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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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Notre questionnaire de juin: Les abonnés s’interrogent… et s'expriment à propos de l'éducation religieuse

La dernière page du numéro de juin vous proposait trois questions:

1. Avez-vous des préoccupations au sujet de l'éducation religieuse de vos enfants?
2. Quelles expériences positives ou négatives avez-vous faites?
3. Pouvez-vous nous donner le nom et l'adresse d'une personne à qui nous pourrions envoyer notre journal à l'essai?

Dès les premiers jours de juillet, le courrier affluait de tous les cantons de Suisse romande, de Berne et de Zurich, du Bas-Rhin et de Belgique. En dépit de l'imminence des congés d'été, vous avez pris la peine de répondre en utilisant les espaces laissés libres ou en vous exprimant plus longuement sur de grandes feuilles supplémentaires.
Le Comité de rédaction a dépouillé tout cela avec plus d'intérêt et d'émotion qu'il n'avait osé l'espérer. Car chacune de vos réactions porte la marque de la simplicité, de la vie, de l'authenticité. Pas la moindre trace de patois de Canaan. Pas l'ombre d'une tendance du genre: moi-je-sais-ce-qu'il-faut-faire, suivez mon exemple!
Et puis, il y a toutes ces adresses d'abonnés éventuels que vous avez bien voulu nous transmettre: une, deux, trois, vingt-deux et quarante-huit à la fois! Notre administratrice ne sait comment vous dire sa reconnaissance.

Ce numéro, c'est vous qui l'avez rédigé.

En prenant connaissance des préoccupations exprimées par les uns ainsi que des expériences rapportées par les autres, vous allez constater comme nous que ce numéro est votre oeuvre et que les «spécialistes» n'ont rien d'important à y ajouter.
En effet, les réflexions et suggestions relatées par les uns sous chiffre 2 répondent presque point pour point aux perplexités exprimées par d'autres sous chiffre 1. La qualité des témoignages nous semble répondre à ceux qui s'interrogent mieux que nous ne pourrions le faire nous-mêmes. A quoi bon compiler des documents inertes quand on a la chance d'avoir sous la main des réponses vivantes?

Jugez vous-mêmes!

Petits

Avez-vous des préoccupations?

- Oui, car il me semble que la base de l'éducation religieuse se construit avant l'entrée à l'école. Or, les jeunes parents sont très peu aidés dans leur tâche éducative à ce moment-là. Et suivant ce qu'ils ont reçu comme éducation religieuse, il leur est impossible de transmettre sans une aide un apport de l'extérieur.
- Oui, j'estime que l'éducation religieuse devrait commencer dès la naissance. J'aimerais connaître l'avis d'autres lectrices sur ce sujet très intéressant et important.
- Oui, car j'aurais aimé que nos enfants aient une bonne éducation religieuse, mais je trouve très difficile de le faire à la maison.
- Je me rends compte combien il est difficile d'expliquer les choses les plus importantes: la vie et la mort, par exemple.
- Pas encore! Nos enfants n'ont que 2 1/2 ans et 5 ans. Mais nous pensons à la suite à donner.
- Bien sûr, depuis longtemps! Nous y avons longuement réfléchi seuls, en groupes et en paroisse.
- Oui, parce que notre position est délicate. Ma femme et moi ne sommes plus croyants. Mais nous ne voudrions pas priver nos enfants d'une initiation mystique. Nous avons institué une sorte de rite laïc le soir: chant, petite conversation, silence ensemble. Mais, après? Et que répondrons-nous quand ils nous poseront les grandes questions: d'où vient la vie? Qu'est-ce qui se passe après la mort? Quel est le sens de la vie?
- Oui, beaucoup. Je trouve difficile d'apprendre à prier. A ne pas faire de la religion une morale. Le matériel et la littérature à mettre entre les mains des enfants est rare, ou trop «rose-tendre». Et comment expliquer tant de choses troublantes?
- Oui, car nous voudrions laisser nos filles libres de choisir. Mais comment le feront-elles si elles ne sont pas informées? Et comment former sans déformer? Existe-t-il des livres qui pourraient nous aider?


Expériences - Réflexions - Suggestions

Plusieurs abonnées racontent en quoi consiste la prière du soir:

- La prière fait partie du rite du coucher. Il faut penser à tout le monde, y compris le canari, le cochon d'Inde, etc.
- Tous les soirs, mon fils, 3 ans, dit «Merci, Jésus» pour tout ce qu'il a vu dans la journée: les fleurs, les arbres, le soleil, etc. Ensuite, il réfléchit à ce qu'il a fait. Je l'aide en rappelant certains événements. Puis il pense à papa, à maman, au petit frère. Il commence à citer de lui-même.
- J'ai l'intention de me procurer une Bible illustrée et quelques livres simples comme point de départ.
- Nous pensons que l'éducation religieuse n'est pas une question de connaissance, mais plutôt une façon de vivre.
- Ce n'est pas une «matière» qui s'enseigne. Elle passe selon la valeur du témoignage vécu par celui qui enseigne.
- Il me semble qu'il faut saisir toutes les occasions qui se présentent pour parler des choses importantes qui tracassent les enfants: la mort, la jalousie, les injustices.
- Nous avons dû expliquer à notre enfant de 5'h le départ d'un ami très cher, mort à 45 ans. Ce qui l'a finalement aidé à accepter, c'est que cet ami ne souffre plus. Il pense à lui presque chaque soir dans sa prière.
- J'ai fait l'expérience que même si les enfants ne comprennent pas ce que j'essaie d'expliquer, ils sentent juste. Il faudrait se fier davantage à leur instinct profond.
- Ils nous observent et regardent autour d'eux: si notre comportement est celui de chrétiens (égards aux autres, engagement à ce que le monde change), ils seront imprégnés. Alors, l'envie de connaître, de s'instruire sur l'histoire du Christ sera suscitée par nous et viendra quand l'enfant ou le jeune sera prêt.
- Souvent, c'est mes enfants qui m'ont donné une leçon par leur attitude de confiance absolue, d'humilité aussi. Maintes fois, je me rappelle la parole de Jésus: «Si vous ne devenez comme les enfants (confiants, humbles, obéissants) vous n'entrerez pas dans le royaume de Dieu.»


Expliquer, c'est difficile…

Un enfant de 2 ans et demi perd sa grand'mère. Elle n'habitait pas avec lui et il ne la voyait que peu souvent. Pourtant, après une période de silence (ce qui est souvent le cas chez les petits, et même chez les plus grands), lorsqu'on passa pour la première fois après sa mort devant sa maison, une question fusa: «Où elle est maintenant, grand'mère?» «Elle est avec Dieu», répondit la maman. C'était une de ces mamans qui réfléchissent d'avance et tentent de plus de répondre, quel que soit le domaine, au plus près de ce qui est pour elles la vérité. Logique, l'enfant continua:
«Et Dieu, il est où?» La maman, presque fière d'avoir pensé à cette question et d'avoir trouvé comment éviter toute désastreuse localisation de Dieu dans une topographie céleste, dit avec calme: «Dieu est dans ton coeur.»
Bien. L'enfant n'alla pas plus loin. La réponse avait dû le satisfaire.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là.
Quelques mois après, la mère entend tout à coup l'enfant expliquer au père, d'une phrase, avec la forte tranquillité de qui détient la plus logique des vérités: «Tu sais, papa, grand'mère elle est dans mon ventre.» Silence. Ahurissement. La mère est dans ses petits souliers, car le père, non croyant, lui a confié l'instruction religieuse de l'enfant. Le père finit par dire: «Ah oui?» «Mais bien sûr», reprend l'enfant. «Dieu est dans mon ventre, et grand'mère est avec lui.» Brusque illumination pour les parents. «Ah! bon», disent-ils, peu convaincus, mais ne se sentant pas le droit de contredire.
La mère mit plusieurs mois, si ce n'est un an, à «rattraper» la contre-performance que son «intelligence» et son désir de «vérité» lui avaient fait faire. Et elle apprit du même coup deux choses: la compréhension très matérielle, concrète, qui est celle des tout-petits, et… l'humilité!

Nuria Delétra

L'âge de l'enseignement religieux, de l'école du dimanche, du catéchisme

Avez-vous des préoccupations?

- Bien que mes deux enfants ne soient pas encore d'âge scolaire, je me pose la question de l'opportunité d'un enseignement religieux scolaire ou extrascolaire.
- Très heureuse que vous abordiez le sujet! Nous sommes non pratiquants dans un petit village très catholique. Donc cours de religion à la puissance quatre. Nos enfants rentrent de l'école enfantine avec d'horribles histoires de guerres atroces, de gens coupés en morceaux, de vies de saints qui devraient être édifiantes, mais… Nous attendons avec impatience vos articles sur ces questions.
- Jusqu'à maintenant, j'ai fait confiance aux moniteurs et monitrices, car je ne me sens pas capable d'éduquer mes enfants sur ce point. J'oblige donc mes enfants à suivre régulièrement l'école du dimanche. Chaque fois qu'il faut partir, ils rechignent, mais reviennent toujours contents. Ce qui me navre, c'est le peu qu'ils comprennent de tout ce qu'on veut leur apprendre.
- Votre idée d'aborder ce sujet dans les «Entretiens» m'intéresse particulièrement. Car je suis chapelain et j'ai l'impression que nous ne savons pas répondre à l'attente des enfants.
- Notre aîné ne s'intéresse pas à toutes ces histoires livresques. Il préfère assister au culte des adultes. A cause des jeux d'orgue.
- Quand ma fille me demande pourquoi il existe deux sortes de catéchisme et pourquoi elle doit se séparer de sa meilleure amie au moment de l'enseignement religieux, j'avoue que je trouve difficile de répondre.
- Je suis en recherche personnelle sur tous les aspects du problème. Je me demande entre autres: comment transmettre ma foi? Est-ce que je peux la transmettre? Qu'est-ce qu'on transmet en définitive? Je suis croyante, mon mari ne l'est pas. Ce qui ne me simplifie pas la tâche.

Réflexions - Expériences - Suggestions

- Nous en sommes venus à la conviction que «l'instruction religieuse» n'est pas une question de connaissances, de formules et de définitions, qu'on rejette plus tard. C'est plutôt une façon de vivre. Une manière de réagir aux événements, d'agir pour que le monde change.
- Etant monitrice du culte de l'enfance, je pense que c'est notre devoir de montrer à l'enfant ce que nous croyons. Par «montrer», j'entends vivre au plus près de sa croyance ou du moins essayer. Il y a là une connaissance à donner comme n'importe quelle autre connaissance.
- Nous avons fait une expérience très positive lorsque nos enfants étaient tout petits. Ils étaient reçus le dimanche matin au domicile d'une maman très accueillante et pédagogue née. Par la suite, l'école du dimanche dans un cadre plus rigide n'est devenue qu'une sorte de «leçon» de plus. L'enthousiasme a malheureusement fait place à une sorte d'obligation morale de se rendre à l'église.
- Il est nécessaire d'avoir des personnes très compétentes pour donner les leçons de catéchisme. Sinon l'intérêt tombe et c'est la corvée.
- L'enseignement religieux, c'est une chose. Mais la personne qui le fait joue un rôle énorme.
- Pourquoi ne pourrions-nous pas modifier cet enseignement? Souvent, les histoires sont trop abstraites. L'enfant se lasse et finalement en a la nausée. Nous pourrions faire du groupe d'enfants un groupe actif qui deviendrait une petite communauté vivante. Des idées surgiraient: aller visiter un camarade malade, bricoler en vue d'un bazar ou pour illustrer une histoire racontée (pêche miraculeuse, etc.). Avoir en vue la création d'une réalité chrétienne qui susciterait l'intérêt et le goût de l'histoire biblique.
- Sans enseignement religieux, comment peut-on juger et choisir? Pour se décider, il faut bien connaître. Et pour ceux qui ne veulent aucun enseignement religieux, on pourrait créer un enseignement traitant des problèmes moraux, humanitaires, sociaux, etc., au même titre qu'une autre branche. Il me semble qu'il y a une lacune dans ce domaine.
- N'étant rattachés à aucune confession, nous avons le souci d'informer notre enfant. Ce fut fait un peu au travers de Pomme d'Api, puis de petits livres de notre enfance relatant divers récits bibliques.

A toutes les questions, nous répondons en toute sincérité. Je vois là un grand pas vers l'esprit de tolérance pour notre enfant, à qui nous ferions suivre les leçons de religion s'il en exprimait le désir.

L'important est de ne pas vouloir nier… le Mystère.

- Il faut partir d'une base qui correspond aux intérêts des enfants. Responsable de l'enseignement religieux, je me sers souvent d'articles des «Entretiens sur l'éducation» comme point de départ d'échanges: la drogue, l'alcoolisme, l'auto-stop, l'argent de poche, etc.
- Face aux questions difficiles, je n'échappe pas à la remise en question de moi-même. Quand ça ne tourne pas rond, je commence toujours par m'interroger sur moi. Je ne voudrais pas être un écran entre Dieu et mon enfant.
De toute façon, Dieu seul donne la foi. Mettre en condition l'enfant pour la recevoir, oui. Mais cela ne se peut que si nous en vivons nous-même. Et même si nous en vivons, combien de questions!
- Face à un enseignement religieux obligatoire que nous n'approuvons pas, voici comment nous réagissons: si les enfants sont troublés par ce qu'ils ont entendu, nous essayons premièrement de remettre les choses à leur place; deuxièmement, de donner nos idées sur le sujet et d'en parler avec nos enfants et enfin d'avoir un entretien avec la commission scolaire pour expliquer notre problème. (Nous étions trois mamans, nous avons été bien écoutées, nous attendons une réponse…)


Troisième volet de l'enquête

Un troisième groupe de questions et d'expériences concernant l'âge de l'adolescence n'a pas pu être publié dans ce numéro. Nous le réservons pour le mois de novembre.
Dans ce numéro-là, vous trouverez également une liste de brochures et de livres qui répondent à votre attente. Ils vous seront présentés par des parents qui les ont utilisés et qui en connaissent la valeur.

En attendant, voici déjà

Quelques remarques générales

Les points qui nous ont frappés parmi ceux que vous avez mis vous-mêmes en évidence sont les suivants:

- L'éducation religieuse est plus un éveil que le résultat d'un enseignement.
- Ce n'est pas une question de connaissance, mais une façon de vivre.
- On ne transmet pas tellement ce qu'on dit, mais ce que l'on croit.
- La personnalité de celui qui cherche à transmettre un message compte davantage que les mots et les méthodes.
- Il faut distinguer, d'une part les rites et les dogmes, d'autre part la foi.
- Inutile de prêcher ce qu'on ne met pas en pratique soi-même.
- Les enfants sont sensibles à la sincérité. Ils sont allergiques à l'hypocrisie.
- Ne pas attendre d'être parfaits pour se mettre à l'oeuvre, mais se tenir prêts à reconnaître ses faiblesses, ses erreurs, ses torts.
- Ne pas laisser échapper les questions posées par les enfants. Saisir toutes les occasions, surtout si elles sont embarrassantes! Et au besoin chercher ensemble les réponses satisfaisantes.
- Les enfants ont besoin d'expérimenter. De petits groupes vivants, où l'on s'efforce de «mettre en pratique», correspondent mieux à leurs besoins profonds que ce qui prend la forme d'un enseignement, d'une instruction.
- Quelle que soit votre option (confessionnelle ou non), il est souhaitable qu'elle conduise au respect des autres croyances, à la tolérance, à l'ouverture vers autrui, à la liberté de choix.









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