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A propos des «jeunes filles au pair»
A la suite de la lettre de Mme Nerfin (1), nous avons interrogé quelques femmes dans le même cas. Voici leurs réflexions:
- J'ai toujours trouvé difficile d'établir un vrai contact avec elles. Il faut dire qu'elles ont souvent reçu une éducation totalement différente de celle que nous donnons à nos enfants. Elles ont été habituées à obéir, à se soumettre, à ne jamais prendre d'initiative. Notre façon d'être les désoriente. Elles comprennent mal ce que nous attendons d'elles.
- Certaines viennent d'un coin de campagne isolé. Elles n'ont jamais vu un tram. Est-ce qu'on pense assez à ce que représente pour elles, à quinze ans, l'adaptation que nous leur demandons?
- Nous en avons eu une qui ne savait pas un mot de français à son arrivée. Elle était si timide qu'elle n'osait pas nous adresser la parole. Le seul être avec lequel elle se hasardait à parler c'était le chat.
- Mon problème principal a toujours été causé par les privilèges dont jouissent nos enfants face aux obligations de la jeune fille. Encore maintenant, je ne me sens pas à l'aise à ce sujet.
- L'attitude de la mère n'a-t-elle pas une énorme importance? Il y a une façon d'associer la jeune fille à la vie de la maison qui fait qu'elle se sent moins à part et que les enfants ne la considèrent pas comme «l'étrangère».
- En dehors des relations de travail, je m'arrange pour avoir des instants de véritable contact. Grâce à ces petits moments privilégiés, nos relations sont meilleures au bout de quelque temps.
- Celles avec qui j'ai eu le plus de peine sont celles qui m'écrivent le
plus fidèlement.
- Mon premier souci quand elles débarquent, c'est de les mettre en relation avec un groupement de jeunes. Une découverte récente, c'est le «gym-jazz», une sorte de gymnastique rythmée avec accompagnement de jazz. Un défoulement salutaire!
- Même si j'étais millionnaire, je ne prendrais personne pour s'occuper de mes enfants. Toute mon enfance, j'ai souffert de ces présences étrangères. Ce n'est pas qu'elles nous aient maltraités le moins du monde (du reste mon frère n'en a pas du tout pâti). Mais, ce que je leur reprochais c'était de me priver du libre accès à ma mère.
Le libre accès à la mère: c'est probablement ce dont la plupart des enfants se croient frustrés pour un oui ou pour un non. A plus forte raison quand vous engagez une jeune fille pour vous seconder. Et d'autant plus que vous utilisez avec elle une langue énigmatique, tout exprès pour les empêcher de comprendre et pour comploter à leur insu
Vos enfants sont encore très jeunes. Ils ont beau être intelligents et d'un naturel charmant, ce n'est pas la logique qui inspire leur comportement. Ils sont à l'âge du «tout ou rien»: ou bien maman m'aime et elle ne s'intéresse qu'à moi, et tout le temps; ou bien elle s'intéresse à autrui, alors elle ne m'aime plus.
C'est à peine si j'exagère. Car, tout au fond du fond, les enfants qui semblent être devenus «raisonnables», n'allez pas croire qu'ils acceptent les partages sans effort.
Partager l'affection, la présence, l'intérêt, c'est un dur apprentissage entre 2 et 6 ans. Peut-être que votre aînée est tout juste sur le point de commencer à accepter que la vie est comme ça. Et qu'il faut essayer de s'y faire! Mais les deux cadets ne sont pas encore aptes aux douloureux renoncements. C'est probablement pour cela qu'ils tentent de récupérer en se faufilant dans votre lit.
Quant à vous, êtes-vous certaine d'accepter cette jeune fille de tout votre coeur?
Hum ! je vous taquine. Ne m'en voulez pas trop. Mais on sent percer dans votre lettre une pointe d'agacement. Vous avez besoin de cette aide, mais vous la préféreriez autre. Il faudrait qu'elle vous seconde, mais sans vous compliquer la vie. Vous l'aimeriez plus chaleureuse, mais sans que le contact avec elle ne vous encombre. S'il y a des heures où elle vous est utile, il y en a d'autres où vous l'enverriez bien à cent mille lieues
Vous la considérez un peu comme un mal nécessaire. Vous êtes constamment partagée, craignant qu'elle ne parte si vous avez des remarques négatives à lui faire, souhaitant ne plus l'avoir sous les yeux quand elle agit tout autrement que vous le voulez.
Tout ça est très humain, mais cela ne facilite pas l'harmonie générale de la maison. Vos enfants sentent votre ambivalence et cherchent peut-être à l'exploiter.
Oui, vous avez raison! «Il n'est pas facile d'être deux pour s'occuper des enfants.»
A moins que
A moins que les rôles, les tâches et les responsabilités soient clairement définis au départ, acceptés sans arrière-pensée par les deux parties et soulignés à nouveau quand cela s'avère nécessaire.
Cela demande deux minutes pour l'écrire. Il faut davantage de temps pour mettre la chose en pratique et beaucoup de patience
sans compter quelques grammes d'indulgence.
(1) Voir numéro de mai 1975.
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