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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Histoire de rats

L'homme est un mammifère sociable. C'est le fond même de son existence. Il vit en communautés plus ou moins importantes. Il semble que son système nerveux se soit adapté durant l'ère quaternaire, c'est-à-dire à peine un million d'années, ce qui est peu en rapport avec les centaines de millions d'années qui ont été nécessaires à la formation des êtres vivants.
Il s'est adapté, mais il n'est pas encore parvenu à une maîtrise telle qu'il puisse supporter n'importe quelles conditions de promiscuité. En dépit des efforts d'adaptation réalisés au cours de ce million d'années, on peut dire que nous cachons toujours en nous un cerveau archaïque, un cerveau de reptilien.
Or, la vie qui nous est faite dans la société moderne n'est souvent plus à la mesure de ce que peut supporter notre système nerveux.
C'est pourquoi, s'il n'y a pas plus de fous qu'autrefois, ni de suicides, il y a infiniment plus de névrosés, de psychotiques.

Espace vital minimum: «la bulle»

Les expériences faites avec l'animal montrent qu'il reste inoffensif tant qu'il dispose d'un espace suffisant. Il a besoin de sentir une certaine distance entre lui et les autres (distance dont la mesure varie selon l'espèce). Qu'on franchisse cette distance et aussitôt l'animal réagit par la fuite ou par l'attaque.
L'homme aussi a un espace péricorporel qui lui est indispensable et qui est très court: 80 cm environ. C'est ce qu'on nomme «la bulle». A l'intérieur de cette bulle, l'homme se sent autonome.
Dès qu'il ne dispose plus de sa bulle, dans l'entassement d'une foule, par exemple, des réactions visibles apparaissent (crispation du visage) ou physiologiquement mesurables (décharges d'adrénaline, par exemple).
Dans la vie sociale actuelle, d'innombrables agents se liguent pour déconnecter l'homme de son rythme biologique: l'éclairage, le chauffage, les transports. Aux agressions de contact ou de présence des autres s'ajoutent des stress de contraintes, de déplacements en masse, le portillon qui se referme dans le métro, le feu rouge qui vous oblige à arrêter votre voiture, déterminant chez beaucoup une décharge d'adrénaline.
Par bien des tests de psychométrie, on a mesuré «le temps de tolérance au feu rouge bloqué» avant qu'il ne soit transgressé. Il est beaucoup plus court à Paris qu'à Grenoble, ce qui tendrait à prouver que la tolérance des contraintes est en proportion inverse de l'étendue de la ville.
Cette situation s'aggrave dans les grands ensembles locatifs. On sait que dans une cage où l'on met de nombreux rats, ils s'attaquent et se mangent, alors qu'en petit nombre ils s'ignorent. Eh bien, les hommes, sans se dévorer réellement, se tolèrent de plus en plus mal.
Il a été démontré que les populations sans écriture ne tolèrent pas plus de 400 membres, alors que la mégapole moderne en rassemble des millions.

D'après Jean Weill (H.S.M.)


Commentaires des «Entretiens»

Nous n'aimons pas beaucoup être comparés à des rats dans une cage surpeuplée. La comparaison n'est ni flatteuse, ni encourageante. D'accord. Mais si elle nous aide à mieux comprendre pourquoi la vie actuelle devient par moments intolérable? Si nous saisissons mieux pourquoi nos enfants ne sont pas loin certains jours de se dévorer mutuellement?
Regardons les choses héroïquement en face! Et demandons-nous si chacun dispose des 80 cm qui lui sont indispensables.
Cette bulle, c'est vraiment un minimum, il faut le reconnaître. Elle représente une exigence qu'il n'est pas si difficile de satisfaire. Pourvu qu'on y pense. Et qu'on la respecte !
Même dans un local restreint, il est possible de réserver à chacun son modeste espace vital. Il peut être symbolisé concrètement par un «coin» strictement personnel, un tiroir que personne ne viole, un carton à trésors, un rayon d'armoire, une paroi de chambre.
Il y a plus de 30 ans, alors que cette bulle n'avait été ni découverte, ni définie scientifiquement, un jeune couple en avait tenu compte sans le savoir. Ils habitaient un minuscule studio avec un fils de 20 mois. Pas de vestibule, ni de balcon, aucun lieu où se réfugier. Ils ont adopté le système suivant pour préserver l'intimité dont chacun avait besoin selon les heures: c'est le parc du petit qui jouait le rôle de refuge. Celui qui voulait avoir la paix un quart d'heure, écrire une lettre, coudre ou… méditer, s'installait à l'intérieur des modestes barrières. Défense de déranger sous aucun prétexte !
Cela a marché jusqu'à ce que la famille trouve un logement plus grand.
Détail non négligeable: voyant ses père et mère considérer son parc comme un endroit privilégié, cet enfant n'a jamais eu l'impression d'être mis en prison quand son heure était venue de l'occuper!

Marguerite Loutan









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