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Nous avons aimé… La Belle Indienne

Josane Duranteau
Ed. Stock,
200 pages. Fr. 28.

Je suis peu porté sur le roman, à moins qu'il ne se situe au niveau de «La Peste» d'Albert Camus ou du «Désert des Tartares» de Dino Buzzati. Aussi, lorsqu'une grande liseuse d'oeuvres romanesques m'a recommandé «La Belle Indienne» de Josane Duranteau, ai-je ouvert le livre sans élan, avec réserve. Puis, les deux ou trois premières pages parcourues, j'ai lu d'un trait cette captivante chronique familiale, dont chaque personnage est si vivant, si intensément présent, grâce à la sensibilité et à l'intelligence de l'auteur, à son sens de l'humain et de l'humour, à son style fait de sobriété, de force, de netteté.
L'éducation rigoriste reçue par Charlotte, l'une des cinq enfants de Marguerite, l'institutrice autoritaire, au col roide, à la morale puritaine, au caractère intransigeant ne l'a guère préparée à vivre à Paris:

«De Charlotte, on recevait des lettres longues et détaillées, dont le style avait été, de toute évidence, très soigneusement étudié. Charlotte était répétitrice dans un lycée de jeunes filles, près de Paris. Elle n'était guère plus âgée que ses plus grandes élèves: mais elle ne leur ressemblait pas. Ces jeunes filles menaient une vie tout à fait extraordinaire. Elles changeaient de robes très souvent, elles jouaient au tennis, elles fumaient des cigarettes, certaines avaient fait couper leur cheveux. Charlotte ne pouvait écrire, car elle eût manqué de respect à sa mère, que plusieurs d'entre elles sortaient en automobile avec des jeunes gens (peut-être leurs fiancés?). L'un de ces jeunes gens, accompagnant jusqu'à la porte du lycée la plus jolie des élèves de philo, avait même embrassé dans le cou la jeune fille au moment de la quitter. Charlotte avait par hasard surpris ce baiser, qui l'avait très profondément troublée, au point qu'elle rougissait en y pensant, et rougissait encore plus d'y penser. Ce baiser n'avait pourtant pas paru troubler celle qui l'avait reçu. Charlotte l'avait vue toute riante, se dégager doucement, sans gifler l'audacieux. Sans doute cette grande élève appartenait-elle à une famille de moeurs très dissolues: des bohèmes, peut-être, ou des rastaquouères venus on ne
sait d'où? Charlotte était reconnaissante à sa mère de lui avoir donné une éducation rigoureuse. Pour rien au monde elle n'eût envié ces filles qui ne savaient pas se tenir, et se faisaient remarquer…
Paris lui paraissait comme un vaste traquenard, regorgeant d'apaches en casquettes et espadrilles, avec, aux joues, des pattes extrêmement patibulaires. Sa terreur était de se trouver abordée par l'un d'eux. Un passant lui avait dit un jour qu'elle avait de beaux yeux, et elle s'était mise à courir comme une folle.
La compagne qu'elle s'était trouvée à la Sorbonne partageait les mêmes angoisses. Elles se sentaient plus de courage à deux. Mlle Lelièvre avait au moins, elle, la chance d'être fort plate. On ne louchait pas sur sa poitrine comme sur celle, trop forte, de la pauvre Charlotte, qui se sanglait cruellement pour contenir ses seins dont elle avait honte.
Les deux jeunes filles allèrent ensemble, quelquefois, à la Comédie Française (en matinée, bien entendu). Une fois, le voisin de Charlotte leur offrit des bonbons. Sans hésiter, elles refusèrent en choeur. Mais à la sortie de théâtre, une averse d'été, violente, venait d'éclater, et l'inconnu, souriant, leur proposa de les abriter sous son parapluie jusqu'à leur autobus, ou bien, ajouta-t-il, jusqu'à la plus proche pâtisserie, pour parler du spectacle en goûtant.
Depuis ce jour, Charlotte ne fit plus un pas sans emporter son parapluie, en toute saison et par tout temps.»

Comme moi, vous aurez hâte de lire puis relire «La Belle Indienne», une oeuvre admirable, dont vous avez compris qu'elle n'est pas, comme son titre pourrait le laisser entendre, l'évocation d'une beauté exotique.









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