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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Il ne mange rien !

…Façon de parler, car l'enfant qui ne «mange rien» est très suffisamment nourri, selon son propre point de vue. Mais son mini-appétit soulève dans son entourage des soucis considérables. Son refus de manger est ressenti de la façon la plus vive, par la mère surtout. Elle a l'impression que l'enfant refuse son amour en refusant sa soupe préparée avec amour. Elle n'en finit pas de chercher de nouvelles méthodes, de nouvelles astuces, tant ce sujet la tracasse.
Nous avons aussi, aux «Entretiens», des mamans qui se sont beaucoup inquiétées pour ce motif, et c'est à la suite d'une discussion de groupe que nous avons essayé d'éclaircir les points essentiels.

Le bébé

Les mères qui se sont fait le plus de souci pour l'appétit de leur bébé finissent toutes par le reconnaître, beaucoup plus tard: les choses se seraient peut-être mieux passées, ou du moins pas plus mal, en restant plus détendue. Cela semble facile à dire. Il est pourtant clair que l'énervement, comme tout incident désagréable, a tendance à se répercuter sur les fonctions digestives.
Encore faut-il être certain, pour se laisser aller à cette enviable tranquillité, que le bébé n'est pas malade. Un contrôle médical le dira. Si le nourrisson a une santé normale et ne maigrit pas, on peut alors se fier à ses instincts à lui. Il sait à coup sûr quelle quantité de nourriture lui est nécessaire. Observez-le: il vous dit à sa façon quelles heures (fixes ou variables) et quels goûts (salé, sucré) lui conviennent le mieux. Qu'il finisse ou non son biberon vous paraîtra un événement de bien minime importance, lorsque vous saurez que vous pouvez faire confiance à son avis.
Les schémas d'alimentation établis pour la moyenne générale des enfants ne sont en effet pas valables pour tous uniformément. Les variantes personnelles sont courantes, de même que les petites manies.

Le sevrage

Le sevrage en particulier donne lieu à des découvertes. Un tel refuse de se laisser sevrer à la date «prescrite» par les manuels d'éducation; il l'acceptera un peu plus tard. Un autre refuse de toucher une cuiller; il y viendra aussi bientôt, si on laisse passer quelques jours entre chaque essai. Un autre tient essentiellement à garder l'un de ses jouets à la main pendant le repas; ou n'accepte qu'une certaine assiette; on joue longuement avec sa purée, trouvant cela plus passionnant que la manger. Une seule réponse convient à tous les cas: patience et souplesse.
L'appétit n'est pas le même chaque jour; la poussée des dents provoque des désagréments passagers; une émotion, un changement d'habitudes, des visites, n'importe quoi causent des variations d'appétit. Il est tout spécialement inutile d'user d'arguments affectifs: flatteries, menaces, pleurnicheries, gros soupirs et mines inquiètes. Ce serait le plus sûr moyen de se préparer des lendemains pénibles. N'est-ce pas un privilège que de manger à sa faim? Cela ne mérite ni récompense ni punition. Aucun légume, aucune sorte de bouillie ne vaut qu'on lui sacrifie ses bonnes relations avec Bébé.
Il se peut que le médecin prescrive un apport de calcium ou de vitamines sous une autre forme, mais les seuls symptômes dignes de nous inquiéter sont un refus soudain et total de manger (même pas une cuillerée), scène accompagnée de cris ou vomissements, ou fièvre, qui indiqueraient un trouble digestif réel. Ou encore, une courbe de poids stationnaire plus de huit jours.
Le Dr William Homan (1) rappelle: N'oubliez pas que vers la fin de sa première année ou au cours de la seconde, l'appétit de votre enfant va considérablement diminuer.

Après deux ans

Fatiguée, énervée, puis excédée, une mère, âgée de 26 ans, a frappé Béatrice, deux ans et demi, qui est tombée. Elle a succombé dans son lit quelques instants plus tard.
La petite refusait de manger.

(Les journaux).

A tout âge, l'enfant qui ne mange pas cause à la mère une réelle souffrance. Comment admettre que les toutes petites rations sont exactement celles qui lui conviennent et lui suffisent?

Les propos du Dr Vermeil (2) devraient être sans cesse en mémoire:

Rappelons que nous sommes placés dans le cas de l'enfant normal: il grandit normalement, il dort normalement, il est actif et gai, bref il est bien portant et pourtant il mange très peu. La seule conclusion logique que nous ayons le droit de tirer de ces constatations est que sa consommation est suffisante, qu'elle est parfaitement adaptée à ses besoins.

Ce médecin précise:

Ce n'est pas parce qu'il mange peu qu'il grandit lentement; mais c'est parce qu'il grandit lentement qu'il mange peu. L'inquiétude familiale est souvent accentuée par l'idée fausse mais très répandue que la croissance de l'enfant peut être, presque à volonté, accélérée ou ralentie en augmentant ou en diminuant son alimentation. Mais la modification du régime alimentaire par l'entourage ne modifiera rien, du moins dans le sens de l'accélération. Pour parvenir à freiner la croissance, il faut des régimes de carence très sévères.

Le cirque

La comédie quotidienne (dont on parvient à rire beaucoup plus tard) reste pourtant le lot de bien des familles. Le «cirque» avec ses éclats de voix, ses supplications, ses «cuillerées pour Papa», ses menaces, ses félicitations disproportionnées pour une bouchée. C'est le cercle vicieux.
Toutes les mères reconnaissent (plus tard) que ces moyens n'ont pas fait changer l'appétit de l'enfant; elles admettent que l'idéal aurait été de rester neutre, de jouer l'indifférence. «Mes deux premiers enfants ont toujours réussi à me faire «chevrer» dans ce domaine. Les deux suivants, nous les avons considérés avec plus de philosophie!»
Comme pour le nourrisson, on s'assure qu'il ne s'agit pas d'un trouble de la santé et dans un premier temps, pour renseigner le médecin, on peut faire discrètement un compte du total de nourriture absorbée en une journée, sans omettre tous les à-côtés (bonbons, verres de lait ou de sirop) avalés entre le repas. Cette addition permet au moins de constater que le petit mangeur ne s'est pas laissé priver de tout, loin de là.
La ligne de conduite adoptée ensuite varie suivant le caractère des parents. Elle est toujours difficile à tenir en une matière si lourde de sentiments et d'habitudes.

La méthode ferme

Si «ne pas manger» est déjà devenu une sorte de jeu cruel, un point d'honneur destiné à mettre à l'épreuve l'entourage, le cercle vicieux ne peut plus être rompu que par une attitude très ferme. Le Dr Guy Vermeil préconise:

- Le repas ne dure pas plus d'une demi-heure;
- Toute assiette pleine est débarrassée sans aucun commentaire;
- Il ne reste strictement plus rien à manger (le frigo a été vidé) jusqu'au repas suivant.
- Plus aucune conversation ne concerne des questions d'appétit.

Le Dr Vermeil garantit des résultats heureux chaque fois que la famille tient bon d'un commun accord, et à condition qu'elle soit prête à supporter la pire épreuve: un enfant de 2 à 4 ans peut aller jusqu'à jeûner pendant cinq jours avant de trouver son nouvel équilibre.
Mais la privation de toute friandise entre les repas lui donne l'occasion d'éprouver une sensation de faim qu'il ne connaissait guère auparavant.

La méthode fantaisiste

Si les choses n'ont pas atteint des extrémités qui rendent nécessaire cette épreuve, les parents peuvent se livrer à toutes sortes de ruses destinées à varier les plaisirs de la table. Mais l'essentiel reste vrai: ni récompenses, ni punitions, ni commentaires sur l'appétit n'apportent de progrès. Le petit mangeur tire facilement une sorte de gloire à dire «Moi je n'ai jamais faim»… en pensant que ce pourrait être un signe de personnalité.
Nous avons glané des idées, appliquées avec plus ou moins de succès. Ce sont des palliatifs qui doivent s'appliquer avec discrétion. Et à une condition: ne pas reprocher ensuite à l'enfant son dédain envers «tout ce qu'on a essayé pour lui faire plaisir»! Plusieurs mères nous ont suggéré:

- Observer très attentivement les heures où leur appétit se réveille un peu, et quel genre d'activité les stimule;
- Observer s'il grignote entre les repas; beaucoup d'enfants préfèrent les rations très modestes mais plus fréquentes, comme il arrive aux personnes très âgées.
- Composer des repas plus amusants, en variant la vaisselle et la présentation. Par exemple pique-niques à la maison, goûter-souper, buffets où chacun choisit ce qu'il veut, ou souper à l'américaine: chacun se sert du plat préparé sur la table et va s'asseoir où bon lui semble.
- Pour donner envie d'un légume à un enfant, ne pas lui en offrir! Comme si les parents seuls y avaient droit.
- La totale liberté peut s'admettre si les parents la supportent de bon coeur: manger n'importe quoi, n'importe quand, n'importe comment, chaud ou froid, liquide ou solide, salé ou sucré… selon le principe: tout plutôt que d'en faire des drames.
- Manger en musique… ou en écoutant une histoire.
- Faire préparer un dîner par l'enfant, avec de la vraie vaisselle ou un service de poupée.
- Essayer du restaurant (un self-service bon marché).
- Servir des petites portions variées sur une assiette à fondue bourguignonne.
- Pour un enfant un peu raisonneur, amateur d'explications scientifiques, composer un tableau diététique montrant à quoi servent les différents aliments.
- Laisser libre accès à un «coin à friandises», salées ou sucrées.

S'il est vrai que tous ces trucs sont valables à divers moments de l'évolution de l'enfant, il n'en est pas moins vrai qu'il faudra choisir une voie et s'y tenir pendant au moins plusieurs semaines: soit la fantaisie, soit la rigueur: le droit de manger entre les repas est absolument incompatible avec la méthode ferme décrite plus haut.


(1) Dans son livre: Guide pratique des parents. Ed. Calmann-Lévy.
(2) Dans son livre: Bon appétit de 1 jour à 20 ans. Signé Ginette Mathior et Guy Vermeil. Ed. Stock. Coll. Laurence Pernoud.









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