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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURLa liberté, c'est bien joli, mais… Caroline et Raoul sont invités chez grand-mère pour l'après-midi. Sitôt arrivés, ils commencent leurs explorations: ils ouvrent toutes les portes, soulèvent tous les couvercles, allument toutes les lampes. Ils trempent leurs doigts dans le cendrier, vérifient le contenu de la poubelle, puis vont au salon pour leur improvisation habituelle à quatre mains, «avec la pédale». Ils sont charmants. Mais oui! Et vifs, intelligents, pleins d'imagination. Mais exténuants. Quand ils sont là, on n'a plus dix secondes à soi. Il faut avoir l'oeil perpétuellement aux aguets. Le bilan de l'après-midi? La grand-mère est à bout de résistance. Et les enfants sont insatisfaits: ils ont touché à tout, mais ils n'ont rien fait vraiment. Une liberté sans limites, ce n'est pas le bonheur. C'est la gabegie. Les parents (et les grands-parents!) qui lisent des ouvrages de psychologie ont quelquefois tellement peur de «complexer» leurs enfants qu'ils ne savent plus quand et comment intervenir. De peur de se tromper, ils adoptent une attitude si inconsistante et si molle qu'elle finit par dérouter l'enfant aussi fâcheusement que les cris et les coups inconsidérés. C'est regrettable. Car l'enfant ne sait plus à qui il a affaire. Face à cette absence de réactions, il se sent désemparé, abandonné, ou si angoissé qu'il invente n'importe quelle bêtise pour obtenir une intervention de l'adulte. «Ce n'est pas sans dommages qu'un enfant est frustré de frustrations» (1). «La frustration fait partie intégrante du développement. C'est le catalyseur le plus puissant dont la nature dispose dans le domaine de l'évolution (…). Lorsque je parle de frustration, je ne recommande pas de battre les enfants. Je me réfère aux frustrations que l'on trouve naturellement sur son chemin lorsqu'on élève un enfant et qui ne peuvent lui être épargnées que par une indulgence déraisonnable.» (2) «Ne pouvant réprimer en lui la tendance instinctive à occuper la première place, il tyrannise des parents dénués de résistance et se voit obligé d'assumer un rôle de chef, dans lequel il ne se sent pas du tout à l'aise. A défaut d'un supérieur, plus fort que lui, il se trouve sans défense dans un monde qui lui est hostile (…). Quand il essaie d'agacer ses parents pour provoquer de leur part une juste réaction d'indignation et «réclame des claques», il ne reçoit pas la réponse agressive à laquelle il s'attendait inconsciemment, mais se heurte au mur de caoutchouc de beaux discours apaisants et de phrases creuses pseudo-rationnelles.» (3) Alors quoi? Il faudrait maintenant faire tout le contraire de ce que les psychologues nous ont appris depuis trente ans? Pas le moins du monde! Mais il serait souhaitable que les découvertes de la psychologie des profondeurs n'empêchent pas les adultes de garder leur bon sens et d'oser dire «non» de temps en temps. Avec la conviction que c'est nécessaire, et que l'enfant ne va pas en tomber malade pour toute son existence. (1) Louis Millet: L'agressivité (Ed. universit.). (2) Dr Spitz: De la naissance à la parole. (3) Konrad Lorenz: Les huit péchés capitaux de notre civilisation. |
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