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Nous avons aimé… Mary Barnes, un voyage à travers la folie

M. Barnes et J. Berke
Ed. du Seuil
399 pages. Fr. 28.80

Le voyage à travers la folie, c'est l'histoire du traitement par les méthodes préconisées par l'antipsychiatre de Mary, jeune infirmière qui vers la quarantaine ressent les premiers symptômes de la schizophrénie.
Mary souffre très profondément. Elle voit lucidement son état et cherche une issue.
Après plusieurs tentatives de traitement, avec des espoirs et des rechutes cruelles, elle entre à Kingsley Hall, communauté thérapeutique où médecins et malades partagent la vie quotidienne, tels éducateurs et enfants dans une institution. Elle y restera cinq ans, pendant lesquels les conditions de vie de cet établissement lui permettront de régresser aux stades les plus primitifs de la vie affective. La peinture sera pour elle un moyen d'expression, de communication qui jouera un rôle prépondérant dans sa guérison. Car en effet, Mary guérit au travers d'expériences dures, usantes, que le lecteur pourrait avoir parfois quelque peine à supporter.
Ce qui donne à ce récit une anthenticité poignante et passionnante, c'est qu'il est écrit alternativement par Mary Barnes, la patiente et par Joseph Berke, son psychothérapeute.
Voici deux extraits qui mettent en évidence l'originalité du traitement, les attitudes des médecins et la nature des engagements de toute la communauté:

«Par la suite, on m'expliqua que depuis son arrivée à Kingsley Hall, Mary avait très peu mangé et que pendant plusieurs semaines elle avait refusé toute nourriture, même les biberons de lait chaud que les habitants de la maison avaient essayé de lui donner sur sa demande. Mary voulait descendre au plus profond d'elle-même, retourner au stade prénatal, à l'état de foetus. Elle voulait aussi que toute la communauté l'aide à y parvenir. Elle suggéra qu'on la nourrisse par une sonde dans l'estomac et qu'on lui place également une sonde dans la vessie et le rectum pour l'évacuation de ses excréments liquides et solides.
Pendant plusieurs jours, cette question fut l'objet de controverses et tout le monde suppliait Mary, la cajolait, pour qu'elle boive un peu de lait, ou au moins de l'eau. Nous craignions tous pour sa vie, sauf elle.
Après une discussion particulièrement longue et houleuse, nous décidâmes qu'il ne fallait pas se conformer aux exigences de Mary.
Ronnie se chargea de faire part à Mary de la situation, de la manière la plus directe et la plus claire possible. Il ne se contenta pas de lui dire: «Mary, nous avons décidé que, pour ton bien, il valait mieux ne pas te nourrir à la sonde.» Il lui expliqua plutôt que ni lui, ni moi, ni les autres n'avions les moyens de la nourrir à la sonde. Toutefois, cela ne signifiait pas que sa démarche fût inutile. Si elle y tenait vraiment, nous essaierions de trouver un hôpital où elle puisse être alimentée de cette façon. Mais à première vue, aucun de nous ne connaissait un établissement où cela fût possible. En attendant, nous ne voulions pas qu'elle meure de malnutrition. Aussi, si elle désirait rester à Kingsley Hall, il fallait qu'elle se mette à manger.
En face de cet ultimatum, Mary pleura et discuta avec toute l'habileté qu'elle possédait encore. Pourquoi la punissait-on? Pourquoi Ronnie agissait-il contre lui-même?, etc. En même temps, elle réfléchit à ce qu'on lui demandait. Une fois convaincue que nous n'essayions pas de l'empêcher de «descendre» ni de la punir, elle céda. Ce soir-là, je lui donnai à boire un biberon entier de lait chaud.»

«Le fait de se cramponner à un comportement de médecin exprimait l'angoisse intense d'être considéré comme «cinglé» ou «schizophrène» par les membres de la communauté ou par les visiteurs. Tous les autres psychiatres de la communauté éprouvaient ce même problème. Quant à Mary, en se cramponnant à l'idée qu'elle était une patiente, elle exprimait également une angoisse: elle avait peur que sans ça, on ne s'occupe pas d'elle.
Je crois que c'est l'angoisse d'être pris pour un «malade mental» qui explique pourquoi le personnel, dans la plupart des hôpitaux psychiatriques, se conforme rigoureusement à une tenue vestimentaire et un comportement ne s'écartant pas des normes et résiste aux tentatives de désinstitutionalisation de la relation malade-soignant. Il est très amusant de voir ce genre de personne visiter Kingsley Hall.
Dès qu'ils remarquaient que la plupart des habitants de la maison s'habillaient et parlaient de la même manière, on pouvait sentir leur angoisse atteindre des hauteurs record tandis qu'ils s'efforçaient de distinguer les patients des soignants. Neuf fois sur dix, leurs conclusions étaient complètement fausses. Je ne sais combien de fois on pensa que Mary était l'infirmière-major et on prit des «psychiatres» pour des «schizophrènes», s'adressant à eux comme s'ils l'étaient. Quel embarras reflétait le visage du visiteur quand on lui apprenait que le «pauvre fou» avec qui il avait bavardé n'était autre que le Dr Laing, le Dr Berke ou le Dr Redler.»









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