrai qu'il m'agace - je commets sûrement des erreurs.» Tout ceci débouchant bien entendu sur deux attitudes qui peuvent aller d'une exigence parfois très dure à un abandon total au désir de l'enfant jaloux… Comme cela est vrai la plupart du temps, toutes ces outrances détiennent une parcelle de vérité, mais ont besoin de se composer entre elles.
Moraliser un enfant jaloux n'aboutira qu'à faire naître en lui des sentiments de culpabilité de plus en plus profonds et souvent, de ce fait, des défenses de plus en plus agressives. La parole ne sert pas beaucoup. C'est au niveau le moins élaboré qu'il faut rejoindre l'enfant. Au niveau où se dit l'amour des premières semaines, où l'on communique par le geste, le ton de la voix, les dons de nourriture, la sécurité assurée. Il faut que cet enfant tout à coup déchiré dans son amour, rejeté dans le désir d'être lui-même un bébé, puisse un temps être reconnu dans ce désir. Reconnu et non condamné. Dans la majeure partie des cas, il se remettra en route de lui-même.
Cependant, maintenir l'enfant dans cette situation de protection accrue serait une erreur. Il ne s'agit pas de le traiter comme un éternel nourrisson, comme un incapable de grandir. En d'autres termes, tout en gratifiant l'enfant jaloux de ces diverses attentions, il est indispensable de se rappeler qu'il doit évoluer et de l'y conduire peu à peu, en l'accompagnant. Indispensable de lui faire connaître les limites que nous ne pouvons franchir, ni lui non plus. Oublier cela, s'abandonner à des exigences capricieuses sans aucun frein, c'est insécuriser plus encore l'enfant qui se sent alors privé de la protection que représente pour lui la solidité des parents.
Reste que, parfois, malgré leurs attentions, leur application, leur amour, les parents ne parviendront pas à dénouer cet écheveau dans lequel l'enfant se débat. A ce moment-là, l'aide d'un psychologue - tierce personne extérieure au problème - est souvent bénéfique. Car une technique appropriée sera peut-être nécessaire pour qu'émergent et soient traitées efficacement les difficultés de l'enfant - faute de quoi, il ne parviendra pas à se délivrer de l'entrave que représente pour lui son insurmontable jalousie. Ce sont cette peur de n'être pas aimé et ces sentiments de culpabilité qui, parfois, en s'enkystant, font ces adolescents et ces adultes douloureux, malheureux, arbitrairement exigeants pour tout leur entourage.

Difficile à supporter, créateur de troubles, l'enfant jaloux est pourtant pour sa famille l'aiguillon précieux qui renvoie chacun à la question fondamentale: de quel type d'amour ai-je aimé cet enfant, mon entourage, jusqu'à maintenant? A quelles épurations et modifications profondes puis-je être amené grâce aux appels lancinants qu'il me lance?









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