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Nous avons aimé… La Lionne assise

Denise Dubois-Jallais
Ed. Stock
Collect. «Elles-mêmes» 190 pages. Fr. 28.

Elle était une attachée de presse brillante. Elle éclipsait les jeunes filles et les jeunes femmes. Ou elle les captivait. Elle avait tous les hommes à ses pieds. Elle dominait le monde du haut de son mètre soixante-dix en jouant avec sa chevelure flamboyante de lionne rousse.
Et puis, c'est l'accident de voiture. Jamais plus elle ne marchera. Condamnée à vivre assise jusqu'à la fin.
Accepter? Se résigner? S'adapter? Elle ignore ce que ces mots signifient. Sa spécialité, c'est de foncer à 200 à l'heure.
Alors? Elle commence par se révolter. Elle s'indigne, se maudit. Mais sans jamais détourner les yeux de la réalité.
Impitoyable avec elle-même, courageuse, elle fonce. Mais assise.
Dans ses dialogues avec la journaliste qui vient la voir tous les samedis pendant une année, on assiste à son évolution. Le récit ne rappelle en rien une vie de sainte. C'est le cri déchirant d'une femme à qui tout réussissait et qui se voit contrainte de repartir à zéro.

«Un jour, j'ai voulu aller à une collection de Courrèges. En reine. J'ai mis mon costume blanc à col Mao et j'ai posé sur mes genoux mon manteau doublé de mouton blanc. J'étais allée chez le coiffeur. J'avais passé une heure à me maquiller. Je me sentais comme soulevée par l'exaltation. Chacun de ces préparatifs, sans histoire pour les autres femmes, c'était comme des batailles démesurées pour moi, mais justement, c'est cela qui m'exaltait. Alors me voilà. Il y a des marches, des dénivellations. Mon fils Thierry, celui qui a dix-neuf ans, pousse mon fauteuil. On m'installe comme une reine, bien au milieu. Tout le monde me regarde. Je fais un petit signe à une de mes collègues qui répond timidement comme étonnée. Rentrée à la maison, je reçois un coup de téléphone de la dite collègue. «Pardon, je ne vous ai pas reconnue. Non seulement je ne savais pas que vous aviez eu un accident mais j'ai cru que c'était une de ces stars américaines venues se commander un vison.» J'ai bien aimé cette image de moi, car l'idée d'être une handicapée, une infirme classée comme ça pour tout le temps, pas «femme accidentée» mais «infirme» sans sexe, à part, cette idée me révulse, me répugne, m'épouvante.
Et pourtant, qu'est-ce que je suis? A Garches, je suis restée un jour de 8 heures à 11 heures, baignant dans mon caca. Qu'est-ce que vous croyez? Etre paralysée, cela veut dire tout ça. L'humiliation, la colère, la révolte de cette matinée. Je ne peux pas l'oublier. Car c'est à ce moment-là que je me suis jurée: «Plus jamais, plus jamais. Ma vieille, tu vas te rééduquer en vitesse.» Maintenant, je me lève et je descends de mon lit, je me discipline tous les matins. Je sais les gestes qu'il faut. Je sais qu'il faut aider cette carcasse à vivre. Sans orgueil. Sans fausse pudeur, sans dégoût. Je le fais. Et la vessie? Qu'est-ce que c'est une vessie de paralysée? Vous croyez peut-être que toutes les trois heures je peux alerter mes collègues de bureau pour m'emmener aux toilettes? Que je pourrais supporter les «accidents» comme un pauvre vieux bébé? Porter des couches peut-être? Alors, oui, tant que ma vessie voudra bien le supporter, je garderai une sonde. En permanence. Oui, la lionne se promène bien coiffée, bien fardée avec une sonde et une poche en plastique à 1 fr. 80, que je vide quand je la vois pleine. Que j'enveloppe dans un petit sac de coton bien blanc. C'est tout juste si je ne le brode pas à mes initiales. Il faut tout revoir, n'est-ce pas?…»









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