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Il faut. Cela ne se peut pas
Dès que les enfants sont capables de comprendre ce qu'on leur demande, c'est par l'autorité qu'il faut les conduire. La bonne éducation des enfants repose en entier sur leur obéissance; c'est une erreur de vouloir s'adresser à d'autres sentiments, car aucun n'est plus à leur portée et plus conforme à leur nature. Ne pensez jamais que votre enfant est trop jeune pour obéir; vous pouvez et vous devez lui enseigner l'obéissance dès son âge le plus tendre.
Certains parents trouvent toujours quelque excuse pour permettre à leur enfant de faire ses caprices: un jour on le trouve trop jeune, une autre fois on le trouve trop malade, puis on est étonné, au bout de quelque temps, d'avoir un enfant volontaire et capricieux. L'obéissance doit être enseignée le plus tôt possible alors que l'enfant est complètement sous la dépendance de sa mère et ne peut rien sans elle. C'est compliquer l'éducation que s'adresser à d'autres sentiments qu'à l'obéissance.
Ne permettez jamais à l'enfant de discuter votre volonté. Les discussions ne peuvent avoir quelque valeur qu'entre gens raisonnables; or, la raison jusqu'à l'âge de six ou sept ans, ne peut habiter la tête les enfants. Vous ferez sans doute bien, quelquefois, dans le but de les instruire, de leur expliquer les motifs qui vous guident, mais l'autorité doit toujours rester par elle-même suffisante pour obtenir une obéissance immédiate, que l'enfant comprenne ou ne comprenne pas les motifs qui vous font agir. Ne diriger les enfants que par le raisonnement est chose impossible, car, dans la plupart des cas, ils sont si peu capables de comprendre l'utilité de l'ordre qu'ils reçoivent, et leurs désirs sont parfois en telle opposition avec leur devoir, que tous les efforts qu'on peut faire pour les convaincre restent inutiles.
Toute l'éducation des enfants peut se faire par l'application raisonnable des deux termes: «Il le faut» et «cela ne se peut pas. ». Quelque simples qu'ils soient, ils sont en toute circonstance suffisants pour déraciner les mauvais penchants et faire sortir les bonnes qualités, ce qui est le but de toute bonne éducation. Pour cela, pas de fausse tendresse, pas de faiblesse mal entendue, car il s'agit de l'avenir de l'enfant, de son bonheur.
L'enfant habitué à obéir, obéit sans difficulté et sans chagrin, c'est pour lui une chose toute naturelle. L'enfant habitué à obéir est un enfant heureux; il ne pleure jamais pour qu'on fasse ses fantaisies. Tout autre est l'enfant gâté, désobéissant. Accoutumé à voir tout plier à sa volonté, à ses caprices, à ses colères, ses fantaisies augmentent sans cesse et il éprouve du chagrin véritable quand, par hasard, sa mère se trouve dans l'impossibilité de le satisfaire. Les enfants gâtés, désobéissants, mal élevés pleurent à tout instant; ils sont malheureux et finissent par se rendre insupportables à tous ceux qui les approchent.
L'enfant qui n'est pas habitué à obéir quand il est bien portant, obéit encore moins quand il est malade. De là un danger réel pour sa santé et quelquefois même pour sa vie. Qui n'a vu un enfant refuser obstinément une médecine et la mère user de tous les moyens imaginables pour la lui faire prendre. Qu'arrivera-t-il dans ces cas? La maman est obligée de mettre la potion de côté ou bien d'avoir recours à la force pour l'ingurgiter malgré tout dans la gorge de l'enfant et vaincre son opiniâtreté désolante. Si le petit rebelle est déjà pourvu d'une certaine vigueur, la lutte peut être violente, ce qui est pénible et n'est pas toujours prudent. D'un autre côté, si la mère cède devant la volonté de son enfant et ne réussit pas, de gré ou de force, à lui faire prendre les médicaments, il arrive souvent qu'elle n'ose pas avouer sa faiblesse au médecin, et que la maladie s' aggrave. Alors, lorsqu'elle apprend que son enfant va mourir, elle regrette son manque d'énergie, elle se désole et finit par confesser au médecin qu'elle n'a pas donné les remèdes qu'il a prescrits; mais il est trop tard, l'enfant meurt et cette pauvre mère reste avec le remords d'avoir perdu son enfant faute de ne lui avoir pas appris à obéir. Des faits analogues sont loin d'être rares; tous les médecins peuvent en citer de nombreux exemples.
Voilà ce que produisent la tendresse aveugle et la faiblesse de beaucoup de mères. Si au lieu de faire appel à la raison de ses enfants, la mère les habituait dès le début à reconnaître son autorité et à s'y plier, ces résistances déplorables et ces regrets seraient évités.
Mais s'il est important que l'obéissance soit complète, il est nécessaire aussi que l'autorité soit raisonnable et ne soit mise qu'au service d'idées saines et justes: ce serait détruire son action bienfaisante que de s'en servir d'une manière arbitraire et capricieuse. Les enfants traités sans bonté ne peuvent pas devenir bons. L'autorité doit être en outre, exempte d'impatience et de rudesse, car sans cela, elle serait peut-être encore plus pernicieuse que la faiblesse de certaines mères. Il ne s'agit pas, en effet, d'anéantir la volonté de l'enfant, car ce ne serait plus de l'autorité raisonnable, ce serait du despotisme, de la tyrannie qui ferait de l'enfant un esclave tremblant sous la main du maître et lui avilirait le caractère. Aussi est-il de la plus haute importance que toutes les défenses, tous les ordres aient en vue l'intérêt de l'enfant et soient inspirés par un jugement raisonné.
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